jeudi 30 janvier 2014

JARDIN ANNE FRANCK - PARIS IIIe arrondissement.

Il est des lieux parisiens préservés de l'agitation propre à la capitale française. C'est encore plus vrai pour ce jardin qu'on atteint après avoir parcouru les  80 mètres de l'impasse Berthaud qui prend naissance à la hauteur du 22 de la rue Beaubourg.
Ce jardin à l'écart du monde a été créé en 2007, sur l'emplacement qu'occupait auparavant le parc de l'hôtel de Saint Aignan, devenu le musée de l'Art et de l'Histoire du Judaïsme et dont la façade se trouve rue du Temple.
L'impasse en L nous fait aboutir sur une petite placette où l'on découvre à gauche le musée de la Poupée et à droite l'entrée du jardin Anne Frank.
              

Le musée de la Poupée derrière ses murs couverts de verdure, nous fait découvrir ces charmantes créatures fabriquées depuis deux cents ans, dans toutes sortes de matières, comme la porcelaine, le celluloïd ou le plastique.
                

Et le jardin? Nous y arrivons.
 Sitôt passé le portillon, on découvre deux choses : le pavillon d'accueil où il n'y a pas toujours quelqu'un et cette table échiquier avec ses deux sièges inamovibles.

 Puis on accède à la deuxième partie du jardin.
 
C'est là qu'on trouve les agencements les plus beaux et les plus intéressants. Une magnifique tonnelle occupe toute la moitié gauche de l'enclos, tandis qu'à droite on aperçoit l'arrière d'un très beau bâtiment, l'hôtel de Saint-Aignan.
       
Ce jardin propose aussi une troisième partie, consacrée aux jeux d'enfants. Evidemment, il faudra revenir au printemps quand les massifs seront fleuris pour vraiment profiter de cet agréable lieu.

Derrière le jardin Anne Frank, mais ne communiquant pas avec lui, il y a une cour qu'on aborde par la rue Rambuteau. C'est la cité Noël, un espace en arc de cercle sur lequel s'ouvrent des commerces. C'est aussi un endroit calme et tranquille, mais si on veut prendre des photos, il faut faire vite car la gardienne peut surgir et vous chasser rapidement de là, arguant que c'est une cour privée.
                
Le fait est qu'il y a une grille à l'entrée, mais comme il s'y trouve des commerces et des cabinets para-médicaux et même médicaux tout court, il suffit d'appuyer sur le bouton pour ouvrir la porte et après un long passage voûté, découvrir les pavés moussus et les plantes vertes de cette cour.

lundi 27 janvier 2014

Place SAINTE-OPPORTUNE - PARIS Ier arrondissement

Ainsi que je le disais dans l'article précédent sur la rue Saint Denis (ici), voici une présentation de la place Sainte-Opportune qui en est séparée par quelques mètres vite franchis, si on n'a pas peur aujourd'hui de parcourir l'étroite rue Courtalon.
Cette petite place ouverte est à l'emplacement qu'occupait jadis le cloître Sainte-Opportune détruit ainsi que l'église attenante en 1792.
Son seul "monument" est l'entrée de la station de métro Chatelet qui s'y trouve. C'est en effet un des trois plus beaux édicules Guimard qui subsistent encore après le massacre qui en a été fait dans les années soixante.
    
Le reste de cette place n'a pas beaucoup d'intérêt patrimonial, mais elle possède néanmoins un certain charme à cause de sa forme et de sa situation qui en fait un lieu de rendez-vous pratique.


Un des immeubles longé par la rue des Halles comporte une niche avec la statue de la sainte qui a donné son nom à la place. Elle était abbesse au VIIIe siècle, d'un monastère Normand et on lui attribue plusieurs miracles.





En empruntant la très courte rue Sainte Opportune, on aboutit à une rue restée célèbre pour l'événement qui s'y produisit le 14 mai 1610 : la rue de La Ferronnerie. Ce jour-là, le roi Henri IV contre l'avis de l'intéressé allait rendre visite à son ami et ministre Sully qui était souffrant. Alors que le carrosse royal était bloqué par un encombrement, François Ravaillac bondit et poignarda trois fois le roi qui mourut presque immédiatement.

Au dessus d'un pilier de cette arcade, une plaque rappelle la tragédie. A quelques mètres, à l'emplacement même où l'attentat eut lieu, une  autre plaque de marbre polychrome, figure les armes réunies des royaumes de France et de Navarre.

