mercredi 22 octobre 2014

PLACE DES ETATS-UNIS - PARIS - XVIème arrondissement

La place des Etats-Unis existe depuis 1881. Elle a remplacé les quatre grands réservoirs de Chaillot qui alimentaient en eau toute une partie de Paris jusqu'à la Bastille.
Cette place s'est appelée auparavant place de Bitche en l'honneur de cette ville de la Moselle qui résista héroïquement à l'envahisseur allemand en 1870. Le problème vint lorsque la légation des Etats-Unis s'installa ici. En effet, en anglais, le nom Bitche pouvait induire des jeux de mots peu convenables surtout en diplomatie (bitch veut dire salope, voire putain).  Levy Parsons Morton, ministre plénipotentiaire à Paris de 1881 à 1885 intervint auprès du préfet de Paris qui fit ainsi changer le nom de la place en place des Etats-Unis. Comme il n'était pas question de dévaloriser la ville de Bitche, on donna ce nom à une place du XIXème arrondissement, près du canal de l'Ourcq.

 La partie ouest de la place des Etats-Unis est dominée par une belle sculpture d'Auguste Bartholdi représentant Gilbert du Motier de  La Fayette et Georges Washington se congratulant devant les drapeaux de leur nation.







Au milieu de la place, un square a été installé. Il est dédié à Thomas Jefferson grand ami de la France où il fut ambassadeur avant de devenir le troisième président des Etats-Unis. Les lampadaires et les grilles du jardin sont des copies de ceux qui sont installés dans Battery Park à New York.
                   


  On y voit deux monuments dédiés à des américains. L'un, Horace Wells (1815-1848) étant dentiste, fut le premier à pratiquer l'anesthésie au protoxyde d'azote lors d'une intervention ; l'autre est Myron Timothy Herrick (1854-1929), gouverneur de l'Ohio et ambassadeur en France de 1912 à 1914 et de 1921 à 1929.





 Au bas de la place figure un monument plus important que les précédents, dédié aux volontaires américains qui rejoignirent l'armée française lors de la première Guerre Mondiale. Il est surmonté d'une statue de Jean Boucher représentant Alan Seeger (1888-1916) un poète qui s'engagea dès août 1914 et périt en 1916 sur le champ de bataille de la Somme.


Autour de la place on peut voir de beaux et imposants immeubles typiques du style de la Troisième République.
                  



jeudi 16 octobre 2014

RUE CLOTILDE DE VAUX - PARIS - XIème arrondissement.

Cette petite rue qui n'a que 23 mètres de long, porte le nom d'une héroïne romantique et son décor est parfaitement assorti au personnage qu'elle honore.
Clotilde de Vaux fut une femme née en 1815 dans la famille de Ficquelmont, des nobles lorrains dont les sujets mâles étaient prédestinés au métier des armes. Son père, d'ailleurs a été officier et une fois la retraite arrivée, est devenu percepteur des impôts. Clotilde était l'aînée de trois enfants et ses deux frères respectant la tradition familiale, devinrent des officiers.
La famille habitait l'hôtel Lamoignon, dans la rue Pavée, à côté de l'hôtel Carnavalet.

En 1835, Clotilde épouse un employé de son père, Amédée de Vaux. Malheureusement, son mari est un triste sire qui joue et fait des dettes au point de même détourner l'argent déposé par les contribuables. Il s'enfuit à Bruxelles, laissant sa jeune femme sans ressource et avec un honneur bafoué. Qui plus est, de par la loi, elle ne peut divorcer et donc se remarier. Elle réussit malgré tout à faire prononcer la séparation. Pendant un temps, elle loge chez son frère puis emménage au 7 rue Payenne tout près de l'hôtel particulier de son enfance.
Son oncle Charles-Louis de Ficquelmont, ministre influent de l'Empereur d'Autriche lui octroie une rente qui lui permet de survivre. Elle se lance alors dans l'écriture et publie en 1844, un roman intitulé "Lucie".
C'est aussi en 1844, qu'elle fait une rencontre importante: son frère, élève de Polytechnique lui présente un de ses professeurs, Auguste Comte. Celui-ci tombe immédiatement amoureux de la jeune femme. Elle va avoir trente ans, lui dix-sept de plus. Clotilde ne céda jamais sur le plan physique aux instances du philosophe, mais une profonde amitié les lia. Elle exerça également une grande influence sur la pensée d'Auguste Comte qui évolua vers une vision mystique du positivisme.
Malheureusement, Clotilde était atteinte de la maladie de son siècle, la tuberculose. Elle s'éteignit en avril 1846, laissant son ami inconsolable. Tout le reste de sa vie, il se rendit sur sa tombe pour la pleurer. Elle devient dans son esprit la sainte patronne de la religion de l'Humanité qu'il a créé à partir de leur relation épistolaire quasi quotidienne.

