mercredi 28 mars 2018

COLONNE VENDÔME - PARIS Ier arrondissement.

Parmi les places importantes de Paris, la place Vendôme est une des plus prestigieuses. Par son harmonie rigoureuse, par son architecture élégante et par les établissements qu'elle héberge, elle est devenue le symbole du luxe.
Sur les conseils de Louvois, c'est Louis XIV qui décide en 1685, de créer cet espace, en remplacement de l'hôtel de Vendôme et d'une partie du couvent des Capucines. Elle devait être appelée place des Conquêtes mais prit finalement le nom de Louis-le-Grand.
      

Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) et Germain Boffran (1667-1754) proposent une place rectangulaire de 213 mètres sur 124 mètres à pans coupés; ce qui revient à dire qu'elle est octogonale. Les travaux commencèrent en 1686, mais furent interrompus pour reprendre en 1699. C'est à cette date qu'on installa au centre une statue de Louis XIV. Elle était monumentale puisqu'elle faisait avec le socle 17 mètres de haut. Elle était l'oeuvre de François Girardon (1628-1715) et avait été coulée, parait-il, d'une seule pièce par Jean-Balthasar Keller (1638-1702).
Vint la Révolution, et bien sûr, après l'abolition de la royauté en 1792, le démontage de tous ses symboles. La statue fut fondue et peut-être servit à faire des canons pour les armées de la République. La place devint la place des Piques.
En 1806, Napoléon Ier demanda à ce qu'on érige une colonne de 44 mètres, à la même place revêtue du bronze des 250 canons pris à l'ennemi lors de la bataille d'Austerlitz (2-12-1805). Elle fut surmontée d'une statue de l'Empereur en César par Antoine Chaudet (1763-1810).
En 1814, on descendit l'empereur et on employa le bronze pour la statue d'Henri IV, installée sur le Pont-Neuf. Sur la colonne, on posa une fleur de lis qui y resta jusqu'en 1833. A ce moment, Louis-Philippe Ier voulant flatter les bonapartistes remit une statue de Napoléon, en redingote et petit chapeau. Napoléon III enleva cette statue qui connut quelques vicissitudes avant d'être mise aux Invalides en 1911 (elle y est toujours). Une copie de la statue primitive fut à nouveau réalisée en 1853. C'est encore celle-ci qu'on voit aujourd'hui.

Pour la colonne elle-même, le revêtement de bronze monte au sommet par une spirale ornée de bas-reliefs montrant l'armée en marche. Le socle est aussi revêtu de bronze en bas-reliefs montrant des trophées et équipements militaires multiples et variés. Des aigles en marquent les quatre coins.
        


La porte est surmontée d'une inscription en latin glorifiant l'empereur et ses soldats et qui peut se traduire ainsi:  Napoléon Empereur Auguste a consacré à la gloire de la Grande Armée cette colonne formée de l'airain conquis sur l'ennemi pendant la guerre d'Allemagne, remportée sous son commandement en 1805 en l'espace de trois mois. 
En mai 1871, alors que le gouvernement de la Commune était maître de Paris, Gustave Courbet convainquit les dirigeants de détruire la colonne. Ce fut fait, mais après le retour du gouvernement légal, le peintre fut condamné à reconstruire  la colonne, avec ses propres deniers. Il s'exila en Suisse et mourut en 1877 sans avoir acquitté sa dette.

 Une mention spéciale pour les très belles lanternes placées à trois coins de la place. Elles furent dessinées par Jules Hardouin-Mansart. Elles montrent des "L" entrelacés surmontés d'une couronne et d'un oiseau fabuleux (sphinx?). Il devait y avoir une lanterne pour chacun des quatre coins de la place mais seules trois ont été fabriquées.


dimanche 25 mars 2018

HOTELS - RUE MONSIEUR-LE-PRINCE - PARIS - VIème arrondissement.

Cette rue longeait autrefois, à l'extérieur, l'enceinte de Philippe Auguste, entre les portes Saint Germain et Gibard (à l'emplacement de l'actuel boulevard Saint Michel). Elle s'appelait d'ailleurs, autrefois, rue des Fossés-Monsieur-le-Prince.
Elle doit son nom au prince de Condé qui possédait un domaine cerné par l'actuelle rue de Vaugirard, la rue de Condé et la rue Monsieur-le-Prince.
Le dessin ci-contre à droite, provient d'un détail du plan de Turgot en 1739.
Louis V Joseph de Bourbon-Condé en 1773, s'installa dans un nouveau palais (palais Bourbon) et vendit l'ancien au roi qui décida d'y faire construire un théâtre, le futur théâtre de l'Odéon.

Le n°4 était l'hôtel de Bacq ou Darlons qui s'étendait jusqu'à la rue de Condé et qui date de 1753. Le porche est magnifique avec ses sculptures. Il a été construit pour Pierre Darlons, secrétaire du prince de Condé à l'emplacement des écuries du prince.
                

Au n°10, a vécu longtemps Auguste Comte, père du positivisme (voir ici).
Plus loin, au n° 14 se trouve un immeuble dont la porche d'entrée est original. Le haut est en arc brisé, tandis que le bas de la porte proprement dite est en bois sculpté, figurant la perspective d'une voûte.
Le tympan est encadré de deux sculptures montrant d'un côté, une femme personnifiant la Studieuse et de l'autre, une autre figurant la Libertine. Au centre de l'arc, un mascaron complète l'ornementation.
               


Cet immeuble a été habité par Camille Saint-Saens de 1877 à 1889 ainsi que l'écrivain américain, Richard Wright de 1948 à 1959.