Depuis la place Sainte-Opportune, on a aussi un beau point de vue sur la tour de l'Horloge et la coupole du Tribunal de Commerce.


dimanche 26 janvier 2014

Rue Saint Denis, PARIS - 1er arrondissement. Partie piétonne.

La rue Saint-Denis est une des plus anciennes de Paris car elle conduisait les fidèles vers la basilique du même nom au nord de Paris. Elle portait d'ailleurs à cette époque le nom de Grant Chaussée de Monsieur Saint Denys.
C'est par cette rue que les rois faisaient leur entrée dans Paris, ce qui donnait lieu à de grandes fêtes et finalement fut à l'origine de la création d'un théâtre. En 1402, fut créée la "Confrérie de la Passion et de la Résurrection de notre Seigneur" qui donnait des mystères, c'est-à-dire des pièces inspirées de l'évangile, destinés à insuffler de saines pensées aux spectateurs.
La rue Saint-Denis est aussi réputée pour une autre population. Depuis des temps lointains, elle a été un haut lieu de la prostitution parisienne. La proximité des Halles n'a fait qu'accentuer le phénomène.
Jadis, la partie de la rue qui est aujourd'hui piétonne était interdite aux prostituées la nuit.


Elle devaient se retirer hors de l'enceinte de Philippe Auguste qui passait à la hauteur de la rue de Turbigo. Si on surprenait une fille publique dans un endroit interdit, elle pouvait être promenée par les rues, à califourchon  sur un âne la tête tournée vers la queue, sous les quolibets de la foule.
On affirme que déjà, il y a bien plus longtemps, c'est-à-dire plus de 10 000 ans, cette rue était un sentier ou plutôt un chemin emprunté par des animaux énormes qui vivaient sur les hauteurs de ce qui deviendrait un jour Belleville : des mammouths (elephas primigenius). Ils descendaient jusqu'à la Seine pour s'y abreuver et sans doute, pour s'y baigner. On a retrouvé plusieurs fossiles de ces animaux tout le long de leur trajet.

C'est une rue riche d'un passé intéressant et varié.

Par exemple, au n°35, il y avait un asile pour les miséreux.  Tenu par un dénommé Fradin puis par son successeur, il offrait aux pauvres qui n'avaient pas plus de deux sous à dépenser, un banc pour passer la nuit. Ils dormaient assis la tête appuyée sur une corde tendue en travers de la pièce. Au matin, on décrochait la corde et ils partaient.
 L'asile a fermé en 1917. Aujourd'hui, la façade de l'immeuble ne vaut guère mieux que ce qu'elle devait être à l'époque de l'asile. Pourtant, le loyer doit être bien supérieur à deux sous même pour une seule nuit.



Au n°29, un peu plus bas, il n'y a rien ; mais justement, ce rien a une histoire. Car en 1569, vivait là un riche drapier du nom de Philippe Gastine; cet homme était protestant et il eut la fâcheuse idée de prêcher sa religion en dépit de l'interdiction royale qui en était faite. Il fut saisi avec toute sa famille et tous furent pendus (c'est comme ça qu'on faisait à l'époque). La maison fut détruite, et à la place on installa une pyramide avec au sommet, une croix sculptée par Jean Goujon.  Mais, en 1570, l'amiral de Coligny après la paix de Saint-Germain, implora Charles IX de supprimer ce rappel de la guerre civile. Les choses se passèrent avec néanmoins beaucoup de difficultés, puisque des catholiques s'y opposèrent et s'en prirent à nouveau aux protestants. On pendit un fauteur de troubles et l'ordonnance royale fut exécutée; depuis cette époque, il n'y a plus rien au coin de la rue Saint-Denis et de la rue des Lombards.

 Au hasard des promenades dans la rue Saint Denis, on rencontre des éléments décoratifs plus ou moins spectaculaires ou de véritables monuments, telle la magnifique Fontaine des Innocents. Oeuvre de Pierre Lescot et Jean Goujon, elle a été modifiée au XVIIIe siècle par l'ajout d'une quatrième face par Augustin Pajou.




Beaucoup plus modeste, on peut voir ce calice à moins qu'il ne s'agisse du Saint Graal; fixé au mur d'un immeuble, au coin de la rue Berger et de la rue Saint Denis, il intrigue. Malheureusement, je n'ai pu trouver comment ce décor était arrivé sur ce mur.








Au n°34, au coin de la rue de La Reynie, subsiste une devanture de magasin qui ne correspond pas au commerce exercé aujourd'hui.
Là, se tenait un magasin de confiserie tenu par M.Courtin et à l'enseigne du Chat Noir. Heureusement, les successeurs ont conservé la belle façade et la frise de tête de chats, datant sans doute du XIXe siècle. Dommage que les appétissantes douceurs aient laissé la place aux panneaux criards des habituelles chaînes marchandes de fringues. 

