lundi 28 janvier 2013

COUR SAINT-EMILION - PARIS - XIIème arrondissement.

Entre le Parc de Bercy et la rue des Pirogues (12e arrondissement)



Métro, station "Cour Saint-Emilion", sur la ligne 14 (qu'on appelle aussi Meteor). Et là, on découvre une allée sympathique créée à partir des chais qui existaient du temps où ce quartier était le réservoir à pinard de la capitale. Car là est l'intérêt de ce lieu: faire du neuf avec de l'ancien
C'est ici qu'on a découvert les plus anciens vestiges d'une occupation humaine dans la région. En particulier des pirogues datant du néolithique sur plusieurs périodes s'échelonnant de 4500 à 2600 ans avant J.C..
On en garde le souvenir par le nom d'une rue voisine : rue des Pirogues de Bercy.
Pour en revenir au commerce du vin, il s'est développé au XVIIIe siècle et a continué jusque dans les années 1950. Sa vie a été ponctuée par des incendies et des inondations jusqu'à l'ultime sinistre de 1957; pour finir, l'acheminement du vin directement des régions de production et des propriétés sans passer par les grossistes parisiens, a vidé les entrepôts.
Aujourd'hui, donc, on peut se promener, faire du shopping ou manger un morceau dans les boutiques et les restaurants de cette allée rebaptisée cour Saint-Emilion.

Rue des Pirogues de Bercy
Tête de célébrités aux fenêtres des chais
La Cour Saint-Emilion elle-même :

    






On a préservé certains vestiges comme ces rails et ajouté quelques décors de circonstance.

vendredi 25 janvier 2013

LA RUE VISCONTI - PARIS - VIème arrondissement.

Entre la rue Bonaparte et la rue de Seine (6e arrondissement)

Cette rue se nommait jadis rue des Marais ou des Marais-Saint-Germain. Étroite et sombre, elle ne semble pas receler grand intérêt. Pourtant, son histoire est riche et plusieurs maisons qui la bordent ont abrité des personnages célèbres.
Les protestants y tinrent leur premier synode national en 1559. On appela même cette rue "petite Genève" pour les nombreux membres de cette communauté qui la fréquentaient.
Plus tard, ce sont des gens de théâtre qui y demeurèrent.
Au n°24, Jean Racine vint y habiter en 1692 et y resta jusqu'à sa mort en 1699. 

Cinquante ans plus tard, Claire-Hippolite Léris, dite Mademoiselle Clairon, comédienne, s'installa à son tour au même endroit. C'était une sociétaire de la Comédie-Française qui d'après ses contemporains, atteignit la perfection de jeu; elle travaillait chaque vers et même chaque mot durant des heures pour avoir une diction parfaite.





Entre temps, au n°20, habita une autre comédienne : Marie-Anne de Chateauneuf dite Mlle Duclos. Celle-ci avait commencé sa carrière en 1693, et connaissait un grand succès. Belle, bien en chair, blanche de peau, elle avait aussi des moeurs assez légères. 
Elle hérita une assez confortable fortune du marquis de Coislin.
C'est dans le logement qu'elle occupait dans l'actuelle rue Visconti, qu'elle se trouva impliquée dans une curieuse aventure qui reste un mystère. Elle fut amenée à aider et héberger un jeune homme, le chevalier de Morsan, dont on ne peut douter qu'elle fut la maîtresse. Hélas! Au bout de quatre ans, le jeune homme mourut de la variole. Or, sept ans plus tard, Marie-Anne Duclos fut appelée à témoigner sur le fait que ce jeune chevalier aurait été une femme. En fait, un homme recherchait son épouse enfuie et après enquête en était arrivé à la conclusion qu'elle s'était cachée sous le pseudonyme de Morsan. Le tribunal ne put se résoudre à rouvrir le tombeau pour vérifier la chose. Le mystère reste entier quoiqu'on puisse supposer que Mlle Duclos avait certainement succombé aux attraits des amours saphiques. 
Plus tard, elle fut le sujet d'un autre scandale, puisqu'elle épousa à près de 50 ans, un jeune comédien de 17 ans. Evidemment, il ne tarda pas à la maltraiter et à la tromper. Elle s'enfuit donc du domicile conjugal. Evidemment, le jeune époux se trouvant soudain matériellement très démuni, tenta de la récupérer par les voies judiciaires. Malheureusement pour lui, son épouse eut suffisamment de relations pour se tirer d'affaire.
Il semble que lorsqu'elle mourut en 1748, elle ne lui laissa presque rien en héritage. Il ne lui survécut que 2 ans.