La rue qui porte le nom de cette héroïne relie le boulevard Beaumarchais à la rue Amelot. Un buste de Clotilde par Décio Villarès (1851-1931) artiste brésilien est entouré d'un petit jardin.
           
Le fait que le sculpteur soit brésilien n'est surement pas un hasard car la religion de l'Humanité fondée par Auguste Comte a exercé une influence sur les dirigeants au point que la devise du pays est Ordre et Progrès, des mots issus de la pensée positiviste.


 En 1905, un groupe d'adeptes de la religion positiviste créa une église de l'Humanité au n°5 de la rue Payenne, dans la maison voisine de celle qu'occupait Clotilde de Vaux, .

Cela dit, une controverse subsiste sur la maison où vécut Clotilde, car certains adeptes prétendent qu'elle aurait habité au 5 et donc que son appartement se situait au troisième étage au dessus de l'église.
C'est une des deux seules églises qui subsiste dans le monde, l'autre se trouve évidemment au Brésil.
L'intérieur de l'église est tout aussi étonnant. Au bout d'un couloir, on monte un escalier et on parvient à une pièce de dimensions réduites au fond de laquelle se trouve un autel surmonté d'un retable. Celui-ci porte une image de la Vierge et un fronton avec une inscription tirée de la Divine Comédie de Dante. Sur les murs à droite et à gauche des figures de personnages de toutes natures : cela va de Charlemagne à Archimède, Héloïse, Descartes, etc..
     










Pour en savoir plus sur Auguste Comte, Clotilde de Vaux et le positivisme, cliquer sur cette adresse :
http://www.augustecomte.org/spip.php?rubrique7

mardi 14 octobre 2014

SQUARE GEORGES CAÏN - PARIS - IIIème arrondissement.

Au printemps 1871, Paris sort d'un siège épouvantable. Après l'armistice signé en janvier, certains membres du peuple parisien se sentent frustrés par la majorité élue au parlement qui ne leur est pas favorable. C'est le problème de la démocratie: on n'est content de la majorité élue que quand c'est celle qu'on a soi-même choisie. Et encore, pas toujours! L'insurrection prend forme en mars. C'est le début de la Commune de Paris qui met en place de nouvelles mesures très sociales.
Adolphe Thiers à la tête d'une armée importante se lance dans la restauration de son pouvoir. Il se trouve cantonné à Versailles, tout un symbole. La Commune avec son armée dérisoire non formée au combat ne peut résister aux Versaillais bien entraînés.
Le 21 mai, ceux-ci entrent dans Paris. C'est le début d'une répression sans merci qu'on a appelé la semaine sanglante.
Les Communards résistent et par dépit ou par désespoir, certains vont commettre des actes stupides mais chargés de symbole.
Le 22 mai 1871, un groupe de communards dirigé par Jules Bergeret, après avoir organisé une fête dans le Palais des Tuileries y amène des produits inflammables, arrose de pétrole les murs et les planchers et met le feu. Tout de suite, le palais devient un immense brasier et la poudre disposée dans le pavillon central explose faisant s'écrouler le dôme. L'incendie dure trois jours.
Le 24 mai, c'est le tour de l'Hôtel de Ville et d'autres édifices comme le Palais d'Orsay, le Palais de Justice, le Palais Royal, le Palais de la Légion d'Honneur.
Cela se termina le 28 mai par des massacres épouvantables dus à la bêtise haineuse de deux partis aussi irréductibles l'un que l'autre. Evidemment, ce sont les Communards qui payèrent le plus lourd tribut avec des milliers de tués et de bannissements.
Après toutes ces horreurs, la vie reprit son cours. On repeupla Paris en faisant appel à des provinciaux. Mais que fallait-il faire des ruines laissées par les incendies?
Après d'interminables discussions et tergiversations, le Palais des Tuileries fut définitivement détruit en 1883 ne laissant que les pavillons de Flore et de Marsan qui aujourd'hui terminent les ailes du Louvre.
De son côté, l'Hôtel de Ville est reconstruit dès 1874 en copiant largement l'aspect extérieur de l'ancien.

