jeudi 26 juin 2014

EGLISE SAINT-VINCENT DE PAUL et SQUARE CAVAILLE-COLL - PARIS Xème arrondissement

Un peu à l'écart de la rue La Fayette, surplombant la place Franz Liszt, cette église monumentale et très impressionnante est précédée par le charmant square Cavaillé-Coll.

L'église a vu sa construction débuter en 1824 et se terminer en 1844. Deux architectes se sont attelés à la tâche, Jean-Baptiste Lepère (1761-1844) et son gendre Jacques Hittorff (1792-1867). Ce n'est certes pas la plus belle église de Paris, mais elle en impose par sa position au sommet d'une colline. On l'aperçoit dès les Grands Boulevards grâce à la longue perspective de la rue d'Hauteville (773 mètres).
Le portique est composé de douze colonnes comme les douze apôtres et le fond est orné de plaques de lave émaillée représentant des scènes de la Bible. Ces oeuvres sont dues à Pierre-Jules Jolivet (1794-1871). On remarque surtout les figures au dessus du portail représentant la Sainte Trinité. L'artiste spécialisé dans la peinture de genre a représenté les personnages avec une expression figée, et le plus curieux est la figure de Dieu le Père qui semble présenter un lot de montres à un prix imbattable. Les autres plaques émaillées ont été remises en place récemment car, en 1861, certains "bien pensants" avaient protesté contre la présence de nus dans le décor (on peut se demander comment Adam et Eve auraient pu découvrir qu'ils étaient nus, s'ils avaient été habillés?).
             
Les décors avaient donc été retirés et ce n'est qu'en 2011 qu'on les a remis en place.

Le portail central en fonte,est également intéressant avec ses douze apôtres accompagnant le Christ. Il est l'oeuvre de Jean-Baptiste Farochon.
De chaque côté du fronton rendant grâce à Saint-Vincent- de-Paul, deux statues représentent l'une Saint-Pierre, l'autre Saint-Paul.

             

L'intérieur tout aussi spectaculaire, avec sa procession de saints représentée sur une fresque monumentale, son maître autel et son calvaire de François Rude. Malheureusement, il y fait trop sombre pour obtenir de bonnes photos sans matériel adapté.
Une des merveilles de cette église est son grand orgue réalisé par Aristide Cavaillé-Coll.
Et justement le square devant l'église est dédié à cette illustre famille de facteurs d'orgues qui a dominé la profession pendant près de deux siècles. Originaire du Tarn, ayant aussi vécu en Espagne, une grande partie de la famille est pourtant inhumée au cimetière Montparnasse.
                

mercredi 18 juin 2014

CIMETIERE MONTPARNASSE (4) - PARIS XIVe arrondissement.

On ne saurait évoquer le cimetière Montparnasse sans citer Charles Baudelaire (1821-1867).
Ce poète immense est deux fois présent  dans le cimetière. En effet, il y a sa vraie tombe qu'il partage avec sa mère et son beau-père, le général Aupick et son cénotaphe érigé bien après sa mort en 1902.

La tombe. Elle se trouve dans la 6ème division en bordure de l'avenue de l'Ouest. La présence des deux femmes sur la photo n'est pas fortuite. Il s'agit de deux américaines qui ne parlaient pas français, mais qui cherchaient la tombe du poète.
On en est amené à se demander comment les étrangers peuvent ressentir la poésie très musicale de Baudelaire.
Voici un exemple de poème extrait des Fleurs du mal : la première strophe du sonnet "la Beauté".
Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.


Et voici une traduction en anglais (de Roy Campbell) :
I'm fair, O mortals, as a dream of stone;
My breasts whereon, in turn, your wrecks you shatter,
Were made to wake in poets' hearts alone 
A love as indestructible as matter.

Et une autre (de Lewis Piaget Shanks) :
fair as a dream in stone I loom afar
— mortals! — with dazzling breast where, bruised in turn
all poets fall in silence, doomed to burn
with love eternal as the atoms are.

