dimanche 24 juin 2018

ABBAYE DE LA LUCERNE-D'OUTREMER - MANCHE

Cette abbaye fut fondée en 1143 par un seigneur qui portait un nom qui ferait pâlir de jalousie n'importe quel héros de B.D.: Hasculphe de Subligny (+1169) fils d'Othuel et de Lesceline.
Le nom de Lucerne d'Outremer provient d'une part du latin "lucerna" qui signifie lampe et d'autre part de la réunion (datant de 1066) entre le duché de Normandie et le royaume d'Angleterre situé de l'autre côté de la Manche et donc d'outremer.
Elle dépendait de l'ordre des Prémontrés
Les bâtiments sont de style roman de la fin du XIIe et du XIIIe siècles. Durant la Guerre de Cent ans, elle subit des destructions importantes et des reconstructions sommaires au XVe siècle. A la Révolution, l'abbaye fut vendue comme bien national. Elle passa de mains en mains pour finir par être prise en charge par l'abbé Lelégard (1925-1994) qui créa une fondation qui continue de s'occuper de la restauration et de la sauvegarde de l'abbaye.



Le premier bâtiment est la porterie, solide construction de granit qui donne accès à une grande esplanade au fond de laquelle se dessine la silhouette de l'abbatiale.


     

La façade comme l'intérieur de l'abbatiale est sobre, presque austère, comme il convient à une abbaye cistercienne. Elle a reçu une très importante restauration et même reconstruction, comme on le voit sur la photo qui montre son état en 1890.

 

On y voit quelques belles oeuvres sculptées telles ces statues de saints ou ce lutrin orné d'un pélican, symbole du don de soi. Il date du XVIIIe siècle et est en bois doré.
                                 

On y voit aussi ce bas-relief du XVe siècle, des gisants dont celui d'Hasculphe de Subligny et de belles stalles ornées de sculptures.
    
Il ne reste malheureusement que peu de chose du cloître sinon la possibilité de se faire une idée de sa taille. Il subsiste malgré tout le lavabo qui servait aux ablutions des moines avant qu'ils entrent au réfectoire. Les arcades sont ornées de billettes de même nature que celles du portail d'entrée de l'abbatiale.
     
Le réfectoire est un important bâtiment tout en longueur couvert par un magnifique plafond en berceau. Un escalier permettait de monter dans le logement des hôtes.
       

Le cellier situé sous le réfectoire permettait de conserver les vivres. Les moines étaient nourris principalement de poissons frais, salé ou fumé, de légumes, de pain. La viande n'était en principe servie qu'aux malades.





 Le vaste logis abbatial date du XVIIIe et a remplacé les précédents qui tombaient en ruines.
Face à lui par rapport à la pièce d'eau se trouve un moulin au toit de chaume.



 Le bâtiment des hôtes avant de recevoir les visiteurs de marque, abritaient les frères convers (dispensés  de certains offices religieux du fait de leur travail) ou des domestiques salariés.

Un édifice impressionnant qui ne peut être passé sous silence : le colombier. Privilège seigneurial, il comporte 1500 niches ou boulins, ce qui correspond à une capacité de 3000 oiseaux. Nombre jamais atteint, du fait que les terrains avoisinants n'étaient pas assez vastes pour nourrir une telle quantité de pigeons. Les boulins sont aménagés dans l'épaisseur des murs.
         
Il existe aussi une construction datant de la période où l'abbaye avait été transformée en filature : l'aqueduc qui amenait l'eau nécessaire au travail industriel.
Vestige d'un blason figurant quelque part sur un des bâtiments.

mardi 5 juin 2018

MERS-LES-BAINS - SOMME.