J'ai tiré de la vie de cette artiste une histoire que chacun pourra découvrir en cliquant : ici

Le n°16 fut, quant à lui, occupé par la principale rivale de Marie-Anne Duclos, Adrienne Lecouvreur. Cette dernière avait complètement modifié la façon d'interpréter la tragédie, à savoir qu'elle ne déclamait plus d'une voix forte, mais qu'elle disait ses rôles avec grande émotion. Elle connut un grand succès et fut la maîtresse de Maurice de Saxe, maréchal de France. Elle mourut en 1730 dans des conditions mystérieuses qui firent jaser, certains accusant Marie-Anne Duclos d'en être à l'origine. En vérité, elle était d'une santé fragile.
Les deux rivales étaient également admirées de Voltaire qui décidément, adorait les comédiennes.

Le n°21 est un hôtel construit en 1713 pour le lieutenant-général et marquis de Rannes.
Il fut surtout la demeure et l'atelier du peintre Constant Le Breton de 1926 à sa mort en 1985. Celui-ci portraitiste renommé, vécut une anecdote curieuse pendant l'occupation : un officier allemand, sculpteur dans le civil, l'avait contacté pour visiter son atelier. Or, cet officier voulut aussi lui montrer une oeuvre sur laquelle il travaillait. Le Breton se trouva emmené en voiture de la Wermacht sous les yeux du concierge, qui affolé, se précipita pour avertir l'épouse du peintre que son mari avait été arrêté. 

On peut continuer la liste des célébrités avec Balzac qui installa au 17, une imprimerie qui périclita rapidement. Ce fut quelques années plus tard, Eugène Delacroix qui s'installa dans ce bâtiment, de 1836 à 1844, avant d'émigrer plus tard, en 1857, rue de Furstenberg tout près d'ici.
La romantique rue de Furstenberg
Bien d'autres personnalités moins célèbres, on habité cette rue et les citer toutes serait fastidieux.
Le n°14 s'ouvre sur une cour dont le fonds est occupé par une maison au décor en bas-relief. Avant d'arriver dans cette cour, on passe sous un porche soutenu par de belles poutres. A cet emplacement, se trouvait l'hôtel de le Rochefoucault-Liancourt détruit lors du percement de la rue des Beaux-Arts, juste derrière.








Au n°8, une autre curiosité de cette rue est le plus petit espace vert de Paris. Il mesure 80m² et est occupé par un vénérable érable sycomore.

Mais au fait, qui était Visconti? C'était un architecte (1791-1853) qui conçut ou restaura plusieurs fontaines parisiennes (Saint-Sulpice, Molière, Gaillon, etc..) mais également le tombeau de Napoléon Ier aux Invalides.

N.B. : les traces blanches qui peuvent apparaître sur certaines photos sont des flocons de neige. Oui, je n'hésite pas à braver les pires intempéries pour rapporter des photos.

Un coup d'oeil sur l'érable sycomore après le dégel et surtout avec des feuilles sur ses branches.
Les travaux de nettoyage de l'immeuble au fond sont terminés. C'est quand même plus sympa!

dimanche 20 janvier 2013

PLACE DE LA NATION - PARIS - XIIème arrondissement.