Juste en face au n°30, un immeuble montre dans un appui de fenêtre un petit monument à Eugène Scribe. Cet auteur dramatique et librettiste était né en 1791 dans cette maison , où son père était marchand de tissus. Un autre auteur beaucoup plus célèbre y était né en 1732 : Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais.






Au n°60, au coin formé avec la rue de la Cossonerie, un grand immeuble est orné d'une frise sculptée entre les 5ème et 6ème étages. Au-dessus du 1er étage, on peut lire "Maison batave 1795-1858". C'était une cité privée créée par des Néerlandais en 1790. A cet endroit précis, il y avait un commerce nommé "A la cour batave" qui dura jusqu'en 1858. Balzac en parle dans César Birotteau en termes peu élogieux.
 








  D'autres curiosités sont à voir et à découvrir dans cette rue Saint-Denis. Des enseignes de magasin dont le commerce a disparu, des images décoratives plus ou moins riches ou un immeuble à la décoration soignée.
 

Au n°135, coin de la rue Etienne Marcel, se trouve un immeuble qui présente deux figures de saints dont on peut supposer que l'un est Saint Pierre (tenant une clé) et l''autre Saint Jean (tenant un calice).

Mais il faut revenir vers le bas de la rue et rejoindre la rue Courtalon.


Là, au n°3 de cette venelle, eut lieu en 1684, un drame hallucinant. A l'époque, le lieutenant de la Reynie dirigeait la police de façon efficace. Or, cette année-là, plusieurs jeunes hommes disparurent mystérieusement. En comparant leurs caractéristiques, on s'aperçut qu'ils étaient tous à peu près du même âge et tous beaux. La Reynie mit Lecoq, un des ses policiers sur l'enquête et celui-ci eut l'idée de sortir un jeune garçon de prison. C'était un voyou jeune et bien fait, et qui était aussi très malin. On le surnommait l'Eveillé, ce qui est tout dire, et on lui mit le marché en mains : ou il collaborait ou il allait ramer sur les galères royales. Il accepta donc de participer à l'enquête, ce qui n'était pas sans danger. On le vêtit d'habits de qualité et il se fit voir autant que possible dans le quartier et aux alentours. Au bout de quelques jours, il rencontra une jeune fille très belle et très attirante qui ne semblait pas farouche. Elle dit être polonaise et s'appeler la comtesse Jabirowska et lui donna rendez-vous au 3 de la rue Courtalon. Méfiant, l'Eveillé prévint Lecoq qui déploya un dispositif autour de l'adresse suspecte. Le soir, l'Eveillé se rendit au rendez-vous où il fut reçu par la jeune fille qui au bout de quelques instants le laissa seul dans la pièce. Il se mit à fouiner, et là caché derrière un miroir, il découvrit une niche. Bien qu'il fut aguerri, il fut horrifié par le contenu de cette cachette. Car elle contenait les têtes coupées et embaumées des disparus. L'Eveillé alla à la fenêtre faire signe aux policiers en planque qui arrivèrent juste à temps pour lui épargner d'avoir à subir le même sort par quatre égorgeurs.
En fait, la Polonaise était en réalité Anglaise et sa bande fournissait un soit-disant savant allemand qui achetait ces têtes pour ses études scientifiques. Quant aux corps, ils étaient vendus à des étudiants en médecine.
Les protagonistes furent pendus mais on ne sait pas ce que devint le savant germanique. (Cette histoire est racontée par Dominique Lesbros dans le tome 2 de son "Paris mystérieux et insolite"- Editions de Borée).
La rue Courtalon mène à la place Sainte Opportune à laquelle je consacrerai un article très bientôt.

Pour finir, une photo qui nous montre le bas de la rue Saint Denis avec au fond, se découpant sur le ciel nuageux, la Tour de l'Horloge du Palais de Justice.

samedi 18 janvier 2014

45, rue POLIVEAU- PARIS 5ème arrondissement.

Voilà une adresse célèbre qui rappelle de bons souvenirs à de nombreuses personnes.
C'est le cadre où se déroule une partie du film de 1956, réalisé par Claude Autan-Lara, "La Traversée de Paris".
Quoique le film ait été surtout tourné en studio, et que les séquences en extérieur aient été réalisées plus bas dans la rue, nous sommes quand même bien devant l'adresse "mythique".

