lundi 28 décembre 2015

LE PALAIS ABBATIAL DE SAINT-GERMAIN-DES-PRES - PARIS - VIème arrondissement.

5-7, rue de l'Abbaye. Paris 6ème.
Le cardinal Charles Ier de Bourbon(1523-1590), frère d'Antoine de Bourbon et par conséquent oncle du futur Henri IV, fut nommé abbé Commendataire de Saint-Germain-des-Prés en 1562.
Il était un homme manquant de caractère qui fut utilisé autant par Catherine de Médicis que par Henri de Guise et les ligueurs qui voulurent le faire roi après l'assassinat de Henri III. Il était un chef de file des Bourbons catholiques quoique son frère Antoine fut un temps favorable aux protestants. Sa belle-soeur Jeanne d'Albret, quant à elle, devint la chef du parti huguenot après son veuvage. Il se trouva ensuite en rivalité avec son neveu.
Le cardinal Charles de Bourbon, en tant qu'abbé de Saint-Germain-des-Prés, se fit construire en 1586, ce palais par Guillaume Bullant. C'était un bâtiment attenant à l'immense abbaye.
C'est une des premières constructions de style Henri IV (ou Louis XIII) alliant la brique et la pierre de taille. Il est flanqué au coin de la rue de la Petite-Boucherie et de la rue de l'Abbaye, d'un pavillon dominé par un fronton orné d'une sculpture. Celle-ci représente une figure féminine présentant les armes de l'Abbaye ou d'un cardinal. Elle fut malheureusement martelée durant la Révolution.














Un siècle plus tard, Guillaume-Egon de Furstemberg, l'abbé du moment, en le faisant restaurer y apporta quelques modifications. Et aujourd'hui, la rue de Furstemberg, située à l'emplacement de la cour d'honneur du palais, lui rend hommage. L'espace plus large de cette petite rue qu'on nomme à tort place de Furstemberg, offre une vision pittoresque sur le palais.
En 1797, le palais fut vendu et abrita entre autres, l'atelier du sculpteur James Pradier (1790-1852) qui y sculpta les victoires qui entourent le tombeau de Napoléon Ier.

mardi 22 décembre 2015

LA COLONNE ASTROLOGIQUE - PARIS - Ier arrondissement.

Appelée aussi Colonne Médicis, située rue de Viarmes, cette étrange colonne est le dernier vestige d'un palais que s'était fait construire la reine Catherine de Médicis.
En 1572, cette reine sur une prévision d'un de ses astrologues, décida de déménager pour habiter ce nouvel hôtel qu'elle chargea Jean Bullant de construire.
Il occupait un périmètre assez vaste qui avait avant cela été le siège d'un autre hôtel construit au 13e siècle pour Jean II de Nesle. Louis IX en ayant hérité, il passa de mains en mains au sein de la famille royale.
L'hôtel de la Reine Catherine reçut à sa demande cet étrange construction faite d'une colonne creuse de 31 mètres de haut dont le fut est dorique et le sommet toscan.
Sans en être totalement sûrs, les historiens s'accordent à penser qu'elle était destinée a observer les astres pour en déduire des prédictions astrologiques.

Catherine de Médicis a été une reine tantôt vivement critiquée, vilipendée, haïe et tantôt admirée pour son sens politique. Mariée à quatorze ans en 1533 au deuxième fils du roi de France, elle mettra du temps à procréer et n'accouchera d'un garçon qu'en 1544. Entre temps, elle est devenue Dauphine. Elle devient reine en 1547, et du fait de la mort prématurée de son mari Henri II, puis de son fils aîné François II (1560), régente du royaume. C'est à ce moment que sa vraie personnalité se révèle. Elle exerce un pouvoir modéré loin de la légende que lui ont tissés ses détracteurs. Il est pourtant attesté qu'elle ait été l'instigatrice du massacre de la Saint Barthélémy en 1572. En 1574, son fils préféré Henri III monte sur le trône, mais elle reste très influente. Elle meurt en 1588, après avoir donc habité son hôtel pendant 14 ans. 
Elle y entretint un entourage composé de nombreux membres dont le célèbre escadron volant qui comprenait 86 dames d'honneur. Ces jeunes personnes sont suivant les historiens considérées tantôt comme des espionnes prêtes à payer de leur personne pour obtenir des renseignements, tantôt comme une cour de charme aux moeurs rigoureuses simplement destinée à mettre de la courtoisie dans les contacts avec les hommes de guerre plutôt brutaux.

L'hôtel passa ensuite au comte de Soissons qui lui donna son nom puis à Thomas de Savoie, duc de Carignan. Victor-Amédée de Savoie en hérita mais ruiné par la banqueroute de Law, dut le vendre en 1740. La prévôté de Paris, nouveau propriétaire le détruisit en 1748 (ou 1749), sauf la colonne qui échoua à l'écrivain Louis Petit de Bachaumont (1690-1771) qui l'offrit à la ville de Paris.

