samedi 29 mars 2014

Marché des ENFANTS ROUGES et Jardin MADELEINE DE SCUDERY - PARIS 3e arrondissement.

Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, à la hauteur du 90 rue des Archives, s'élevait un hospice destiné à recevoir les orphelins. Cet établissement avait été créé par Marguerite d'Angoulème, reine de Navarre et soeur de François Ier. Les enfants qui logeaient ici étaient habillés d'uniformes rouges. L'hospice disparut en 1772, mais le quartier garda ce nom des Enfants Rouges.
En passant par la rue de Bretagne, on accède au marché qui porte ce nom. C'est un marché typique de Paris installé dans un enclos abrité. Comme tous les marchés de la capitale, et bien que de taille réduite, il est très animé.
              
A l'entrée du marché, un boucher arbore une belle enseigne qui donne envie d'aller voir sa viande.
Attenant au marché, un petit jardin public a été créé en 2004.
Il a reçu le nom de Madeleine de Scudéry, une précieuse du XVIIe siècle qui fut une femme de lettres respectée au point d'être la première femme à recevoir le prix de l'éloquence de l'Académie Française. Sachant comment on considérait les femmes d'esprit à cette époque, on comprend combien elle était reconnue. On dit qu'elle influença deux génies de la littérature : La Fontaine et Molière.
Le jardin rendant doublement hommage à cette personne, est niché au milieu de vieux murs datant du même XVIIe siècle. On y voit aussi un petit potager ouvert uniquement durant le weekend.
C'est un petit coin de Paris préservé de l'agitation et du bruit.
           
                

Ce minuscule jardin est longé par la rue des Oiseaux par laquelle on rejoint la rue de Beauce.

mardi 25 mars 2014

LES CHAISES ET LES BANCS DE PARIS

Aujourd'hui quand on veut s'asseoir dans un espace vert parisien, qu'il s'agisse d'un petit square ou d'un grand parc, on n'a que l'embarras du choix à condition de trouver un siège libre.
Il n'en a pas toujours été ainsi car jusqu'en 1974, pour utiliser les chaises, il fallait payer. C'était une somme dérisoire, évidemment, mais on préférait généralement s'asseoir sur les bancs qui étaient gratuits plutôt que sur les chaises. Sinon, lorsqu'on n'avait pas le choix, le jeu consistait à guetter la chaisière et à s'enfuir avant qu'elle arrive.
Les braves femmes qui faisaient ce dur métier pour un salaire dérisoire ne s'en laissaient pas compter et elles avaient intérêt à avoir du caractère. Cela pouvait donner lieu à quelques disputes.
Un jour, dans le jardin des Champs-Elysées, une dame vénérable qui n'avait rien d'une miséreuse, se reposait sur une chaise. La chaisière passa et se vit refuser le payement qui lui était dû. Elle apostropha sa "cliente" : "On vient faire la jeune fille aux Champs-Elysées et on ne veut pas payer ce qu'on doit !" La dame était partie furieuse mais sans payer.
Aujourd'hui, heureusement, tous les sièges sont gratuits et on peut même se reposer, bronzer ou méditer sur des chaises longues.
Jardin des Tuileries
 L
Il y a aussi les bancs, tels ceux qu'on voyait déjà il y a plus d'un siècle, ceux plus modernes en fonte et bois, et maintenant tout en métal qu'on ne trouve pour l'instant qu'au Jardin des Plantes.
 
Justement, à propos du Jardin des Plantes, depuis quelques années, cet endroit prestigieux pour la promenade et la culture propose à ceux qui le veulent et qui en ont les moyens financiers de parrainer un banc. Ce n'est effectivement pas à la portée de toutes les bourses, mais le généreux donateur peut faire apposer sur "son" banc une petite plaque métallique avec l'inscription de son choix. 
On y découvre ainsi des messages émouvants d'amoureux dont la mémoire est restée fidèle à leur chère disparue.
Dans les jardins du Palais-Royal, en 2016, Michel Goulet (sculpteur québécois né en 1944) a présenté un nouveau genre de siège. Les fauteuils métallique de même types que les autres, sont reliés entre eux par une tablette sur laquelle repose un faux objet usuel (harmonica, jumelles, etc.). Sur le dossier on peut lire un fragment de poème ou un aphorisme d'une personne célèbre. On appelle ces nouveaux sièges, des confidents.
 

Palais Royal

dimanche 2 mars 2014

GALERIES COLBERT et VIVIENNE - PARIS IIème arrondissement.