Place de la Nation, à cheval sur les 11e et 12e arrondissement. PARIS

Autrefois, on l'appelait Place du Trône. Ce nom lui était venu du trône que les Parisiens avaient dressé là, en l'honneur de Louis XIV qui revenait de se faire sacrer à Reims avec sa jeune épouse Marie-Thérèse. C'était en 1660 et ce lieu conserva ce nom jusqu'en 1880.
Les révolutionnaires de la Terreur l'appelèrent un cours moment "place du Trône renversé" et y installèrent la guillotine jusqu'à la chute de Robespierre. En 43 jours, 1306 personnes furent exécutées. Triste époque où un régime sanguinaire issu de l'esprit des Lumières, en avait mal interprété les idées !
Claude-Nicolas Ledoux, architecte des barrières d'octroi de Paris, y avait construit en 1778 deux pavillons  mastocs et sans grâce. Ils devaient être dominés par deux colonnes lisses. Finalement, les colonnes en questions furent cannelées et en 1841, elles furent surmontées de deux statues de grands rois médiévaux : Philippe II Auguste et son petit-fils Louis IX le Saint.

 

A la place de la guillotine, la IIIe République décida de construire un monument à sa propre gloire.
On en passa commande à Jules Dalou qui s'était vu refuser son projet pour la place de la République.
Ce monument érigé pour le centenaire de la Révolution en 1889, rassemble tous les symboles et tous les poncifs, à la gloire de la République.
Marianne, personnification de la République Française est juchée sur un globe, lui-même posé sur un char tiré par des lions. L'attelage est entouré de figures symboliques.

 
Les lions figureraient le suffrage universel à la force invincible; le Génie de la Liberté les guide suivant le chemin indiqué par la République appelée à régner sur le monde.
Sur un côté , un forgeron se soutenant d'une main au char représente le travail tandis qu'un enfant soutenant avec difficulté un livre, représente l'instruction que ne manque pas de dispenser la République.
De l'autre côté, la Justice et un autre enfant portant sa balance. A l'arrière, la Paix répand l'abondance.
A l'origine, il y avait un bassin dans lequel s'ébattaient des crocodiles crachant de l'eau. Au cours de la seconde guerre mondiale, les Allemands s'emparèrent des sauriens pour les fondre et en faire des armes beaucoup plus efficaces que des jets d'eau contre les démocraties.



















jeudi 17 janvier 2013

JEAN-BAPTISTE CARPEAUX


Ce sculpteur dont j'ai déjà parlé, a dominé de son génie tout le XIXe siècle, bien qu’il n’ait vécu que 48 ans (1827-1875).
Elève de Rude, il sut s’affranchir  de l’académisme prépondérant sous le second Empire. En dépit des critiques, il trouva un soutien auprès de la princesse Mathilde, cousine de Napoléon III.
Arrivé 2ème du Prix de Rome en 1852, il en fut le lauréat  en 1854 avec "Hector et son fils Astyanax".

Durant son séjour à Rome, il envoya plusieurs œuvres dont le « Pêcheur à la Coquille » et son sourire d’enfant ravi et un de ses plus grands chefs-d’œuvre : « Ugolin et ses enfants », un groupe où transparaissent la douleur et le désespoir d’un homme soumis au pire des supplices, condamné à mourir de faim ou manger ses propres enfants.


Ugolin est actuellement exposé au Musée d’Orsay où j’ai pris une mauvaise photo avant de me faire réprimander par le gardien (il est en effet stupidement interdit de prendre des photos dans le musée, même sans flash). Donc, j’ai récupéré une photo sur le net, ce que je me refuse à faire habituellement.



 

Autre chef d’œuvre, sans doute le plus connu : « la Danse » réalisée pour la façade de l’Opéra. La nudité des personnages provoqua un grand scandale auprès d'un certain nombre de personnes qui auraient dû éviter de donner leur avis en matière d'art. Il suffit de regarder les sculptures voisines pour se rendre compte combien Carpeaux a su donner de la légèreté à la pierre.  Le Génie de la Danse s'ébat au centre d'un cercle de nymphes joyeuses.
Là, j’ai pu prendre des photos ; mais en fait, l’original est au Musée d’Orsay ; devant l’Opéra ne figure qu’une copie (due quand même à Paul Belmondo).

En dehors des nombreux bustes que Carpeaux réalisa et qui paraissent de moindre importance (pourtant, que d'expression dans ces visages!), il y eut la statue du "Prince impérial avec son chien" (musée d’Orsay et jardin de la Malmaison) ou "le Triomphe de Flore" (sur le fronton du pavillon de Flore au Louvre et au Musée d’Orsay).
A la fin de sa vie, il reçut la commande de la « Fontaine des Quatre Parties du Monde » dont j'ai parlé il y a peu (voir ici). Il ne put réaliser que les quatre femmes représentant les continents. Le reste des sculptures sont de Frémiet un autre grand artiste spécialisé dans la représentation animale.