Le scénario : Sous l'occupation, à Paris, Martin, chômeur, gagne sa vie en transportant de la marchandise de marché noir. Un soir, il recrute Grandgil pour remplacer son collègue habituel. Ce nouveau compagnon se révèle beaucoup moins docile que prévu. Après une scène mouvementée chez Jambier, le charcutier, ils partent pour leur long périple, c'est-à-dire livrer un cochon du 5ème arrondissement à Montmartre; chemin faisant, ils entrent dans un café. Il s'ensuit un esclandre où Grandgil invective les patrons. Les deux comparses repartent finalement. Arrêtés par un agent de police, Grandgil assomme le policier. Puis il entraîne Martin chez lui.
Trois acteurs principaux se partagent l'affiche : Bourvil dans le rôle de Martin, Jean Gabin dans celui de Grandgil et Louis de Funès incarne Jambier.
Ce que certains peut-être ignorent encore, c'est que le scénario et une grande partie des dialogues ont été inspirés d'une nouvelle éponyme de Marcel Aymé.

Le scénario du film est simplement inspiré de la nouvelle, car il y a des différences notables entre les deux.
Par exemple, dans le film, c'est par jalousie, parce qu'il soupçonne Grandgil d'avoir rendez-vous avec sa compagne Mariette, que Martin l'engage comme aide pour transporter le cochon.
Marcel Aymé les fait arriver directement dès le début, chez Jamblier (et non Jambier comme dans le film). Grandgil est décrit comme un gaillard frisé aux petits yeux de porc, pas trop loin de Jean Gabin, surtout pour la carrure. Si la rencontre des deux hommes est évoquée, c'est dans un "flash-back" où il n'est pas question de jalousie.
La scène chez Jambier est, à quelques détails près, la même. Evidemment, Jean Gabin hurlant "Jambier, 45, rue Poliveau" a plus d'impact et a largement contribué à faire de ce film, un film-culte.
Plus tard, ils sont amenés à entrer dans un café. Les raisons pour qu'ils y pénètrent ne sont pas les mêmes : pour Marcel Aymé, c'est simplement Grandgil qui décide d'aller boire un coup. Dans le film, c'est un contrôle de police qui les incite à se mettre à l'abri.
Mais ce qui compte, c'est la superbe scène dans le bistro. Les dialoguistes ont conservé, à très peu de détails près, ce qu'avait écrit Marcel Aymé. C'est encore Gabin qui mène le train avec des réparties croustillantes jusqu'au célèbre "Salauds de pauvres!".
Après avoir assommé l'agent, ils se retrouvent donc dans l'appartement de Grandgil. Là Martin découvre que son complice est un artiste peintre et non un peintre en bâtiment comme il le pensait. Marcel Aymé décrit minutieusement les oeuvres de Grandgil alors que dans le film, on ne les voit pas.

C'est aussi à partir de là que les intrigues diffèrent complètement :
Dans le film, les deux acolytes repartent jusqu'à la boucherie où ils doivent livrer la marchandise; ils la trouvent fermée et se mettent à secouer la grille du magasin. Leur tapage les empêchent d'entendre une patrouille allemande qui passait par là. Arrêtés, il sont emmenés à la Kommandantur. Là, un officier reconnaît Grandgil qu'il admire pour son talent, et s'apprête à les relâcher. Malheureusement, Martin est déjà embarqué avec d'autres hommes pour le S.T.O.. Ils se retrouveront par hasard après la Libération. Grandgil monte dans un train quand il reconnaît Martin devenu porteur, c'est-à-dire qu'il continue à porter des valises pour les autres.
Dans la nouvelle de Marcel Aymé, Grandgil reçoit un appel téléphonique d'une amie à qui il raconte sa soirée d'un air goguenard. Martin comprend qu'il s'est fait manipuler et que tout ce que voulait Grandgil, c'était jouer au truand pendant une soirée. Les deux hommes se disputent et Martin en vient à crever les tableaux de Grandgil. Celui-ci en voulant l'en empêcher se plante sur le couteau que brandit Martin. Ce dernier abandonne le corps et va finir le travail en livrant à lui seul les quatre valises. En retournant chez lui, il est hanté par une scène qu'il revit souvent. Pendant la première guerre mondiale, il a combattu dans les Dardanelles et a été amené à tuer un soldat turc. Ce soir, il a tué à nouveau et en éprouve un profond malaise. Il est alors abordé par des policiers qui le reconnaissent d'après un croquis que Grandgil a fait de lui alors qu'ils se reposaient dans l'appartement.

