mardi 18 avril 2017

MONUMENT NATIONAL DE LA VICTOIRE DE LA MARNE - MONDEMENT - MARNE

Le 4 septembre 1914, les Allemands sont aux portes de Paris. Le général Joffre décide de contre-attaquer et lance les troupes alliées franco-britanniques dans une grande contre-offensive qui se déroula du 5 au 12 septembre.
La partie centrale de cette gigantesque bataille eut pour théâtre les marais de Saint-Gond. La colline de Mondement fut prise et reprise tour à tour par les deux armées.
C'est à cet endroit d'où l'on pouvait observer le champ de bataille, que le parlement décida d'édifier un monument commémorant la victoire de la Marne.



C'est l'architecte Paul Bigot (1870-1942) qui dessina et conçut le monument et le sculpteur Henri Bouchard (1875-1960) qui le réalisa. Les travaux commencés en 1931 ne furent achevés qu'en 1939 et à cause de la guerre, l'inauguration n'eut lieu qu'en 1951.
Le monument lui-même est un monolithe creux de 33 mètres de haut constitué de béton à base d'agrégats roses de Moselle sur une armature métallique.
Il est orné de sculptures en bas-relief ainsi que de textes relatant la bataille dans des termes lyriques, .
"A la voix de Joffre, l'armée française en pleine retraite s'arrêta et fit face à l'ennemi. Alors se déchaîna la bataille de la Marne sur un front de soixante-dix lieues de Verdun aux portes de Paris. Après plusieurs jours de luttes héroïques, l'ennemi de toutes parts battait en retraite et sur toute l'étendue du front, la VICTOIRE PASSAIT."



En haut du monument, on peut voir la Victoire ailée traverser les nuages d'orage et apporter la lumière. Le bas montre les principaux généraux qui commandèrent la contre-offensive. De gauche à droite : Sarrail, de Langle de Cary, Foch, Joffre et un soldat, Franchet d'Esperay, French (général britannique bien nommé),  Maunoury et Galliéni.


Un autre texte figure sur le monolithe. Il s'agit de la déclaration du 6 septembre 1914 du général Joffre commandant en chef de l'armée. "Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et à repousser l'ennemi. Toute troupe qui ne pourra plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée."
Il en découla près de 200 000  morts ou disparus et plus de 300 000 blessés pour les deux camps, en une semaine.

Autour du monument, on peut voir d'un côté le château. Celui-ci occupé par l'armée allemande est repris par le 77e régiment d'infanterie et les zouaves du général Humbert, le 9 septembre.
Il est difficile de s'imaginer l'enfer qui régnait il y a un peu plus de cent ans sur ce charmant paysage bucolique.
De l'autre côté, se trouve l'église et son cimetière d'un aspect tout aussi paisible aujourd'hui.




lundi 17 avril 2017

CHAPELLE SAINT ALPIN - CHÂTEAU DE BAYE - MARNE

Dans le sud-ouest du département de la Marne, entre Sézanne et Epernay, se trouve un village appelé Baye. Là, on découvre un château qui a été transformé en Foyer de Charité.
Ce château construit vers le 13e siècle, a subi de nombreuses transformations jusque dans les années 1950 quand on lui a donné son statut actuel de foyer de charité.

Derrière cette aile se trouve une cour où l'on découvre d'autres bâtiments.

L'un d'eux cache un trésor : une chapelle construite entre 1205 et 1220 qui comporte de superbes vitraux datant de l'époque de construction.
                 



Cette chapelle est dédiée à Saint Alpin, né au 5e siècle et qui fut le huitième évêque de Chalons. Il serait aller négocier avec Attila pour épargner la ville de Chalons du pillage.

mercredi 12 avril 2017

RUE DES SAINTS PERES - PARIS - VIème et VIIème arrondissement.

Ce n'était qu'un simple chemin qui porta différents noms et qui prit à partir de 1535, le nom de rue Saint Pierre, à cause d'une chapelle dédiée à ce saint. Le nom se transforma en Saint Père et en 1652, prit enfin le nom de Saints Pères. C'était peut-être en référence aux moines qui dirigeaient l'Hôpital de la Charité installé à l'emplacement actuel du n°49.
Voici ci-dessous le plan du quartier à cette époque d'après Jacques Gomboust.
Aujourd'hui, la rue des Saints Pères se divise en deux parties : le sud est plutôt occupé par d'anciens hôtels particuliers tandis que dans la partie nord on voit essentiellement des magasins de luxe, galeries d'antiquaires, etc..
 Il est intéressant de commencer l'exploration de cette rue par la fin, c'est-à-dire le sud, là où les numéros sont les plus élevés. Ce qui se situe à la hauteur du carrefour avec la rue de Sèvres.