Le destin de Mers-les-Bains a basculé à la fin du Second Empire et surtout durant la première partie de la IIIe République.
Petit village de pêcheurs, il est soudain devenu la destination de tous les gens fortunés ou au moins aisés qui sacrifiaient à la nouvelle mode des bains de mer. Cet essor fut facilité par la création en 1872, d'une ligne de chemin de fer qui reliait en trois heures la capitale à Mers qui n'était pas encore "les-Bains" et le Tréport, sa ville soeur.
Vue lointaine de Mers-les-Bains depuis les hauteurs du Tréport
Les gens fortunés décidèrent rapidement de s'y installer une demeure pour de courts séjours. C'est ainsi qu'on a vu, à la fin du XIXe siècle, construire de jolies maisons de vacances par de bons architectes. On était en pleine époque art-nouveau et ça se voit dans le style du front de mer.

  C'est frais, c'est coloré, c'est ravissant et la ville a su préserver cet attrait en obligeant les propriétaires à respecter des normes d'entretien et de restaurations des maisons.



                




Dans cette région française qui n'est pas connue pour son ensoleillement exceptionnel, l'aspect pimpant des maisons donne une impression de beau temps.

samedi 2 juin 2018

HAUTE-VILLE DE GRANVILLE - MANCHE

La Haute Ville de Granville est le quartier le plus ancien de cette commune. Elle est située sur un rocher (Pointe du Roc) qui forme une avancée sur la mer et qu'on nomme le Cap Lihou.
Pour y pénétrer, mieux vaut passer par la Grand-Porte qui date du 18e siècle. La ville fut une place forte qui fut créée en 1439 sur ordre du roi Henri VI d'Angleterre qui possédait la Normandie. Or, le roi de France Charles VII reprit la ville en 1442 et consolida les fortifications pour son propre compte. Plus tard en 1689, on commença à démanteler les remparts qu'on finit par relever entre 1727 et 1749.


En 1793, la ville est républicaine et se trouve assiégée par les Vendéens. Elle résistera si bien que les assiégeants partiront après avoir essuyé de lourdes pertes. Une plaque commémorative perpétue ce souvenir sur la Grand-Porte défendue par un pont-levis. Passé cette porte, on est en présence du musée d'art et d'histoire, ancien logis du gouverneur.

On découvre à l'intérieur quelques grandes maisons en granit et quelques inscriptions gravées dans la pierre ayant résisté au temps.
             

En parcourant les rues, on arrive sur une vaste place où se situe l'église Notre-Dame et la maison du Guet. Cette dernière bâtie en 1905 et qu'on aperçoit de loin, domine le port ainsi qu'il est naturel pour exercer une surveillance efficace.
 
L'église Notre-Dame du Cap-Lihou dont la construction débuta en 1440 sous la domination anglaise est en pierre de Chausey. L'époque de construction pourrait évoquer le gothique flamboyant. A voir l'aspect de l'édifice, on s'aperçoit qu'on en est loin. Il est vrai que la majeure partie de l'église date du XVIIe siècle et que la façade ouest fut terminée en 1767.
         





En poursuivant la promenade, on parvient à la pointe occidentale du cap.


On y découvre un monument à un Granvillais célèbre : Georges Pléville-Le Pelley (1726-1805), corsaire, officier de marine, ministre sous le Directoire, gouverneur du port de Marseille, etc.. Il fut aussi un des premiers à recevoir la Légion d'Honneur. Le monument est une oeuvre de François Pougheol, architecte à Caen.




 Plus loin, ce sont des vestiges du mur de l'Atlantique construit par les Allemands sous l'occupation, qui apparaissent, ainsi que le phare.

La promenade le long des remparts permet d'apprécier le paysage et les constructions anciennes.
      
De retour vers le ville nouvelle, on découvre le musée d'art moderne qui porte le nom d'un illustre Granvillais : Richard Anacréon (1907-1992). Il était un libraire et collectionneur d'art qui se fit connaitre pendant la guerre en fréquentant les célébrités et en se faisant offrir des objets, des manuscrits ou des tableaux en contrepartie de fournitures diverses en cette période de restrictions.

Depuis l'esplanade devant ce musée, on peut admirer un autre panorama sur la ville et la côte.