En 1923, à la place des jardins de l'hôtel Le Pelletier de Saint Fargeau, donnant sur la rue Payenne dans le IIIème arrondissement, fut créé un square qu'on nomma en l'honneur d'un artiste qui fut aussi conservateur du musée Carnavalet voisin : Georges Caïn.
Le lien avec ce qui précède? C'est dans ce square et aussi dans celui d'à côté, le square Léopold Achille qu'on disposa un certain nombre de vestiges des deux bâtiments que je viens d'évoquer. Il n'y a malheureusement aucune explication muséographique.
Néanmoins, on sait que le plus spectaculaire des vestiges est le fronton de l'horloge du Palais des Tuileries et les deux colonnes qui le soutiennent. Entre ces deux colonnes figure une sorte de médaillon encadré par deux personnages dont un ange. En fait, cette dernière sculpture provient du château de Saint Germain-en-Laye et date de Louis XIV.



 Autour, on peut voir des rosaces qui se seraient trouvées au plafond de l'Hôtel-de-Ville.
A côté de ces rosaces, il y a aussi différentes pièces ornementales dont on ignore la provenance.




Egalement, disposés au fond du square on peut voir plusieurs vestiges non identifiés (espérons qu'ils le savent au musée Carnavalet!).
 


Sur la gauche du square s'élève l'ancienne orangerie de l'hôtel Le Pelletier de Saint Fargeau qui abrite aujourd'hui une collection lapidaire du musée Carnavalet. Au fronton de ce bâtiment une sculpture représente la Vérité tenant un miroir qui jadis était orienté vers une figure de vieillard située au dos de l'hôtel. La symbolique de cet aménagement évoquait le Temps destructeur.



Au centre du square, un massif de fleurs entoure une statue d'Aristide Maillol malicieusement vivante dans ce cimetière de sculptures. Elle est tantôt appelée l'Ile-de-France et tantôt l'Aurore. Cette statue en a remplacé une autre due à Laurent Magnier (1615-1700) qu'on trouve encore mentionnée sur certains sites officiels comme celui de l'office du tourisme de Paris (un comble!).

N.B. : Il est aussi annoncé une installation d'art contemporain intitulée le Rossignol de Heinz, mais elle brille par son absence.




Juste à côté se trouve le square Léopold Achille. Ce nom est celui d'un ancien conseiller municipal du troisième arrondissement.
Là aussi on peut admirer deux vestiges qui proviendraient de l'Hôtel-de-Ville : une statue de la déesse romaine Pomone et une sorte d'alcôve voûtée décorée de quatre salamandres et de quatre "F", insignes du roi François Ier.
 

vendredi 10 octobre 2014

15, AVENUE HOCHE - PARIS - VIIIème arrondissement

Ce bel immeuble construit en 1908, est l'oeuvre d'un architecte nommé A.Cluseau. Il est difficile de trouver des renseignements sur cet homme. Il n'a pas laissé beaucoup de traces de son passage sur terre, deux ou trois immeubles parisiens et sans doute, espérons-le pour lui et sa carrière, d'autres constructions en Île-de-France. Il aurait aussi participé à l'écriture d'un ouvrage sur la charpenterie.
Là, il faut reconnaître qu'il aurait mérité une plus grande reconnaissance de la postérité pour ce beau bâtiment situé près de la très chic plaine Monceau.
Aujourd'hui, il abrite la société de production et de distribution cinématographique les Films 13 fondée par Claude Lelouch ainsi que le restaurant le Club 13.
                


Ce qui est étrange dans cet aménagement, c'est qu'on accède à l'intérieur par une grille placée sur le côté et qui se prolonge par une allée.