 Au 75, un bâtiment vraisemblablement du XVIIIe siècle montre une belle construction en pierre de taille et des ferronneries ouvragées.







L'immeuble suivant fut habité par des personnages illustres puisque c'st là qu'est mort l'écrivain Rémy de Gourmont (1858-1915) et le juriste serbe Baltazar Bogisic (1834-1908).







Au 65, l'hôtel des Saints Pères fut à l'origine un hôtel particulier construit par l'architecte Daniel Gittard (1625-1686). On doit à cet architecte du Roy, plusieurs constructions comme l'église Saint Jacques du Haut Pas (à Paris).








Au 60, un double portail s'ouvre sur d'anciens hôtels particuliers.





Le 54 abrite la Société d'histoire du protestantisme français fondée par le baron Fernand de Schickler (1835-1909). Cet homme avait acheté l'immeuble en 1885 et en fit don à la société.
A cet emplacement, s'élevait auparavant la demeure de Salomon de Brosse, architecte qui construisit le Palais du Luxembourg.
Malheureusement, Paris est le théâtre permanent de travaux (certainement utiles!) qui mettent des accessoires horribles partout. 


Le 52, beaucoup plus imposant est occupé par l'hôtel de Cavoye reconstruit en 1687 par Daniel Gittard. Il fut la propriété de Louis d'Oger de Cavoye (1639-1716) qui connut un destin étonnant. De petite noblesse, sa mère qui était veuve avec onze enfants, fut prise en charge par Anne d'Autriche régente du royaume. Le jeune Louis fut élevé avec Louis XIV qui lui garda une grande estime toute sa vie, lui attribua la charge de Maréchal du Logis du Roy et le fit marquis.
L'hôtel est plus célèbre aujourd'hui pour son actuel propriétaire : Bernard Tapie.
     
Il faut maintenant traverser le boulevard Saint Germain. De l'autre côté, ce qu'on découvre en premier est la cathédrale ukrainienne Saint Vladimir le Grand flanquée d'un petit square qui porte le nom de Tarass Tchevchenko (voir ici).

Au delà, au n°45, apparaît un énorme édifice à la façade grise et austère. Il s'agit de ce qu'on appelle communément la nouvelle faculté de médecine. La construction en fut décidée dans les années 1930, mais prit du retard et fut stoppée pendant l'occupation. Son but était d'alléger l'ancienne faculté sise rue de l'Ecole de Médecine mais elle n'entra en service qu'en 1953. C'est Louis Madeline (1882-1962) aidé de Jean Walter et Paul Andrieu qui fut chargé des travaux.


 Si la façade n'incite pas à la joie, elle est heureusement animée par des médaillons sculptés dans le style art-déco.





La porte monumentale en bronze, est l'oeuvre de Paul Landowski (1875-1961).
Le métope est orné d'un bas-relief représentant Asclépios, dieu grec de la médecine.
Les deux battants de la porte comportent également des bas-reliefs invisibles sur les photos.





En face, le n°34 présente un amusant décroché faisant le coin avec la rue Perronet.
Le n°30 est occupé par la chocolaterie Debauve et Gallais où on peut se procurer des "chocolats hygiéniques". C'est Sulpice Debauve qui fonda cette maison au début du XIXe siècle.
Derrière la grille, on aperçoit une agréable cour décorée de colonnes. Celles-ci proviennent du cimetière de l'église Saint-Benoit-le-Bétourné. Le bâtiment datant de 1819, est dû Charles Percier (1764-1838) et Pierre Fontaine (1762-1853) deux architectes initiateurs du style Empire.
Auparavant, à cet emplacement se trouvait un cimetière dédié aux protestants de 1604 à 1685. C'est là que furent enterrés les familles Ducerceau, Gobelins, de Brosse et Conrart.
       
Contiguë à cet établissement, on remarque une boutique portant l'enseigne, manufacture Cogolin. Il s'agit d'un fabriquant de tapis et moquettes uniques, confectionnés à la main. Leur particularité est le motif en relief. Voir leur site : ici.

Au n°28, se trouve l'hôtel Brochet de Saint-Prest appelé aussi hôtel Fleury. Il fut construit en 1772 par Jacques-Denis Antoine (1733-1801) et fut occupé à partir de 1831, par l'Ecole des Ponts et Chaussées. En 1997 cette école le quitte et Sciences Po y installe une annexe à partir de 2008.


