dimanche 8 novembre 2015

EGLISE SAINT ETIENNE DU MONT - PARIS - Vème arrondissement.

En 1492, l'église Saint Etienne érigée sur la montagne Sainte-Geneviève, étant trop petite, on commença la construction d'une plus grande. Il fallut attendre 134 ans pour qu'elle soit terminée et elle ne fut enfin consacrée qu'en 1626.
Elle mêle ainsi plusieurs styles, du gothique pour le choeur et la tour, au style Louis XIII pour la façade. Ses architectes ou constructeurs furent Etienne Viguier, Claude Guérin, Pierre Nicolle et même Victor Baltard pour des travaux de restauration en 1861-65.
La façade présente de nombreuses statues et bas-reliefs. La porte est ainsi encadrée par des statues de Saint Etienne et de Sainte Geneviève. Au tympan se trouve un bas-relief représentant le martyr de Saint Etienne, lapidé pour s'être opposé au Sanhédrin. Au-dessus, se trouve un bas-relief représentant la résurrection du Christ surmonté lui-même par la rosace encadrée par les statues de l'archange Gabriel et de la Vierge agenouillée. La porte en bois porte elle aussi des représentations de Saint Etienne et Sainte Geneviève ainsi que les monogrammes de ces deux saints.
Le clocher est coiffé d'un lanternon (ou campanile) et possède un escalier accolé.
Sur la photo de gauche, on aperçoit une tour à droite: c'est le dernier vestige de l'abbaye Sainte Geneviève qui se trouvait autrefois à cet endroit. Elle fut démolie en 1807 pour permettre de percer la rue Clovis. Seul le clocher fut épargné et renommé tour Clovis. Elle se trouve imbriquée dans les bâtiments du lycée Henri IV. Quelques décennies plus tôt, on avait chargé l'architecte Soufflot de construire une grande abbatiale pour remplacer l'ancienne. On l'appelle aujourd'hui le Panthéon et malgré son nom, ce bâtiment n'a plus rien de religieux.
                  

Vue du nord, depuis la rue de la Montagne Sainte Geneviève, l'église nous montre son aspect gothique sauf en ce qui concerne le portail latéral qui est du même style que la façade.
             



La splendeur de cette église réside principalement dans son intérieur avec un chef-d'oeuvre unique à Paris : son magnifique jubé de style renaissance (1521-1545).
La nef très claire, s'élève à 25 mètres et a une longueur de 68 mètres.
                         

La très belle chaire en bois de chêne (1651) a été dessinée par Laurent de la Hire (1606-1656) et sculptée par Claude Lescotard.
                 
Samson assis sur le cadavre du lion de Thamnatha soutient la cuve autour de laquelle figurent des représentations des vertus cardinales et théologales. Les panneaux entre les vertus sont ornés de scènes de la vie de Saint Etienne.
L'abat-voix est surmonté d'un ange tenant une trompette et d'angelots. Son plafond est orné de la colombe du Saint-Esprit, symbole de la bonne parole divulguée aux fidèles.
 La chapelle du Sépulcre renferme une très belle mise au tombeau en terre cuite du XVIe siècle.






Si cette église est dédiée à Saint Etienne, il ne faut pas oublier qu'elle se trouve aussi sous le patronage de Sainte Geneviève, dont le tombeau se trouve dans une chapelle à son nom. Il s'agit en fait d'un cénotaphe puisque son tombeau a été profané en 1793 par les sans-culottes et ses restes brûlés. Lorsque en 1802, les églises rouvrirent, le curé qui prit en charge la paroisse, retrouva la pierre qui avait recouvert le corps de la sainte depuis 512. Elle fut déposé dans l'église et ce n'est qu'en 1852 qu'on la recouvrit d'une couverture de dentelle de métal ouvragé. On construisit au-dessus un dais (ou ciborium) orné de figures bibliques, telles les vierges sages et vierges folles et Simon  le stylite.
             

 Dans cette chapelle, se trouve aussi une châsse contenant une relique de la sainte retrouvée plus tard. Tout ce décor un peu trop chargé est typique de l'époque où il a été aménagé quand le néogothique était très à la mode.



Dans la suite de cette chapelle dédiée à la sainte patronne de Paris, se trouve une pièce où se trouve l'entrée de la sacristie et la porte donnant sur la rue Clovis. On y découvre une statue de Saint Etienne datant de 1867.