Curieuse destinée que celle de cette colonne, qui resta en place lorsqu'on construisit la Bourse du Commerce juste à côté et en dépit de tous les aménagements qui ont bouleversé le quartier des Halles.
Elle comporte un escalier de 147 marches qui permet de monter au sommet, ce que fit certainement l'astrologue Cosme Ruggieri (?-1615), le favori de la Reine.






A son pied se trouve une plaque portant une inscription en latin. « In basi turris hujus e regiarum ædium reliquiis exstantis quod insigne opus a Johanne Bullant architecto anno post JC 1572 ædificatum anno autem 1749 destructum ut in frumentarias nundinas conversum sit utilitati civium et hujusce fori ornamento præfectus et ædiles fontem instauravirunt anno MDCCCXII ».
Au dessus de l'inscription figure les armes de la ville de Paris.




Au sommet, on aperçoit une sorte de cage en fer. Certains y voient un symbole ésotérique. Peut-être ne faut-il y voir qu'un décor complétant à merveille cette construction assez mystérieuse qui continue à intriguer les amateurs d'histoires étranges.







Cette colonne est adossée à une construction beaucoup plus importante qui date de 1889, la Bourse du Commerce évoquée plus haut. Ce bâtiment rond est bordé par la rue de Viarmes qui épouse sa forme.  





dimanche 20 décembre 2015

57, Rue de SEINE - PARIS - VIème arrondissement.

Situé au coin de la rue de Seine et de la rue Jacob, ce charmant petit hôtel particulier a laissé peu de traces dans l'histoire.
Construit au 17e ou au 18e siècle, il a  abrité au 19e, un hôtel meublé dit du Maroc.
Au début de la deuxième république, un journal y fut fondé par un nommé Douhet-Rathail : "l'Accusateur révolutionnaire", journal des ouvriers, démocratique et socialiste. Le fondateur en fut le seul et unique rédacteur et ce journal n'eut qu'un seul numéro paru le 2 avril 1848.
Plus tard entre mai 1854 et mars 1855, Charles Baudelaire y habita. On pourrait d'ailleurs se demander où il n'habita pas dans Paris, puisqu'on compte environ 40 adresses qu'il aurait occupées durant sa courte vie. Il poursuit son éternité au cimetière Montparnasse (voir ici).
L'immeuble, pendant quelques années, fut aussi baptisé "hôtel Louis XV" qui convient certes mieux à son style.
Il accueillit aussi pendant longtemps un imprimeur : Henri Diéval qui a travaillé pour plusieurs éditeurs importants, dont Gallimard et Denoël.

Outre sa façade sobre et élégante, il est remarquable par ses beaux mascarons au-dessus des fenêtres.
             












Face à cet immeuble, se trouve un petit jardin sans nom, où trois arbres apportent une note verte en entourant une fontaine surplombée d'une sculpture abstraite.

vendredi 11 décembre 2015

PLACE DE L'EUROPE - PARIS - 8ème arrondissement.

La place de l'Europe n'a rien de remarquable: pas de monument, pas d'immeuble particulier, pas d'oeuvre d'art majeure à mettre en relief. Et pourtant ! La place de l'Europe a inspiré de grands artistes et il est amusant de comparer ce qu'ils ont produit avec la réalité.
C'est là qu'on peut être convaincu que l'art embellit la vie.
Cette place a la particularité d'être construite sur un pont qui surplombe les voies de chemin de fer qui sortent de la gare Saint-Lazare. A travers les grilles, on aperçoit ainsi l'arrière de la gare surplombé par une pendule et les voies qui s'échappent des bâtiments.
Ce spectacle peu attrayant a pourtant attiré des peintres de talent. Ainsi Gustave Callebotte (1848-1894) et Jean Béraud (1849-1935) ont transformé la réalité en lui donnant des couleurs brillantes. Plus récemment, le photographe Henri Cartier-Bresson (1908-2004) a aussi donné ses lettres de noblesse à ce paysage. On notera que la rambarde a changé entre les deux représentations.


En traversant la place, on aperçoit depuis l'autre côté un point de vue différent sur les rails qui s'éloignent vers l'Ouest par la Tranchée des Batignolles. C'est une étrange saignée dominée par les immeubles depuis lesquels on voit la circulation permanente des trains. Un génie, Claude Monet (1840-1926) a lui aussi sublimé ce lieu et permet d'imaginer ce que devait être pour les riverains le passage des trains à vapeur.









Dans un coin (si on peut parler de coin pour une place circulaire) de la place, se trouve une véritable oeuvre d'art. Elle est si banalisée qu'on ne la remarque plus, surtout entourée de travaux comme sur ces photos. Il s'agit de la station de métro Europe qui a gardé son décor dû à Hector Guimard (1867-1942). Cette station a été ouverte en 1904.
              
         
On en vient tout naturellement à la gare Saint-Lazare dont le hall recouvert d'une verrière monumentale a aussi plusieurs fois inspiré Claude Monet.










Cette dernière vue de la gare Saint Lazare et du pont de l'Europe date de 1868.
Le 29 mai 2018, la place de l'Europe a été rebaptisée place de l'Europe Simone Veil. L'hommage qui est rendu ici à cette dame est dû au fait qu'en dehors de ses autres fonctions, elle fut présidente du parlement européen de 1979 à 1982. La station de métro est également rebaptisée.

vendredi 4 décembre 2015

SAINT AMOUR-BELLEVUE - SAÔNE-ET-LOIRE.

Quoique la commune de Saint Amour-Bellevue soit en Saône-et-Loire, le vin qu'elle produit sur son terroir fait en majorité, partie de l'appellation Beaujolais.

Son joli nom évocateur lui vient d'un soldat romain converti au christianisme qui aurait refusé de participer aux persécutions contre les chrétiens, à Saint-Maurice en Valais vers 286 (sous le règne de l'empereur Maximien Hercule). S'étant enfui en Gaule, il y devint missionnaire.

Une statuette dans une niche placée sur une maison du village nous le montre tel qu'il serait apparu à ses ouailles.








Le village de Saint-Amour a été débaptisé à la Révolution où on bannissait toute référence à la religion. Il s'appela Bellevue pendant cette période, puis, après le retour du culte, revint à son ancien nom. Enfin en 1903, le conseil municipal reprit ce nom éphémère et l'adjoignit au premier: la commune devint donc Saint-Amour-Bellevue.


Entre les vignes et le paysage beaujolais qui le caractérisent, cela lui va bien.




 Evidemment, beaucoup des maisons qu'on y voit appartiennent à des viticulteurs proposant non seulement la prestigieuse appellation Saint-Amour, mais aussi la simple appellation Beaujolais ou des crus du Mâconnais comme le Saint-Véran.






A une entrée du village, on est accueilli par une vierge installée ici à la demande de Madame Louise Balvay en 1876. Au vu de son aspect, il est remarquable de voir que la religion est encore vivante dans la campagne beaujolaise.






Près d'une petite place ombragée par des tilleuls, se trouve une belle église de pierres dont une partie date du XIIe siècle. Elle est dédiée à Notre-Dame des Vignes. L'intérieur clair dont le décor date du XIXe siècle (1882?) recèle un trésor: un bas-relief roman représentant le Christ.
 
              

On ne peut quitter ce village sans passer par la petite place près de laquelle se trouve le caveau où on peut déguster du Saint Amour de différents millésimes en admirant la fresque murale dédiée à Bacchus.




jeudi 3 décembre 2015

COLLEGE FORTET - PARIS - Vème arrondisement.

Situé au 21 de la rue Valette, tout près de l'actuel Panthéon, ce collège avait été fondé en 1394 par Pierre Fortet (1345-1398), chanoine de Notre-Dame et rattaché à la Faculté des Arts de l'Université de Paris.
A noter que les collèges de cette époque n'avaient pas la même mission d'enseignement qu'actuellement. C'était des logements offerts a des étudiants pauvres mais méritants venus de province ou de l'étranger.
Le collège Fortet était destiné à recevoir huit élèves dont la moitié devait venir d'Aurillac, et plus tard du diocèse de Saint-Flour.
Jean Calvin
Dans la première moitié du XVIe siècle, l'agitation religieuse devient de plus en plus forte. 
En 1533, Jean Calvin (1509-1564), théologien, habite au collège. Le 1er novembre de cette année-là, un de ses amis, Nicolas Cop (1501-1540), recteur à l'Université de paris,  prononce un discours sur la réforme nécessaire de l'église. Ces idées inspirées par Calvin choquent et provoquent une réaction de la part des dirigeants de la faculté. Cop s'enfuit à Bâle et Calvin, considéré comme complice, est menacé d'être arrêté.
Il s'enfuit par les toits du collège. La tour par laquelle il a pu quitté le collège est le seul vestige de l'établissement. La façade sur la rue Valette n'est donc pas celle qui existait à l'époque. En pénétrant à l'intérieur, on se retrouve dans une petite cour au milieu de laquelle un massif arboré apporte un peu de nature dans ce monde minéral.





 La tour récemment restaurée apparaît sur le côté droit de la cour.
Calvin alla se réfugier à Angoulême, puis à Nérac chez Marguerite d'Angoulême (1492-1549), soeur de François Ier et reine de Navarre par son mariage avec Henri II d'Albret.


L'aspect de la tour vers 1839 (photo empruntée au site http://www.fregondee.fr/vente.htm, avec mes remerciements)









La Ligue:
Ironie de l'histoire, c'est dans ce collège qu'en 1585, se réunirent quatre-vingts personnes de tous bords mais inféodées au duc de Guise. Elles y créèrent la Très-Sainte-Ligue, institution extrémiste destinée à chasser les protestants de France.