Le première traduction perd les rimes et les alexandrins mais garde en revanche un sens très proche de l'original. En revanche, la deuxième version reconstruit des rimes alors que le sens est largement altéré.
Et que dire du rythme et de la musique !
Cela reste un peu mystérieux surtout pour quelqu'un qui ne maîtrise pas vraiment la langue anglaise.

Pour en revenir à nos Américaines, elles n'en sont pas restées là. Elle ont cherché ensuite le cénotaphe.
Celui-ci est placé au bout de l'allée Transversale contre le mur contigu à la rue Emile Richard. Il fit l'objet d'une longue polémique qui dura dix ans entre le lancement de la souscription et l'aboutissement du projet.
Il est l'oeuvre du sculpteur de José de Charmoy et représente un gisant  enroulé dans des bandelettes tel une momie. Au-dessus, un personnage (représentation de Baudelaire lui-même?) le menton appuyé sur les poings fermés regarde le lointain inaccessible aux simples humains que nous sommes.
         

"Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d’où le somme est banni"

(premier tercet du sonnet "Remords posthume")

mardi 17 juin 2014

CIMETIERE MONTPARNASSE (3) - PARIS XIVe arrondissement.

Continuons à nous intéresser aux tombes remarquables du cimetière Montparnasse et surtout celles qui présentent de belles oeuvres sculptées.
Et d'abord, dans la 1ère division, celle-ci,  fascinante qui est la reproduction d'une oeuvre d'Antonio Canova (1757-1822) dont l'original datant de 1793 est au Louvre. Elle représente "Psyché réveillée par le baiser de l'Amour". Cette tombe est celle d'un marchand et collectionneur d'art, Alain Lesieutre.
      




Dans la 9ème division, on découvre une tombe inattendue, celle de la Comtesse de Ségur, pas celle qui écrivit les "Malheurs de Sophie", mais celle qui épousa l'arrière-petit-fils (ou arrière-petit-neveu) de cette femme de lettres, et qui était plus connue sous le pseudonyme de Cécile Sorel (1873-1966). Comédienne célèbre à son époque, la légèreté de ses moeurs en fit l'héroïne de scandales où des personnalités étaient mêlées. Elle fut sociétaire de la Comédie Française de 1904 à 1933.
En 2013, la tombe a été entièrement refaite et un buste a été ajouté.



15ème division, un monument rend hommage au navigateur Jules Dumont d'Urville (1790-1842) qui fut le co-découvreur de la Vénus de Milo et surtout mena une expédition dans les mers du sud et l'Antarctique et donna à la France un territoire qui porte le nom de sa femme, Adéle (Terre Adélie).
Il mourut en 1842 avec son épouse et son fils dans la première catastrophe ferroviaire française à Meudon.






Un autre tombeau remarquable dans la 18ème division, est celui des époux Boucicaut. Fondateurs du Bon Marché, ils avaient révolutionné le commerce en ouvrant le premier grand magasin. Aristide mourut en 1877 et sa femme Marguerite dix ans plus tard. Il semble qu'ils aient laissé un profond souvenir à leurs employés si l'on en croit les plaques apposées sur la tombe.
Dans la 22ème division, nous découvrons le buste d'un poète et écrivain un peu oublié aujourd'hui Catulle Mendès (1841-1909). Il surplombe du haut d'une colonne, un jardin de fleurs de céramique qui semble parfaitement en harmonie avec son style d'écriture précieux et désuet. Encore une victime du chemin de fer, car on retrouva son corps le long d'une voie à Saint-Germain-en-Laye.





Dans la 26ème division, on rencontre la tombe d'un homme assez peu connu en dehors de son domaine, la chimie. Il avait la double nationalité française et capverdienne (quoique à l'époque le Cap-Vert était une colonie portugaise). Il s'appelait Robert Duarte Silva (1837-1889) et il fut président de la Société Française de Chimie. Aujourd'hui son pays d'origine le représente sur certains billets de banque.





