LA SEINE A PARIS - 3ème partie.

Ayant franchi le pont Saint Louis, on se trouve sur l'île de la Cité, coeur historique de l'antique Lutèce.
Cala permet de découvrir une belle vue sur le chevet de Notre-Dame et sur le square Jean XXIII au milieu duquel on peut voir une fontaine appelée Fontaine de la Vierge. En dépit de son aspect gothique, c'est une oeuvre qui date de 1845. Elle est due à l'architecte Alphonse Vigoureux (1802-1854) et au sculpteur Louis Merlieux (1796-1855).
La pointe amont de l'île est occupée par le mémorial des martyrs de la déportation. Entre l'espace vert où se situe ce mémorial et la square Jean XXIII, la rue nous mène au pont de l'Archevêché. Il date de 1828 et a été conçu par un ingénieur nommé Plouard. Du fait de l'étroitesse de ses arches, il aurait dû être rebâti en 1910, mais le projet ne fut pas suivi d'effet.

Plus récemment, il a subi la même épidémie que le pont des Arts : l'invasion des "cadenas d'amour". Devant le danger représenté par le poids de ces cadenas, les grillages ont été remplacés par des plaques de verre.

Un peu plus loin, on découvre le pont au Double. Il a été construit en 1883 sur des plans de Jules Lax (1842-1925). C'est un pont en fonte recouvert de cuivre qui connut de nombreuses vies. En effet, le premier ouvrage date de 1631 et était destiné, en plus de franchir la Seine, à offrir une possibilité de nouvelles constructions destinées à l'Hotel-Dieu qui débordait de malades.
 Le pont actuel est le quatrième à cet emplacement. Son nom lui vient du tarif du péage qu'il fallait acquitter pour l'emprunter (double denier) et aujourd'hui réservé au piétons, il permet de passer du parvis de Notre-Dame à la rive gauche (face au square Viviani).

Le suivant est le plus petit d'où son nom de Petit Pont. On lui a adjoint le nom du Cardinal Lustiger qui fut archevêque de Paris de 1981 à 2005. Si l'ouvrage actuel date de 1853, c'est ici que se situe la plus ancien point de passage fixe puisqu'il date de la Lutèce romaine.
 C'est par là que passait le "cardo maximus", l'axe nord-sud commun à toutes les villes romaines. Il était prolongé vers la rive gauche, par la rue Saint-Jacques et côté rive droite par la rue Saint Martin que l'on atteignait en franchissant le pont Notre-Dame.
Vient ensuite le Pont Saint-Michel. Son nom lui vient d'une chapelle dédiée à ce saint qui se trouvait sur l'île de la Cité. Plus tard le nom s'est étendu à la place voisine, la fontaine (voir ici) et le boulevard qui double le cardo maximus cité plus haut, côté rive gauche.
Le pont actuel date de 1857, ce qui explique les macarons frappés du N impérial (Napoléon III) qui figurent au-dessus des piles du pont. Sur la photo, on aperçoit la fontaine Saint Michel au fond à droite.


Côté île de la Cité, on est à la hauteur du Palais de Justice, vaste complexe monumental dont une façade donne de ce côté, avec sa tour caractéristique timbrée d'un cadran solaire. A l'intérieur se trouve un trésor gothique, la Sainte Chapelle.



On aperçoit déjà un des ponts les plus emblématiques de Paris : le Pont Neuf. Commencé en 1578, il ne fut achevé qu'en 1607. Ses architectes furent deux célébrités de l'époque, Baptiste (1544-1602) puis son frère Jacques II Androuet du Cerceau (1550-1614).
 Ce pont franchit la Seine en enjambant la pointe aval de l'île.
Cette partie de l'île est occupée par un square (voir ici) auquel on a donné le surnom du roi Henri IV : le Vert Galant.