Ce qui sépare les deux oeuvres est plus profond qu'il n'y parait. Le film est avant tout une comédie dramatique ponctuée de scènes magnifiques, jouées par des comédiens de grand talent.
Marcel Aymé, quant à lui, a écrit une fable morale où l'on voit la confrontation entre un honnête homme obligé à gagner sa vie en trafiquant, tandis qu'un intellectuel nanti s'amuse pendant une soirée à jouer au hors-la-loi tout en méprisant ceux qui le font par nécessité.
Dans le bistro.
"Regardez-moi ces gueules d'abrutis, ces anatomies de catastrophe. Admirez le mignon, sa face d'alcoolique, sa viande grise et du mou partout, les bajoues qui croulent de bêtise. Dis-donc, ça va durer longtemps? Tu vas pas changer de gueule un jour? Et l'autre rombière, la guenon, l'enflure, la dignité en gélatine avec ses trois mentons de renfort et ses gros nichons en saindoux qui lui dévalent sur la brioche. Cinquante ans chacun... Qu'est-ce que vous foutez sur la terre, tous les deux? Vous avez pas honte d'exister?"

dimanche 12 janvier 2014

Avenue Elisée Reclus - PARIS 7ème arrondissement

Cette avenue ouverte en 1907, montre quelques façades remarquables datant du début du XXe siècle.
Il est intéressant de noter que (selon Efficity.com) c'est dans cette avenue que le mètre carré est le plus cher à Paris après la rue de Furstemberg (6e arrdt). On peut se demander pourquoi, bien que la proximité du Champ de Mars ne doit pas y être étrangère.
Les immeubles du côté impair, de même que les premiers numéros du côte pair ne présentent pas d'intérêt particulier même s'il s'agit de beaux bâtiments haussmanniens.

L'ensemble 10 et 10bis, appelé hôtel Rateau est un bâtiment dû à l'architecte Lucien Hesse (1866-1929) construit en 1910-11. Il présente une curieuse architecture avec des fenêtres en ogive surprenantes et de légères avancées surmontées de balcons. Les ferronneries sont de très belle qualité en particulier celle des portes d'entrée.
              

 Son décor très sobre, la forme des ouvertures, l'alliance harmonieuse de la brique et de la pierre en font un bâtiment qui mélange avec élégance les styles art-nouveau et néo-gothique. L'ensemble est très réussi et mérite réellement qu'on s'y arrête pour l'admirer en détail.




N°12 et 12bis.  L'architecte Henri Deglane (1855-1931) grand prix de Rome en 1881, qui conçut cet immeuble avait participé auparavant à la construction du Grand Palais.
La construction date de 1910, et bien qu'utilisant la brique et la pierre comme au n°10, le bâtiment est très différent de son voisin, ne serait-ce que par la couleur.
L'important décor est dû au sculpteur Georges Gardet (1863-1939) et représente des cigognes. On en retrouve au dessus d'une niche en haut du bâtiment, et sur une des deux portes d'entrée. En dehors de ces oiseaux symboles de bon augure, il y a plusieurs décors de fleurs en guirlandes ou en bouquets qui rappellent que nous sommes en pleine période art-nouveau. On remarque aussi au pied de la niche, une curieuse figure de monstre au mufle vaguement léonin.
      

            




N°14. Dû à l'architecte Paul Lebret, c'est un immeuble plus modeste et d'aspect plus raisonnable. Il fut construit en 1909 pour le comte de Germiny .
Son décor rappelle le style classique avec ses bas-reliefs de chérubins et ses guirlandes de fleurs. Sa marquise et ses ferronneries sobres lui confère un charme de bon aloi.
       

N°16 et 16bis. L'architecte Alexandre Barret (1863-1921) s'est fait connaitre pour avoir travaillé principalement à Boulogne-Billancourt. Il a réalisé ici, un immeuble assez étonnant avec une entrée plutôt monumentale et une cage d'escalier en saillie. Il y a aussi des décors de Pierre Seguin et des céramiques d'Alexandre Bigot.
A l'origine, il fut construit comme un hôtel particulier dont les deux derniers étages étaient dédiés à la location.
      

 Le premier propriétaire aurait été un certain M. de Tavernier.
Certaines informations indiquent que ce propriétaire aurait été le célèbre comédien Lucien Guitry. En fait, il aurait plutôt habité l'immeuble voisin au n°18, aujourd'hui remplacé par un immeuble moderne.
A noter qu'au coin des avenues Elisée Reclus et Emile Pouvillon, un buste du comédien a été installé.