dimanche 7 janvier 2018

SQUARE RESTIF DE LA BRETONNE - PARIS - Vème arrondissement.

Les hommages rendus à des célébrités peuvent s'avérer curieux. Car qualifier de square, le minuscule espace vert auquel on a donné le nom de l'écrivain Nicolas-Edme Restif de la Bretonne (1734-1806) est sacrément audacieux.
Il semble que ce soit à la demande de Jean Dutourd (1920-2011) qu'on ait voulu baptiser un lieu du nom de cet auteur qui avait habité tout près de là, dans la rue de la Bûcherie, au n°16.
Voici le  square qui a été attribué à cet homme brillant. Il est situé au coin de la rue de la Bûcherie et de la rue du Haut Pavé. Il y a une porte pour y pénétrer, mais elle est réservée aux jardiniers. Il faut dire qu'il semble difficile de s'y promener.
           




Depuis la rue des Grands Degrés, on ne parvient pas mieux à appréhender un si vaste ensemble.
Mais qui était Restif de la Bretonne? Fils de paysans, c'était un homme ayant d'abord fait le métier d'imprimeur et qui s'était mis à écrire en 1765. Romancier et essayiste, il fut également philosophe, proche des idées de Rousseau. Ses idées auraient inspiré Saint-Simon et Fourier.
Il a écrit aussi des romans érotiques en réponse au marquis de Sade qu'il détestait. Contrairement au sulfureux marquis, il n'y a aucune cruauté dans ses histoires mais une simple recherche jubilatoire de plaisir. Il a par exemple écrit "l'Anti-Justine" que chacun pourra découvrir en cliquant ici.
Il a écrit aussi une très longue autobiographie où il raconte bien sûr, sa propre vie mais aussi celle de ses contemporains et de la Révolution.
Une amusante particularité fait qu'il est le responsable du plus vieux graffiti parisien. Il se promenait beaucoup la nuit et en a même fait le récit dans "les Nuits de Paris". Durant ses pérégrinations, il gravait sur les murs des pensées, des dates, etc.. La seule inscription qui reste aujourd'hui, est celle qui figure sur un pilier devant le n°11 de la place des Vosges. On peut y lire "NICOLAS 1764".


Cet homme étonnant n'aurait-il pas mérité un lieu plus étoffé pour qu'on lui fasse honneur?

vendredi 5 janvier 2018

PLACE DU CHATELET - PARIS - Ier arrondissement.

La place du Chatelet fait la jonction entre le pont au Change et le boulevard de Sébastopol sur l'axe nord-sud qui traverse Paris. Elle doit son nom à une forteresse sinistre qui avait au départ été bâtie par Louis VI le Gros en 1137 à l'emplacement d'un autre bâtiment construit sous Charles le Chauve pour défendre Paris contre les incursions Vikings.

Plus tard Philippe II Auguste agrandit largement cette enceinte,  rendant ce châtelet inutile pour la défense de la ville. Il fut donc dévolu à la prévôté de Paris qui y rendait justice. Il servait aussi de prison dont certains cachots atteignaient l'horreur absolue.
Aujourd'hui, cette forteresse a été démolie depuis 1810 et l'aspect de la place est beaucoup plus riant malgré la circulation automobile bruyante et malodorante.
A gauche, la vue sur la place depuis le quai de l'Horloge. 
A droite, la place vue du quai de la Mégisserie. Au fond, on aperçoit la tour Saint Jacques (voir ici) et au centre, la fontaine.


La fontaine fut édifiée en 1808 pour glorifier les victoires napoléoniennes. Elle est appelée tantôt, fontaine du Palmier (à cause des palmes qui ornent le haut de la colonne) ou fontaine du Chatelet, mais aussi fontaine de la Victoire (pour la statue qui est juchée à son faîte). Elle fut déplacée en 1858 pour ne pas gêner la circulation vers le boulevard de Sébastopol récemment créé. Le socle fut orné à cette occasion de sphinx qui sont en relation avec la mode qui régnait à l'époque de sa création. Sur la colonne, sont inscrits dès l'origine, les noms de plusieurs victoires telles Ulm, Marengo, Pyramides, etc.. Les statues au pied de la colonne représentent la Vigilance, la Force, la Justice et la Prudence.
La fontaine est due à l'ingénieur François-Jean Bralle (1750-1831) et les sculptures à Simon-Louis Boizot (1743-1809).
    






Au sommet, on peut voir la statue de la Victoire due au même sculpteur Simon-Louis Boizot.






En 1862, furent construits les deux théâtres qui complètent le décor de cette place centrale parisienne. D'un côté le théâtre du Chatelet, de l'autre le théâtre de la Ville qui s'appela pendant longtemps théâtre Sarah Bernhardt. Ces deux bâtiments sont dus à Gabriel Davioud (1823-1881) l'architecte le plus en vue sous le second empire.