En empruntant la porte qui mène à la sacristie, on est conduit vers une chapelle dite des catéchismes, appelée aussi cloître du charnier à cause d'un cimetière qui était à cette place auparavant. Outre la taille imposante de cette salle aménagée par Victor Baltard, on y découvre une belle ornementation.
 

Mais ce qui est beaucoup plus intéressant, ici, ce sont les vitraux remarquables qui occupent tout un côté de la salle et qui datent du début du XVIIe siècle. Ils furent déposés en 1918, mis à l'abri avec beaucoup d'autres et remis en place en 1920.




En retournant vers l'église, et en suivant le déambulatoire, on peut voir la chapelle de la Vierge, disposée comme souvent, derrière le choeur.

Dans la continuité de la partie nord de l'église se trouvent plusieurs chapelles qui accueillent les tombes de Blaise Pascal et de Jean Racine.


Le buffet  d'orgue est le plus ancien de Paris. Il date de 1630 et est dû à Jean Buron. L'orgue lui-même est de Pierre Le Pescheur et date de 1636.






On en arrive maintenant à la merveille qui est le principal attrait de cette église : le jubé. Cette sorte de passerelle à la limite du choeur et de la nef était autrefois destinée aux lectures saintes et aux sermons. Celui-ci construit entre 1521 et 1545, allie les styles gothique et renaissance avec une très grande élégance.
      












On ne se lasse pas d'admirer l'harmonie des formes et volumes de cette église et certains détails qui montrent la recherche de la perfection chez les constructeurs.

            

lundi 2 novembre 2015

CATHEDRALE UKRAINIENNE SAINT VLADIMIR LE GRAND - PARIS - VIème arrondissement.

Au coin du boulevard Saint Germain et de la rue des Saints-Pères, c'est comme une petite enclave ukrainienne qui a été installée dans Paris. Elle regroupe le square Tarass Tchevchenko et la cathédrale saint Vladimir le Grand appartenant à l'église gréco-catholique ukrainienne.
Cette modeste cathédrale était à l'origine la chapelle de l'hôpital des frères Saint-Jean de Dieu dit aussi hôpital de la Charité. Elle fut reconstruite en 1732 par Robert de Cotte (1656-1735) élève, beau-frère et successeur de Jules Hardouin-Mansart. A la Révolution, on y enseigna la médecine, puis Jean-Nicolas Corvisart, médecin de Napoléon Ier l'occupa à partir de 1802 pour y exercer son métier. Elle fut ensuite affectée à la faculté de médecine et servit de salle de conférence. Enfin, en 1942, elle fut transférée à la communauté ukrainienne qui lui donna le nom de Saint Vladimir-le-Grand (958-1015) souverain de la principauté de Kiev qui convertit son pays au christianisme.
               

Sur le côté de cet édifice, côté boulevard Saint Germain existe un petit square qui fut autrefois appelé de la Charité. Entre le XIIIe siècle et le XVIIIe, il y avait à cet endroit un cimetière dédié tour à tour aux pestiférés, aux protestants et finalement aux catholiques jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un jardin.
Dans ce petit espace vert, on trouve deux bustes, l'un consacré à René Laennec, médecin célèbre pour avoir inventé le stéthoscope et de ce fait, l'inventeur du diagnostic médical par auscultation. La sculpture est due à René Quillivic (1879-1969).
L'autre représente Tarass Tchevchenko (1814-1861) poète, peintre et opposant au tsar ukrainien. Il s'agit d'une des figures nationales les plus importantes en Ukraine. Né serf, il fut pris en charge par un peintre de renom, Karl Briullov qui racheta sa liberté en 1838. Ayant comploté dans une organisation secrète contre la destruction de la culture ukrainienne, il fut enrôlé de force dans un régiment du type disciplinaire, très dur. Il y resta dix ans. Finalement libéré, il dut attendre encore deux ans avant de pourvoir revenir en Ukraine pour un court séjour. Il mourut en 1861 à Saint Petersbourg. 
 L'installation de son monument fut un sujet de polémique. En effet, la diaspora ukrainienne envisageait d'honorer son héros national par l'érection d'une sculpture à sa gloire. Elle se fit doubler par l'ambassade soviétique à Paris. La mairie de Paris donna finalement son autorisation à cette dernière qui installa en 1978 un buste du sculpteur Mykhailo Lyssenko (1906-1972). Quelques manifestations soutenues par des intellectuels eurent lieu, sans résultat. Au final, aujourd'hui l'effondrement de l'empire soviétique a apaisé les esprits et le square Chevchenko est devenu un lieu de rendez-vous des Ukrainiens de Paris.