Il y a une aristocratie dans les passages couverts parisiens. Les galeries Colbert et Vivienne font partie de ceux qui atteignent le plus haut degré de raffinement. Construites derrière le Palais Royal, elles réunissent la rue des Petits-Champs à la rue Vivienne et sont non seulement voisines mais aussi parallèles. Toutes les deux datent de 1826.
GALERIE COLBERT
En 1826, la société Adam et cie acheta à l'Etat, un hôtel particulier ayant appartenu au grand Colbert puis au Régent Philippe d'Orléans. Cet hôtel, bien qu'il fut une oeuvre de jeunesse de Le Vau, un des plus grands architectes du XVIIe siècle, fut détruit et on bâtit donc à la place cette galerie remarquable.
Ce qui la caractérise, c'est la rotonde centrale surmontée d'un dôme de verre inspiré de celui de la Bourse du Commerce. Oeuvre de l'architecte Jacques Billaud, il avait placé en son centre un candélabre monumental alimenté au gaz qu'on surnomma le cocotier lumineux. Ce luminaire devint le lieu de rendez-vous des lorettes et grisettes avant d'être remplacé en 1862 par une statue de Charles-François Leboeuf (1792-1865) .
Elle représente Eurydice mordue par un serpent. Cette jeune dryade (nymphe des arbres) était l'épouse d'Orphée, musicien et poète incomparable. Pour son malheur, elle était désirée par Aristée (pas étonnant quand on se promène toute nue) et pour lui échapper, elle s'enfuit en courant sans voir le serpent sur lequel elle marcha et qui la mordit. Elle en mourut et Orphée fut inconsolable. Il résolut d'affronter les Enfers pour la retrouver. Par son talent, il charma de sa musique le dieu Hadès et son épouse Perséphone et reçut la permission de ramener Eurydice dans le monde des vivants à condition de ne pas se retourner pour la regarder avant d'être revenus sur terre. Malheureusement, Eurydice qui n'en savait rien appela son mari qui se retourna et elle fut définitivement renvoyée aux Enfers.
 

Étrangement, cette galerie ne connut qu'un succès limité par rapport à sa voisine. Les efforts des propriétaires n'y firent rien et quand sous le second Empire, l'engouement pour les passages couverts s'évanouit, la galerie Colbert devint un désert. Lorsque le magasin de nouveautés, le Grand Colbert ferma ses portes, un restaurant prit sa place en 1900 et conserva le nom.
Ce qui attendait la galerie fut bien pire, puisqu'en 1980, elle fut utilisée en partie comme entrepôt et comme stationnement automobile. Heureusement la Bibliothèque Nationale voisine la racheta et la fit restaurer par l'architecte Adrien Blanchet. Elle rouvrit en 1986 ayant retrouvé son aspect d'antan. Elle n'a pas malheureusement plus de succès qu'auparavant, ce qui se comprend, puisque aucun commerce ne l'anime.
Aujourd'hui, des vigiles veillent à ce que les rares visiteurs n'aient que de bonnes intentions. Au dessus de leur tête, la fresque représentant Colbert n'attire même pas leur regard.
               

GALERIE VIVIENNE
Construite quelques mois avant sa voisine, elle ressemble beaucoup à sa cadette, mais avec une ambiance beaucoup plus animée. Évidemment, puisqu'il s'y sont développés des commerces de luxe qui attirent une clientèle choisie aux moyens financiers confortables. A l'origine, un notaire nommé Marchoux acheta tout le pâté de maisons et fit construire la galerie qui au début, porta son nom. C'est l'architecte François-Jacques Delannoy qui en dessina les plans. Il la décora dans l'esprit du premier Empire.
L'intérêt qu'on peut porter à cette galerie tient aussi au sol recouvert de mosaïque de Facchina, un italien installé à la fin du second Empire, rue Legendre et qui remporta un vif succès dans tout Paris.
Comme sa voisine, elle connut aussi un long déclin jusque dans les années soixante où Huguette Spengler s'y installa. Cette américaine artiste psychédélique créa un comité de soutien pour la renaissance de la galerie Vivienne. Elle y demeura jusqu'en 1970 après avoir peint et repeint les devantures des boutiques de couleurs criardes.
                 

Un embranchement relie la galerie à la rue des Perits-Pères qui rejoint la place du même nom.
Une idée de la permanence de certaines institutions : la librairie Petit-Siroux toujours en place depuis l'origine et toujours tenue par des descendants du fondateur.
            

 Alliant la douceur du cashmere et la beauté des coloris et des imprimés, la maison Wolff et Descourtis propose des châles magnifiques portés par les femmes du monde, dans le monde entier.