jeudi 20 décembre 2012

PASSERELLE SIMONE DE BEAUVOIR - PARIS - XIIème arrondissement.

"Son ancrage rotationnel sur ses appuis ramène sa hauteur structurelle à l'échelle des différences de niveau des quais." (Wikipedia)
Ha, bon? 
A part ça, cette passerelle présente un aspect esthétique indéniable.
Depuis 2006, franchissant la Seine  entre le Parc de Bercy et la TGB François Mitterrand, on peut même dire qu'elle valorise légèrement les tours de la Bibliothèque qui en ont bien besoin tant elles manquent de charme.
 







Depuis la passerelle, on a une vue sur le pont de Tolbiac et sur une partie de Paris moins glamour que ce qu'on voit habituellement sur les sites dédiés à la ville. Paris, c'est aussi ce genre de paysage avec un ciel parfois menaçant.
 









mercredi 12 décembre 2012

LUMIERES D'EGLISE

En fouillant dans mes archives, j'ai retrouvé quelques photos glanées ici et là.
Baume-les-Messieurs (Jura)
Cathédrale de Meaux (Seine-et-Marne)
Notre-Dame de la Salette (Paris 15e)
Basilique de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)
Eglise Saint Gilles à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine)
Eglise Saint-Jean de Montmartre (Paris 18e)
Notre-Dame de Paris
Je ne passe pas ma vie dans les églises, mais chaque fois que j'en rencontre une et qu'il y a du soleil, je tente de récolter des images poétiques.
Et bon anniversaire à Notre-Dame de Paris qui va fêter ses 850 ans, en dépit des multiples vicissitudes de l'histoire qu'elle a subi.
Ce qui ne me rassure pas, c'est que Disneyland serait plus visité que Notre-Dame.  Ceci dit, les informations varient d'une source à l'autre. Je n'ai rien contre Disneyland que j'ai visité plusieurs fois, mais de ces deux sites, je sais celui que je préfère.

lundi 10 décembre 2012

LA DEFENSE - PARIS.

Une courte excursion dans l'étrange quartier de la Défense. 
Dépaysant, loin des églises romanes ou des hôtels particuliers art-nouveau que je fréquente habituellement, voici quelques photos des découvertes qu'on peut faire en se promenant dans ce monde où tout a moins de 50 ans (ou presque tout).
L'emblème de la Défense: la Grande Arche qui date de 1989
L'Araignée rouge de Calder et la tour EDF (165 m).
Le monument de Barrias devant la Grande Arche.

Anachronique, le vieux manège.
Icare par Igor Mitoraj; les bras lui en tombent.
Le Téléphone d'André Barelier
La Danse par Selinger.
Le Somnanbule d'Henri de Miller.
Commencé, en 1958, par le CNIT, ce quartier a petit à petit grandi et s'est érigé en vitrine du modernisme. Structuré autour d'une dalle centrale, sa surface est de 160 ha. Seule concession à l'ancien temps : le groupe sculpté de Louis-Ernest Barrias érigé en hommage aux défenseurs de Paris durant le siège de 1870 et qui donne son nom au quartier.

mercredi 5 décembre 2012

JUMIEGES

Voici un site cher à mon coeur pour deux raisons: d'abord, ce sont des ruines magnifiques riches d'un passé admirable et j'ai un fort penchant pour les ruines.
Ensuite, c'est ici que la belle Agnès Sorel (favorite de Charles VII) est morte le 9 février 1450.
L'abbaye de Jumièges a été fondée au 7ème siècle, mais les bâtiments dont on voit aujourd'hui les ruines datent du milieu du 11e siècle (donc, de style roman). Plus tard au 13e siècle, le choeur de l'église Notre-Dame fut reconstruit en style gothique, ainsi que la petite église adjacente vouée à Saint Pierre.
Durant les guerres de religion, en 1562, l'abbaye fut pillée et mise à sac par les protestants.
C'est à la Révolution qu'elle connut le sort le plus dramatique puisque vendue comme bien national, elle fut démembrée et servit de carrière jusqu'en 1824. Cette année-là, son propriétaire décide d'interrompre la destruction de ce monument remarquable. Ses successeurs feront mieux puisqu'ils en tentèrent la restauration ou au moins la préservation. Elle est aujourd'hui la propriété de la Région.

Eglise Notre-Dame
 

Eglise Saint-Pierre 

Une légende est attachée au site de Jumièges: celle des énervés. Les fils de Clovis II (roi mérovingien, fils de Dagobert Ier) se révoltèrent tandis que leur père était parti en pèlerinage en Terre Sainte. A son retour, il les vainquit et décida de les énerver (leur couper les tendons des jarrets). On les confia ensuite à la grâce de Dieu en les mettant sur un bateau au fil de la Seine. Ils échouèrent à Jumièges où l'abbé du moment, futur Saint Philibert, les admis comme moines. 
En fait, ils régnèrent à la suite de leur père, tout en se faisant mutuellement la guerre, passe-temps préféré des rois mérovingiens.
Le peintre Evariste Luminais a fait un tableau qui montre les pauvres princes livrés au flot paisible de la Seine. 