Il connut dans sa vie le grand amour auprès d’Amélie de Montfort qu’il épousa en 1867.
Voici son portrait par son mari (image trouvée sur Internet également, hélas!).
Les oeuvres de Carpeaux peuvent être vues au musée d'Orsay, au Petit Palais à Paris, au musée des Beaux-arts de Valentiennes (sa ville natale), et sur Internet sur le site Insecula.

mardi 8 janvier 2013

SAINT SOUPPLETS (Seine-et-Marne)

Découverte d'un petit bijou d'église: celle d'un village du nord de 
la Seine-et-Marne : Saint-Soupplets.

Cet édifice, vu de l'extérieur, n'a rien de remarquable si ce n'est l'auvent devant le porche; mais, merci au curé de cette paroisse de laisser une porte ouverte, l'intérieur mérite largement une visite.
L'église date du 15e siècle et aurait appartenu à la famille Bureau, (artilleurs du roi Charles VII dont l'action fut déterminante pour la reconquête du royaume).
Le village tire son nom de Saint Sulpice, évêque de Bourges du VIIe siècle, auquel tout naturellement, l'église est dédiée.
Ce qui est remarquable quand on pénètre dans cet édifice, c'est la lumière qui inonde le choeur : en effet, lors de travaux effectués en 1983, une verrière a remplacé le toit conférant ainsi un caractère d'autant plus attirant à la partie la plus sacrée de l'église.

Ce qui frappe ensuite, ce sont les piliers qui séparent la nef des allées latérales. Ils sont en effet ornés de peintures figurant des saints parmi les plus importants (Saint-Paul, Saint-Jean, Saint-Jacques, etc.) Ces peintures seraient du XVIe siècle et en recouvriraient d'autres plus anciennes.
 

Les fonds baptismaux, de même, sont intéressants. Ils datent du XVIIIe siècle et sont décorés de motifs représentant les quatre âges de la vie.
Il faut aussi citer les statuettes et un autel secondaire tout à fait surprenant (XVIIIe siècle).
 

Ce jour-là, comme il faisait beau, j'ai pu glaner quelques taches de lumière diffusées par les vitraux.
 




dimanche 6 janvier 2013

LA FONTAINE DES QUATRE PARTIES DU MONDE - PARIS - VIème arrondissement.


Jardin Marco Polo, sur l’avenue de l’Observatoire.
Paris 6e

Appelée aussi fontaine de l'Observatoire ou fontaine Carpeaux, ce magnifique monument a réuni plusieurs talents pour sa construction.
C’est Gabriel Davioud (1823-1881), architecte, qui en conçut les plans.
C’est une réalisation harmonieuse, placée au bout de la promenade de l’avenue de l’Observatoire lorsqu’elle aboutit au grand carrefour avec les boulevards Saint-Michel et du Port-Royal.

Les sculpteurs : Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) un des plus grands dont l’œuvre domine le XIXe siècle malgré la brièveté de sa vie. Emmanuel Frémiet (1824-1910), un autre grand artiste, neveu de Rude, fut appelé à la mort de Carpeaux pour réaliser les statues animales dont il était d’ailleurs un spécialiste.
Moins importants, mais non dépourvus de talents, Pierre Legrain et Louis Vuillemot s'occupèrent du globe céleste et des guirlandes autour du socle.

Voici le groupe central de Carpeaux avec ses quatre figures féminines représentant les continents et soutenant l’Univers.
 

L’Afrique, dont une cheville reste entravée par une chaîne, l’Amérique et sa coiffe de plumes, l’Europe et l’Asie.
La position des corps évoquent le mouvement rotatoire du globe terrestre. 

Pour mettre en valeur ce groupe, les fougueux chevaux de Frémiet forment un soubassement auxquels se mêlent des dauphins et des tortues crachant l'eau.