Dans la 29ème division, une tombe étrange et presque gaie avec sa céramique décorée de petites fleurs champêtres. Il s'agit du monument réalisé pour la famille Wallon-Allard dont le plus illustre représentant fut, semble-t-il, l'architecte Paul Alexandre Joseph Wallon (1845-1918) . Il avait épousé Sophie Allard (1849-1905) avec laquelle, il eut cinq enfants. C'était un architecte de l'art-nouveau qui construisit en particulier de belles maisons individuelles.
              




15ème division : Le prince d'Achery Acheryoticos, duc  d'Annino, chambellan des papes Pie IX puis de Léon XIII , est protégé par deux lions au regard halluciné. ---->

9ème division : le musicien Emmanuel Chabrier (1841-1894) se voit rendre un hommage par le sculpteur belge Constantin Meunier. <-------

Un représentant de l'illustre famille Raspail, le fils aîné de François, Camille Raspail (1827-1893), qui fut médecin et député du Var. Il faut aussi commandant des forts du sud lors du siège de <Paris en 1870-71.
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Le poète et écrivain Hégésippe Moreau (1810-1838) a sa sépulture dans la 2ème division. Il disparut trop jeune, victime de la tuberculose et tomba dans l'oubli. Son buste est dû à Laure Coutan-Montorgueil. ----->


Dans la 1ère division, un hommage mérité est rendu à un grand sculpteur, François Rude (1784-1855) dont le buste est dû à Paul Cabet (sculpteur bourguignon comme son modèle). Avec lui repose son épouse Sophie, elle-même peintre et qui lui servit de modèle plusieurs fois et particulièrement pour la célèbre tête de la Marseillaise. A-t-il saisi l'expression de ce visage au moment où il rentrait dans la maison avec les pieds plein de boue?

Il faut aussi citer les figures protectrices tel cet ange veillant sur une tombe de la 26ème division.

Et cette autre tombe de la 27ème division, transformée en jardin miniature pour une femme qui devait aimer les fleurs plus que tout.



Et puis, il y a toutes ces figures féminines, pleureuses épuisées de chagrin ou supportant dignement la confrontation avec la mort de leur proche. Il arrive aussi parfois qu'on y voit un homme.
          

             


Enfin, cette tombe due au sculpteur Léopold Morice (1848-1908) pour servir de sépulture à toute sa famille. Léopold Morice est l'auteur entre autres du monument de la Place de la République et des figures de génies des eaux sur le pont Alexandre III (voir ici). 
Nul doute qu'en étant pleuré par une aussi charmante jeune fille on ait envie de ressusciter.
                

mardi 10 juin 2014

CLOÎTRE SAINT-SAUVEUR - AIX-EN-PROVENCE - Bouches du Rhône

Situé à l'emplacement du forum romain, ce cloître a été construit par les chanoines de la cathédrale Saint-Sauveur. Datant de la fin du XIIe siècle, c'est une véritable merveille de style roman.
Comportant évidemment quatre côtés, ceux-ci sont conçus comme un chemin initiatique, ayant chacun un thème. Le premier évoque l'Ancien Testament, le deuxième, le Nouveau Testament, le troisième, le triomphe du christianisme et le quatrième, un jardin paradisiaque plein de plantes merveilleuses.
           



Aux quatre coins, les colonnes ont chacune leurs particularités et sont surmontées par les symboles des évangélistes.
                         


Le pilier de Saint Jean supporte également une très belle statue de Saint Pierre; pour une raison inconnue, celle-ci avait été masquée par un muret, ce qui lui permit d'échapper aux exactions de la Révolution. Ce ne fut pas le cas d'une autre statue, de la Vierge celle-là, qui adossée à un pilier de la galerie Est, a beaucoup souffert de la sauvagerie des révolutionnaires.




Les chapiteaux tous différents, montrent des sculptures particulièrement soignées, illustrant les épisodes de la Bible. Il y a Balaam et son ânesse, le combat de David et Goliath, la naissance de Jésus, les apôtres, la Crucifixion, les Rois Mages, etc..
Certains ont souffert des affres du temps, d'autres ont été reconstitués par des artistes modernes à partir de descriptions ou de dessins, mais beaucoup montrent un état de conservation remarquable.




       


Les chapiteaux de la quatrième galerie sont ornés de végétaux et d'oiseaux.