Le pont est caractérisé par ces petites logettes en excroissance au dessus des piliers où les promeneurs peuvent s'asseoir. Autrefois, ces logettes étaient occupées par des boutiques qui ont été démontées au XIXe siècle.
A l'endroit où le pont franchit l'île, se trouve la statue d'Henri IV. Là aussi, la "cadenas-manie" fait rage. Face à Henri IV, se trouve l'ouverture vers la place Dauphine (voir ici). C'est sans aucun doute, un des plus beaux endroits de Paris dont on ne peut se lasser.


 Un autre particularité du Pont-Neuf, ce sont les 381 mascarons, tous différents, qui sont fixés sous son tablier. Ils sont des copies de ceux qu'avait sculptés Germain Pilon (1528-1590), la plupart ayant été détruits par l'usure du temps (six subsistent au Musée Carnavalet).

En contournant l'île par sa rive droite, on arrive au pont au Change, exacte réplique du pont Saint Michel que nous avons vu un peu plus haut. Mais avant d'y arriver nous aurons longé la Conciergerie, après avoir aperçu la façade ouest du Palais de Justice côté place Dauphine et la tour horloge du Palais.





Le pont au Change, donc, qui fait pendant au pont Saint Michel, relie l'île à la rive droite et aboutit à la place du Chatelet. Il doit son nom aux changeurs qui s'y étaient établis. Le boulevard du Palais, passant devant la façade Est du palais de Justice est le lien entre les deux ponts.
     





Au delà, on découvre le pont Notre-Dame qui fait pendant au petit Pont et qui par conséquent est la poursuite du cardo romain. Au fil des siècles, il y eut plusieurs ponts successifs à cet endroit.Celui que l'on voit actuellement date de 1919 et est l'oeuvre d'un grand spécialiste de ces constructions métalliques, l'ingénieur Jean Résal (1854-1919). Les piles du pont sont celles de l'ouvrage antérieur de 1853 qui furent simplement consolidées. Elles sont ornées de têtes de bélier et de mascarons.
 

Autrefois, une pompe double était accolée à ce pont pour alimenter les fontaines parisiennes en eau. Elle avait été construite en 1670 et continua à fonctionner jusqu'en 1858 avant d'être démolie en 1861.


La photo de droite montre le paysage que l'on pouvait voir vers 1858 depuis le clocher de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais, située derrière l'Hôtel-de-Ville.




On en arrive maintenant au pont d'Arcole. Un mystère subsiste sur l'origine du nom de ce pont. Au premier abord, on imagine bien qu'il fait référence à la victoire de Bonaparte de novembre 1796 où le général en chef se serait élancé un drapeau à la main pour entraîner son armée. Mais il est aussi question d'un jeune insurgé des Trois Glorieuses (juillet 1830) qui serait tombé en plantant un drapeau tricolore et en criant "rappelez vous que je m'appelle Arcole".

Quoiqu'il en soit, il a été construit en 1854 par les ingénieurs Nicolas Cadiat (1805-1856) et Alphonse Oudry (1819-1869).



 Depuis ce pont, on découvre vers l'amont, l'île Saint-Louis, le pont Louis-Philippe et le pont Saint-Louis, avec au fond, la tour Montparnasse. Vers l'aval, l'île de la Cité, avec le tribunal de Commerce et sa coupole, la tour de l'Horloge et les tours de la Conciergerie.

A cet endroit, entre les ponts Notre-Dame et d'Arcole, se trouvait l'Arche Marion formée de 12 barges destinées à recevoir les lavandières qui pouvaient être jusqu'à 250. A titre d'exemple, la photo ci-dessous, datant de 1870, montre des lavoirs, ceux-ci étant installés plus loin le long du port des Tuileries.
 A noter que le pont d'Arcole relie l'île à la place de l'Hôtel-de-Ville. Celle-ci auparavant se nommait la place de Grève ou de La Grève. Ce fut pendant des siècles le lieu des exécutions capitales. La dernière eut lieu en juillet 1830.
  Aujourd'hui, c'est plutôt un endroit où on s'amuse, puisque l'hiver, on y installe une patinoire. On y retransmet aussi sur grand écran des compétitions sportives importantes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire