mercredi 30 novembre 2016

EGLISE NOTRE-DAME DE BONNE-NOUVELLE- PARIS IIème arrondissement.

Cette église dont l'adresse est rue de la Lune, fait le coin avec la rue de Bonne Nouvelle. Elle est bordée à l'arrière par la rue Beauregard.
Construite entre 1823 et 1830, elle a été conçue par l'architecte Etienne-Hippolyte Godde (1781-1869). Elle est la troisième construite à cet emplacement.
Au Moyen-âge, passait à cet endroit l'enceinte de Charles V. Le long de ce mur furent entassés des gravats et des déchets variés qui formèrent une butte sur laquelle s'installèrent des moulins à vent. Ce quartier fut appelé Ville-Neuve-sur-Gravois et on le dota d'une chapelle.
Elle fut construite au XVIe siècle et portait déjà son nom actuel en souvenir de l'Annonciation. Plus tard, en 1591, comme Henri IV assiégeait Paris, la Ligue, pour faciliter la défense, démolit la chapelle en même temps que les moulins qui l'entouraient.
En 1624, Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII, posa la première pierre d'un nouveau bâtiment. Elle y vint de nombreuses fois pour prier en vue de mettre fin à sa stérilité. En 1823, l'édifice ayant subi de nombreux dommages durant la révolution, on le démolit en n'en conservant que le clocher.



L'architecte Godde conçut la nouvelle église dans le style néo-classique avec en façade, un péristyle surmonté d'un fronton triangulaire.






 L'intérieur est composé d'une nef centrale sans transept et se terminant en cul-de-four. Elle est flanquée de deux bas-côtés se terminant de la même manière.




La chapelle de la Vierge qui termine un des bas-côtés est ornée d'une belle statue en bois (Ecole française du XVIIIe siècle) et les murs portent des peintures de saints par Auguste Hesse (1795-1869).
               


Autres oeuvres dignes d'intérêt, un groupe sculpté représentant l'Annonciation et une statue de Saint Jérôme en albâtre. On en ignore les auteurs








 Le baptistaire de cette église est particulier puisqu'il est prévu pour les baptêmes par immersion. Contenu dans un octogone, il présente une croix dont les espaces entre les branches sont ornés de mosaïques représentant les quatre évangélistes. On descend dans la piscine par sept  marches représentant les 7 péchés capitaux que l'on rejette par le baptême.

En face de l'église se trouve un tout petit espace vert appelé square Jacques-Bidaut (1895-1944). Cette personne était un secrétaire général de la mairie du IIe arrondissement qui fut déporté en 1943 pour faits de résistance.


samedi 8 octobre 2016

PORTE SAINT-DENIS - PARIS - IIème et Xème arrondissements.

Parmi les arcs de triomphe que compte Paris, la Porte Saint-Denis en est sans doute le plus ancien. Construite en 1672, elle commémore les victoires de Louis XIV lors de la Guerre de Hollande.
Elle fut commandée par le roi et c'est l'architecte François Blondel (1618-1686) qui fut chargé de la construire.
Elle remplaça une autre porte située à environ 50 mètres plus au sud et qui se trouvait sur l'enceinte de Charles V.
Louis XIV se souvenant de la période de la Fronde voulait que Paris ne soit plus défendu par une enceinte fortifiée. Il voulut aussi agrandir la ville en traçant de nouvelles limites. On détruisit les anciennes fortifications et on perça donc un nouveau boulevard planté d'ormes qui fut appelé "Nouveau-Cours" et qui correspond aux Grands Boulevards actuels. C'est sur ce "Nouveau Cours" au croisement avec la route qui menait à la Basilique Saint-Denis qu'on installa l'arc de triomphe. Un autre fut construit deux ans plus tard au croisement avec la rue Saint Martin.




En 1672, poussé par Louvois, ministre de la Guerre, Louis XIV entre en guerre contre les Provinces-Unies (sensiblement les actuels Pays-Bas). Il franchit rapidement le Rhin à Tholuis et prend Utrecht. Il s'ensuit une guerre de six ans qui permit à la France de devenir la première puissance en Europe en confisquant la Franche-Comté à l'Espagne et en récupérant plusieurs enclaves dans le nord du pays. En revanche, la réputation de Louis XIV fut lourdement assombrie par les pillages et massacres qui eurent lieu lors des prises de villes.
 Les sculptures qui ornent la porte sont de Michel Anguier (1612-1686).