Le long de cette allée, on découvre de curieux bas-reliefs très usés par les ans. Ils représentent des scènes de jeux enfantins avec des putti ou des amours. Il n'y a malheureusement aucune explication sur l'origine de ces sculptures qui semblent dater du 17ème ou du 18ème siècle.
Peut-être faudrait-il rencontrer Claude Lelouch pour en savoir un peu plus.




vendredi 3 octobre 2014

FONTAINE DES QUATRE SAISONS - Rue de Grenelle - PARIS VIIème arrondissement

Ce monument superbe situé aux 57 et 59 de la rue de Grenelle date de 1739. Certes, il est superbe, mais il pourrait l'être encore bien plus s'il était entretenu et nettoyé comme il le mérite. Depuis des années, il m'arrive occasionnellement de passer devant , de l'admirer et aussi de le plaindre en constatant que la crasse parisienne continue de le recouvrir.
C'est Edmé Bouchardon (1698-1762) qui en est l'auteur. A la fois, architecte, sculpteur et dessinateur, cet artiste fut l'élève de Guillaume Coustou et Prix de Rome en 1722. C'est pendant son séjour de neuf ans à l'Académie de France à Rome, qu'il prit le goût du style antique et qu'il se démarqua du rococo à la mode à cette période. Modérément apprécié de son temps, on peut le considérer comme un précurseur du néo-classicisme.
En 1739, la ville de Paris lui commanda cette fontaine monumentale. Au centre, un avant-corps présente trois statues représentant la ville de Paris, la Seine et la Marne.
          

De chaque côté, des ailes en arcs de cercle sont ornées de statues et de bas-reliefs figurant les saisons.

Derrière l'allégorie de Paris, une plaque de marbre noir porte un texte latin dû au cardinal Fleury (ministre de Louis XV).
DUM LUDOVICUS XV
POPULI AMOR ET PARENS OPTIMUS
PUBLICÆ TRANQUILLITATIS ASSERTOR,
GALLICI IMPERII FINIBUS,
INNOCUE PROPAGATIS,
PACE GERMANOS RUSSOSQUE
INTER ET OTTOMANOS
FELICITER CONCILITA,
GLORIOSE SIMUL ET PACIFICE
REGNABAT.
FONTEM HUNC CIVIUM UTILITATE,
URBISQUE ORNAMENTO.
CONSECRARUNT
PRAEFECTUS ET ÆDILES
ANNO DOMINI
M.DCC.XXXIX
Ce qui veut dire : "Au temps où Louis XV, père excellent et amour de son peuple, garant de la paix publique, après avoir étendu sans dommage les frontières du royaume de France, après avoir obtenu la paix entre les Germains, les Russes et les Ottomans, régnait avec gloire et pacifiquement, le préfet et les édiles ont consacré cette fontaine pour l'utilité des habitants et l'ornement de la ville, en l'an du Seigneur. 1739."
Tous ces éloges adressés au roi, montre la grande dévotion dont il était l'objet. En réalité, tous les bienfaits qui lui sont attribués proviennent essentiellement du cardinal rédacteur puisque c'était lui qui dirigeait la France derrière un roi assez peu enclin à s'occuper de politique.
 Les bas-reliefs sont particulièrement remarquables par leur délicatesse. Ils montrent des putti occupés aux tâches propres à chaque saison.
 <---- le printemps
l'été ---->



<---- l'hiver
l'automne ---->
Curieusement, on trouve au 1, rue du Vieux-Colombier (Paris 6ème), un immeuble orné de copies de ces bas-reliefs. La sculpture en est moins aboutie, mais ils ont l'avantage d'être propres.
Malheureusement, je ne sais pas pourquoi cet immeuble est ainsi décoré et je n'ai même pas trouvé le nom de l'architecte.

Le portail à droite de la fontaine ouvre sur le musée Maillol, consacré, bien sûr à ce grand artiste, mais aussi à des expositions variées. Dans une maison située derrière la fontaine, Alfred de Musset a habité durant son adolescence de 1824 à 1830.

Tout à côté de la fontaine au n°51 de la rue de Grenelle, se trouve une boutique charmante et insolite dans ce quartier ; c'est une fromagerie tenue par Nicole Barthélémy et une institution qui peut se flatter de servir la table de l'Elysée. Dans cet oasis de fraîcheur, on peut trouver une infinité de pâtes fleuries ou non qui font la gloire de notre terroir. On y trouve également des biscuits de qualité, du miel parfumé, etc..