20, avenue Rachel. Quatrième et dernier volet de l'exploration du cimetière Montmartre.
Division 30.
Première tombe de cette division dans l'ordre alphabétique, celle de André-Marie Ampère (1775-1836) et son fils Jean-Jacques Ampère (1800-1864). Le père fut un grand physicien et le fils moins connu, un historien et académicien. Les médaillons sur la stèle sont de Charles Gumery (1827-1871) à qui on doit entre autres les statues du square Emile Chautemps (voir ici).
Un autre grand nom, Henri Beyle, alias Stendhal (1783-1842) immense écrivain. Il fut aussi officier de Napoléon Ier et consul de France. Le médaillon sur la stèle est dû à David d'Angers. L'épitaphe en italien dit : Arrigo Beyle, milanese, scrisse, amo, visse (Henri Beyle, Milanais, il écrivit, il aima, il vécut).
Un autre homme de lettres ou plus exactement dessinateur satirique, anarchiste et provocateur, Maurice Sinet dit Siné (1928-2016). Il collabora à Charlie Hebdo avant de fonder son propre magazine Siné Hebdo. Sa tombe est une oeuvre de Patrick Chappet (1962-2017). C'est Siné lui-même qui fit réaliser cette sculpture assortie de la devise : "mourir, plutôt crever". Il est superflu de décrire le geste éloquent fait par ce cactus. Avec Siné, est enterrée sa compagne Anik Sinet disparue le même jour que lui et André Clergeat, critique, amateur de jazz, journaliste et écrivain sur un sujet : le jazz.
Une tombe peu spectaculaire, est celle de Jean-Daniel Cadinot (1944-2008), photographe et réalisateur de films pornographiques gays.
Autre cinéaste, aux oeuvres plus conventionnelles et certainement plus importantes : Henri-Georges Clouzot (1907-1977). Réalisateur du "Corbeau", des "Diaboliques", de "l'Assassin habite au 21", etc. Il est enterré aux côtés de sa première épouse Véra Clouzot (1913-1960) et d'Inès Clouzot (1925-2011) sa deuxième épouse.
Division 31
Le monument funéraire de la famille Cavaignac présente un gisant spectaculaire. Sur le socle figure l'inscription, à Godefroy Cavaignac. Or, c'est toute une dynastie qui est représentée ici. Tout d'abord, Jean-Baptiste Cavaignac (1763-1829) qui ne repose pas sous cette pierre pour la bonne raison qu'il est mort à Bruxelles en exil. ses fils Godefroy Cavaignac (1801-1845) politique républicain sous la monarchie de Juillet et son frère Louis-Eugène Cavaignac (1802-1857) général et candidat malheureux aux élections présidentielles de 1848. Son fils Jacques Cavaignac (1853-1905) ministre et antidreyfusard, et le fils de ce dernier Eugène Cavaignac (1876-1969) historien. Le gisant est supposé être de François Rude (1784-1855).
Tout près, une féministe de la première heure, Maria Deraismes (1828-1894), co-créatrice de la Société pour la Revendication des Droits des Femmes et de la Grande Loge Symbolique Écossaise, directrice du journal "le républicain de Seine-et-Oise". Le médaillon qui orne sa tombe est de Daniel Dupuis (1849-1899).
Il y a aussi ce monument très impressionnant : la sépulture Delamare-Bichsel. Ce mausolée de granit rose est d'un style art-nouveau qui n'aurait pas digéré complètement celui datant de Napoléon III. S'il est imposant, il n'abrite aucune personnalité connue. L'architecte serait Félix Boiret et daterait de 1902 (il faut noter que cette sépulture rappelle étrangement celle de la famille Bouglione à Lizy-sur-Ourcq, lieu de sépulture du monde circassien).
Plus connue surtout grâce à Henri de Toulouse-Lautrec, la tombe voisine est celle de Louise Weber célèbre sous le pseudonyme de La Goulue (1866-1929). Cette danseuse eut son heure de gloire au Moulin Rouge, avant de monter des spectacles de cirque puis de tomber dans la misère.
Une tombe élégante en marbre blanc est celle de Henri Daydé (1847-1924) ingénieur dont la société participa à la construction de Grand Palais et du pont Bir-Hakeim. Son épouse Pauline (1865-1936) repose avec lui.
Beaucoup plus voyante, la tombe de Francis Lopez (1916-1995) compositeur de multiples opérettes chantées par Luis Mariano ou Georges Guéthary. Deux fois veuf, trois fois marié, sa deuxième épouse Anja repose avec lui. Le monument est dû à Ettore Cedraschi (1909-1996).
Avant de mettre fin à cette promenade dans le cimetière de Montmartre, une dernière photo pour montrer ce tronc mis à la disposition des visiteurs et destiné aux pauvres parisiens. Il en existe dans tous les cimetières parisiens. Font-ils encore recette?
P.S.: on ne peut refermer cet article sans présenter une profession de foi tout à fait intéressante.
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