Aux frontons, figurent des bas-reliefs représentant côté sud le Passage du Rhin et côté nord la prise de Maastricht (qui n'eut lieu qu'en 1673).



Les pyramides qui ornent les parties latérales sont chargées de trophées guerriers avec sur la face sud, des statues d'une part de la Hollande désespérée et de l'autre du Rhin vaincu. La face nord quant à elle ne comporte que des ornements militaires.
                      
Le dessous de la voûte est décoré de fleurons et d'un mascaron central rappelant le surnom du Roi Soleil.
La gloire royale est par ailleurs fièrement affirmée sur des plaques de marbre apposées en bas des jambages de la porte.

Sur le haut de la porte est apposée le nom du roi en latin et en lettres dorées : Ludovico Magno (Louis le Grand). On raconte que Napoléon Ier lors de son règne aurait fait dédorer ces lettres afin qu'elles soient moins clinquantes (la concurrence n'est supportable que dans une certaine limite).
Depuis la rue de la Lune, on découvre  un point de vue sur la Porte Saint-Denis qui lui donne un aspect moins ostentatoire.

mardi 6 septembre 2016

PLACE CHARLES DULLIN - PARIS XVIIIème arrondissement.

Au pied de Montmartre, mais épargné par le tumulte de la Place du Tertre ou de la terrasse du Sacré-Coeur, la place Charles Dullin est un lieu de calme et de tranquillité.
C'est un quadrilatère ombragé au fond duquel se trouve le Théâtre de l'Atelier.
Ce théâtre a une histoire curieuse: 
A la Restauration (1815-1830), Louis XVIII était désireux de retrouver les restes de son frère Louis XVI et de Marie-Antoinette. Comment faire pour identifier leurs dépouilles au milieu d'environ mille huit-cents corps jetés dans la fosse commune du cimetière de La Madeleine? Pierre-Jacques Seveste (1773-1825) comédien-danseur, dont le grand-père avait été fossoyeur en ce lieu, permit d'indiquer où se trouvaient les ossements du roi et de la reine déchus. En récompense, Louis XVIII accorda en 1817, à Seveste le privilège de construire et d'exploiter les théâtres se trouvant hors les murs de Paris. Il s'agissait, évidemment à l'époque du mur des Fermiers Généraux avant que les villages autour de Paris ne soient annexés (1860).  Il en édifia ainsi deux, à Montparnasse et à Montmartre. Lui n'en profita pas longtemps, mais ses deux fils héritèrent de cette sinécure et accumulèrent une jolie fortune, grâce à la création d'autres salles à Belleville, à Grenelle et aux Batignolles. Ils conservèrent le privilège jusqu'à leur mort (1854).
Un siècle plus tard, en 1922, Charles Dullin (1885-1949) prit la direction du Théâtre de Montmartre et le  renomma Théâtre de l'Atelier. Plus tard, Jean-Louis Barrault y fit ses débuts en 1930.

La place est entourée d'immeubles dont certains présentent un véritable intérêt. Ainsi, celui qui fait le coin de la rue d'Orsel et de la rue des Trois-Frères est construit dans le style néo-renaissance. Son balcon ouvragé et sa fenêtre en arrondi sont particulièrement remarquables.
      





De l'autre côté de la place, se trouve un autre immeuble de taille plus modeste mais finement orné de sculptures de fleurs dans la tradition de l'art-nouveau. Il faut aussi remarquer les ferronneries avec leur décor de chardons. Ce bâtiment est dû à un architecte assez peu connu, A.J.Mullhaupt et date de 1907.
             




Un peu plus loin sur le même trottoir un immeuble à l'aspect plus classique abrite une boutique qui présente une vitrine de bric-à-brac. Cette devanture, le Ciclop, est en fait, un atelier d'écriture qui accueille les personnes qui veulent perfectionner leur expression écrite.





Cette partie de la place Charles Dullin se termine en cul-de-sac où s'est installé un autre théâtre. L'Atalante est une salle de spectacle expérimental. Son histoire est liée à celle de son voisin. André Barsacq qui avait succédé à Charles Dullin à la tête de l'Atelier, exerça son mandat jusqu'à son décès en 1973. A sa suite, des membres de sa famille, Alain Barsacq et Agathe Alexis récupérèrent une aile souterraine du théâtre et en firent une nouvelle salle.