Agnès Sorel fut la première favorite déclarée d'un roi de France. Les précédents monarques avaient des maîtresses, mais très peu nous sont connues et pour cause, l'adultère était condamné par l'Église. Pourtant, dans un monde où les mariages étaient arrangés à l'avance en fonction de considérations politiques, il était tout à fait concevable qu'un homme normalement constitué aille chercher le réconfort ailleurs que dans le lit conjugal.
Ce n'était pas forcément une position très confortable que d'être favorite; bien sûr, on avait le plaisir d'être aimée par l'envoyé de Dieu sur Terre avec tous les privilèges surtout matériels que cela entraînait. Mais il y avait aussi à subir la jalousie de l'entourage du roi, et principalement de la reine. Généralement, le peuple cristallisait ses mécontentements sur la favorite accusée d'exercer une mauvaise influence sur le roi et de dilapider l'argent du royaume. Ce ne fut pourtant pas toujours le cas. 
Mais pour revenir à la belle Agnès, elle fut l'objet de beaucoup de critiques de tous les pisse-vinaigre du royaume (et du Dauphin), car elle arborait des tenues extravagantes jugées impudiques et elle recevait des cadeaux somptueux de Charles VII. Plusieurs domaines lui furent offerts dont celui de Beauté (près de Vincennes) qui lui valut son surnom de "Dame de Beauté".
En janvier 1450, enceinte de sept mois, elle décide pour une raison inconnue de rejoindre le roi occupé à reconquérir la Normandie sur les Anglais. Elle arrive à Jumièges épuisée par le voyage. Victime d'hémorragies, elle s'éteint le 9 février.
L'analyse, effectuée en 2004, de ses quelques restes prouve qu'elle fut victime d'un empoisonnement au mercure (accidentel ou volontaire, on ne le saura sans doute jamais). Elle avait environ 28 ans.
En fait, elle n'est pas morte à Jumièges même, mais dans une grande maison située sur la commune du Mesnil -sous-Jumièges. On appelle toujours cette maison le "Manoir d'Agnès Sorel".

jeudi 29 novembre 2012

L'IMMEUBLE AUX OISEAUX - PARIS - VIIème arrondissement.



55, quai d'Orsay, 7ème arrondissement.

Un bel exemple de transition entre l'art-nouveau et l'art-déco.
Louis-Hippolyte Boileau était fils et petit-fils d'architecte et architecte lui-même. Né en 1878,  il participa à la construction de l'hôtel Lutétia en 1912. C'est peu après, en 1913, qu'il construisit cet hôtel particulier à l'angle du quai d'Orsay et de la rue Sully-Prudhomme.
Appartenant déjà au style art-déco naissant, il reste fortement influencé par le style art-nouveau sur le point de disparaître. Il faut dire que l'architecte jeune et forcément attiré par l'esthétique nouvelle, s'est adjoint un sculpteur, Léon Binet, qui avait travaillé avec de grands anciens tels Jules Lavirotte et Théo Petit.
Cet ornemaniste réputé a laissé son goût pour la nature s'épanouir dans des réalisations très marquées par l'amour des oiseaux.
 

 


Plus tard , Louis-Hippolyte Boileau s'orientera vers des bâtiments plus ostensiblement art-déco comme le restaurant Prunier. C'est lui aussi qui conçut le pavillon du Togo de l'exposition coloniale de 1931. Ce dernier est aujourd'hui le pavillon du centre bouddhique du bois de Vincennes.


dimanche 25 novembre 2012

LE PONT TRAVERSE (librairie) - PARIS - VIème arrondissement.

62, rue de Vaugirard.
Installée dans une ancienne boucherie, voici une librairie qui ne passe pas inaperçue quand on passe devant.
La couleur de sa devanture, ses sculptures bouchères, ses décors émaillés, et surtout à l'intérieur, l'amoncellement de livres variés à l'infini. Ne cherchez pas ici le dernier prix littéraire, mais de vieux bouquins introuvables traitant de poésie, de surréalisme, de beaux-arts et de toutes sortes de choses.
Cette librairie fut fondée en 1949 par Marcel Béalu (1908-1993) qui, après plusieurs déménagements dans le quartier, s'installa en 1973, dans cette ancienne boucherie formant le coin de la rue Madame et de la rue de Vaugirard, à deux pas du Jardin du Luxembourg.
On ne peut pas se passer d'évoquer la personnalité de Marcel Béalu, écrivain-poète, ami des surréalistes, de Max Jacob et de bien d'autres. Il donna à sa librairie ce nom de Pont Traversé en hommage à Jean Paulhan qui avait écrit une nouvelle qui portait ce nom.
 


LA MOUCHE
Marcel BÉALU
Je n'aurais, bien sûr ! pas fait de mal à une mouche. Mais celle-ci persistait dans son infime et agaçante présence, se collait au bord de la table, semblait, malgré l'avancement de la saison, ne vouloir en finir avec sa vie de mouche. D'une chiquenaude, je l'envoyai sur le sol et me remis à écrire. Au bout d'un long moment, levant le nez, je l'aperçus qui se traînait encore sur l'espace vide du plancher. Non sans un peu de répulsion, je tendais le pied pour l'achever quand j'eus l'impression qu'elle avait augmenté de volume. Quel idiot j'étais d'avoir pris pour une innocente mouche ce perfide insecte deux fois gros comme elle ! Sans hésitation, je l'écrasai. Mais à peine ma semelle relevée, la disgracieuse bête, grosse à présent comme un cancrelat, détalait avec une extraordinaire vélocité et comme je la poursuivais, comme j'allais l'atteindre, se glissait sous un coin du tapis. Alors je m'acharnai, foulant l'endroit où je la présumais cachée, sûr cette fois d'en être quitte. Il n'en fut rien pourtant. Je n'étais pas depuis deux secondes à nouveau penché sur ma page que je vis la carpette se soulever lentement et une sorte de monstrueux hanneton noir en sortir. Il avançait difficilement, en laissant une trace brunâtre. Mais lorsqu'il m'eut entrevu, et malgré son état lamentable, le hideux animal pris de panique parut se soulever du sol. Et tandis que je le pourchassais autour de la chambre il se métamorphosait devant mes yeux. Sous lui le paquet de tripes grises enflait, prenait forme, comme si la carapace n'eût été qu'un cocon inutile. Et bientôt, je me rendis compte que cette bestiole n'était pas plus mouche que blatte mais simple souris blanche. Enfin, d'un coup de pied, je réussis à l'aplatir, immobile, au milieu d'une flaque de sang. Je me retournai. Autour de la table, les membres de ma famille étaient assis et me regardaient avec un douloureux étonnement nuancé de reproche.

Mémoires de l'ombre




mardi 20 novembre 2012

EGLISE SAINT ROCH - PARIS - Ier arrondissement.

184, rue Saint-Honoré, 1er arrondissement.
L'église Saint Roch est considérée comme une des plus belles de Paris.
On la voit généralement comme l'église des artistes parce que beaucoup y ont été inhumés et plus récemment, c'est ici que sont célébrées les obsèques des gens connus dans le monde des arts et des lettres.
Construite entre 1653 et 1722, elle est l'oeuvre d'abord de l'architecte Le Mercier, puis d'une succession d'autres dont le plus célèbre fut Jules Hardouin-Mansart.

Elle renferme quelques merveilles de l'art classique ou baroque qui malheureusement ont beaucoup souffert des destructions révolutionnaires.
Par exemple, cette chaire due à l'origine à Simon Challe et plusieurs fois remaniée. Aujourd'hui, il ne reste de l'oeuvre originale que l'abat-voix spectaculaire montrant "l'Ange de la Vérité soulevant le voile de l'erreur".

Cette chaire est soutenue par quatre personnages représentant les vertus cardinales: la Tempérance, la Force, la Prudence et la Justice. Ces sculptures beaucoup plus récentes sont dues à Gabriel Rispal (1892-1970). 
 

Elles auraient été façonnées à partir de poutres en chêne provenant de la charpente du Louvre (J.Hillairet, Connaissance du Vieux Paris. P.205)
Autre chef-d'oeuvre de l'art classique cette fois, ce qui reste du tombeau du peintre Mignard, c'est-à-dire le buste de l'artiste et la statue de sa fille Catherine, comtesse de Feuquières. Les autres parties du tombeau ont  disparu pendant la Révolution.
 Ce sont des oeuvres de Desjardins et Le Moyne.

Une des plus belles sculptures de l'église Saint-Roch est la Nativité de Michel Anguier. Il s'agit de l'original qui se trouvait auparavant au Val-de-Grâce (voir l'article du 19 septembre 2012).

 
La figure de Saint Joseph est très expressive dans sa posture de stupéfaction. "Comment cela est-il possible?", semble-t-il dire.

Au dessus de ce groupe, une gloire de Etienne-Maurice Falconet.
 
Le plafond de la chapelle de la Vierge est dû à Jean-Baptiste Pierre (1714-1789).






Il y a bien d'autres chefs-d'oeuvre dans cette église, tels ceux de la chapelle contenant les fonts baptismaux. Un groupe du bien nommé Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778) représentant le baptême du Christ (1731) est complété par la cuve comportant un pied en marbre et un couvercle pyramidale en bois de cèdre.
 

A l'extérieur, il ne faut pas manquer une curiosité : un joli magasin d'antiquités nommé Rarissime. Il est enchâssé dans les murs de l'église. Il aurait été créé en 1638 bien avant la pause de la première pierre de l'église, qui aurait donc été construite par dessus.
Pendant longtemps, ce fut le lieu d'exercice d'un barbier. Maximilien Robespierre venait là s'y faire raser; et puis, un jour on lui a coupé la tête, et le barbier a perdu un client. A l'époque, il a dû en perdre pas mal pour la même raison, d'ailleurs.