Le 26 abrita Samuel Hahnemann (1755-1843) fondateur de la médecine homéopathique, à son arrivée à Paris en 1835. Il y vécut peu de temps avant de déménager rue Madame.









Le 18 a son rez-de-chaussée occupé par la jolie boutique d'antiquités "Marie Maxime".













En face, au 27, celle ou celui qui cherche une poignée de porte un peu particulière, la trouvera ici ou ne la trouvera jamais. Bien sûr, le prix sera à la hauteur de la rareté, mais quand on aime...
Au 16, s'ouvre un couloir qui mène à la Cour des Saints Pères, autre haut lieu de découverte d'objets d'antiquités.


 A côté, au 14, on découvre une belle devanture de fleuriste, suivie d'une boutique qui propose des papiers peints, tissus et cuirs d'ameublement. La maison Zuber qui date de 1790, continue à fabriquer ses modèles. Son site est un enchantement muséographique : ici.





En face entre les n°17 et 25, on peut voir plusieurs devantures. L'hôtel Da Vinci, un épicier, l'antiquaire Othello  ou la Galerie Canavese et cet autre antiquaire Bertrand de Lavergne.


 
 
Vient alors, un des établissements les plus fascinants de cette rue : la maison de Gournay qui fabrique des papiers peints à la main. Il est impossible de passer devant cette vitrine sans s'y arrêter pour l'admirer pendant de longues minutes. Leur site (ici) est aussi somptueux que leur magasin.
En face au n°10, se trouve le cabaret Don Camilo qui propose des dîners-spectacles d'humoristes.
Faisons une brève incursion dans la rue de Verneuil qui est ainsi nommée en l'honneur d'un fils qu'Henri IV eut avec une de ses nombreuses favorites, Henriette de Balzac d'Entragues.
Dans cette rue, au n°5, on découvre la maison qu'habita Serge Gainsbourg jusqu'à sa mort en 1991.


Depuis des décennies, les murs sont couverts de graffitis et de dessins, certains très beaux, d'autres horribles comme c'est depuis toujours le cas dans ce genre d'expression "artistique".


En poussant jusqu'au n°11, on découvre un bel immeuble avec de ravissantes sculptures d'ornement.
 



Retournons sur la rue des Saints-Pères où au coin avec la rue Verneuil, se trouve un autre magasin remarquable, celui de Robert Four d'Aubusson. On y voit de superbes tapisseries provenant de ce lieu et qui reproduisent des oeuvres célèbres comme la Colombe de la Paix de René Magritte.
 Dans la continuité, aux 8, puis au 6, deux nouveaux magasins d'antiquités permettent d'atteindre l'hôtel Pidou (ou Pidoux) datant de 1640.





Cet hôtel particulier possède un magnifique balcon supporté par quatre lions. Sur la rue de Lille dont il fait le coin on découvre le portail de l'hôtel. Ces deux attributs sont l'oeuvre de l'architecte Pierre Mouret vers 1753. Ce bâtiment fut à partir de 1852, le siège de la librairie des frères Garnier, Auguste (1812-1887) et Hippolyte (1813-1911).
    



 En face, au 13 une autre boutique d'antiquaire est installée avec une devanture d'un jaune éclatant.
Dans cet immeuble a vécu Juliette Bernard (1777-1849) plus connue sous le nom de Madame Récamier, et dont le salon fut très couru et qui fut portraitisée par de nombreux peintres.


 Aux 7, 7bis et 9, de grands portails s'ouvrent sur des façades sans réel intérêt.









Le n°3 offre une façade beaucoup plus ouvragée et intéressante. Malheureusement, on ignore qui fut son architecte et de quand date cette construction. Plusieurs galeries d'art l'occupent et elle fut habitée par la peintre Elisabeth Faure (1906-1964).
 
           


On en arrive au 2 qui fut en 1640 un très grand hôtel particulier faisant le coin avec le quai Malaquais (futur quai Voltaire) d'un côté et avec la rue de Bourbon (actuelle rue de Lille) de l'autre.
Il était propriété du Marquis de Bacqueville. Ce dernier était un original qui s'était mis en tête de voler. Il s'équipa de fausses ailes et s'élança d'une fenêtre de son hôtel vers la Seine. Evidemment, il tomba et s'en tira avec seulement une jambe cassée.
 Plus tard, l'hôtel fut scindé en deux. La partie qui fait le coin avec la rue de Lille est devenue l'Institut National des Langues Orientales.
La partie qui donne sur le quai Malaquais fut habitée par le Maréchal Thomas Bugeaud qui y mourut en 1849 du choléra.
Le sculpteur James Pradier y connut le même sort en 1852.