Malheureusement, le calme relatif n'évite pas la circulation automobile ou des deux-roues et le stationnement envahissant qui va avec.


jeudi 1 septembre 2016

CHÂTEAUNEUF-EN-AUXOIS - CÔTE-D'OR.

Ceux qui ont eu l'occasion de traverser la Côte-d'or par l'autoroute A6 n'ont pu le manquer.
Le village de Châteauneuf domine le paysage et attire le regard par sa situation élevée.

Il doit son nom au château fort qui y a été construit à partir du XIIe siècle. Le village autour du château ne possède que 85 habitants, mais recèle de nombreux vestiges anciens.
Le donjon est la partie la plus ancienne du château et date de 1175.
Dans les années 1440, Catherine de Chateauneuf, dernière héritière du domaine se retrouve seule survivante de sa famille après le passage de la peste. Elle décide de se remarier avec Jacques d'Haussonville un seigneur Champenois. L'union est désastreuse au point que l'encore jeune Catherine prend un amant et décide de se débarrasser de son odieux mari. Elle fait confectionner un gâteau saupoudré de "poudre de caverne", c'est-à-dire d'arsenic. Et le mari meurt dans d'atroces souffrances; malheureusement pour Catherine, une servante gourmande a aussi goûté au gâteau, et meurt. Une enquête découvre qui est derrière ces événements, et la malheureuse empoisonneuse est condamnée au bûcher comme sorcière en 1456. 
Le domaine revint au duc de Bourgogne, Philippe le Bon qui le donna à son conseiller Philippe Pot en 1460.Celui-ci agrandit le château qui passa ensuite à d'autres propriétaires prestigieux comme les Montmorency ou les Vogüe qui le donnèrent à l'Etat en 1936.
      
              





Les rues du village sont bordées par des maisons anciennes dont certaines possèdent de belles portes ornées de sculptures.
              


                      

L'église Saint-Jacques et Saint-Philippe date du XVe siècle. Elle possède un clocher à lanternon et son porche en accolade était autrefois surmonté de deux statues dont il ne reste que les supports. Ceux-ci sont ornés de bas-reliefs représentant les attributs de la crucifixion (tenaille, marteau, couronne d'épines et clous).
              


 A l'intérieur, on peut y découvrir plusieurs très belles statues comme ces deux saints encadrants l'entrée du choeur. A leurs pieds, leur piédestal porte les armes de Lord Camel, châtelain de Chevigny-saint-Sauveur. En 1872, pour faire des réparations sur l'église, on vendit ces statues à cette personne qui 41 ans plus tard, s'apercevant d'où venaient les statues, les restitua gratuitement.




Egalement, disposées dans la chapelle Saint Joseph, une statue (auteur inconnu) appelée la Vierge à l'oiseau et une autre de Saint Jean-Baptiste de Guillaume (ou Antoine) Le Moiturier (1425-ap.1497).
             


A l'extérieur de l'église on peut voir la tombe du général Jacques Blondeau (1766-1841) baron d'Empire, qui fut décoré à la fois par Napoléon Ier et par Louis XVIII. Une croix a aussi été érigée par Madame Clere Marotte en mémoire de son mari Jean Blondeau (1758-1816?) notaire, sans doute un parent du général.
                    






Dominant la campagne environnante, une terrasse a été aménagée. On y trouve une grande croix de mission encadrée par deux tilleuls séculaires.







En passant la porte nord, et en poursuivant son chemin vers la forêt, on peut faire des rencontres étonnantes, comme ces tilleuls vénérables et presque quadricentenaires puisqu'ils datent de 1627.
 




En continuant la promenade, on découvre une chapelle au milieu des bois. C'est la chapelle Notre Dame du Chêne, ainsi nommée car on a découvert à proximité une statuette de la Vierge cachée dans un tronc de cet arbre. Cette chapelle a été construite en 1746 et fut restaurée par Arthur de Vogüe en 1894.
       




 Outre tous ces intéressants ouvrages, il faut citer aussi des lavoirs et un pittoresque vieil abreuvoir dont le bassin est recouvert de lentilles d'eau.




Du haut de ce village, le panorama est impressionnant.