samedi 20 décembre 2014

LA CITE FLORALE - PARIS - XIIIème arrondissement.

Autrefois, la Bièvre coulait calmement dans ce qui était le village de Gentilly à l'entrée duquel elle se divisait  en deux bras ayant entre deux et trois mètres de large chacun. Le long des berges, il y avait des ateliers de tanneurs et de mégissiers. Il y avait aussi des gens qui avaient creusé de minuscules canaux où l'eau devenait glace en hiver. Cette glace était conservée dans de la paille et enterrée dans des glacières. On la ressortait aux beaux jours pour la vendre. De nos jours, on en conserve le souvenir dans le nom de la rue de la Glacière.



A quelques centaines de mètres plus au sud, entre les deux bras de la Bièvre s'était formé un étang, voire un marécage où l'on péchait des sangsues et des écrevisses. Il fut asséché durant le second Empire après l'annexion de Gentilly par la ville de Paris.


Et, finalement, le terrain fut loti entre 1925 et 1930, pour y construire des petites maisons . En effet, ce genre de constructions convenait mieux au terrain peu propice à de grands immeubles. Ce petit quartier appelé la Cité Florale est compris entre les rues Brillat-Savarin, Auguste Lançon et Boussigault
Toutes les rues de cette calme enclave à l'écart de l'agitation parisienne portent des noms de fleurs. D'ailleurs, les habitants semblent vouloir concrétiser cet état d'esprit en agrémentant leurs maisons d'une végétation abondante.
    


           


Ce décor a été utilisé par Mickael Haneke pour son film "Caché" avec Juliette Binoche, Daniel Auteuil, Annie Girardot. La maison qui servit pour le tournage est sur cette jolie placette, la blanche avec la marquise .
Les rues s'appellent Glycines, Liserons, Volubilis, Iris, Orchidées ou Mimosas. Elles forment un dédale dans lequel il est agréable d'errer au hasard pour en découvrir tout le charme.
             

               

A revoir aux beaux jours, lorsque la végétation envahira les façades.

Alors, voilà, le 30 avril, si la physionomie globale n'a évidemment pas changé, l'ambiance est plus colorée et plus parfumée; en particulier, devant une maison il y a, accroché à la marquise, un superbe jasmin qui embaume. C'est une véritable performance de conserver ce genre de plante à Paris où l'hiver même quand il est peu rigoureux, est violent pour les plantes méditerranéennes. Il y a aussi plusieurs glycines, des pensées et déjà des roses.
                         





vendredi 19 décembre 2014

RUE BALLU - PARIS - IXème arrondissement.

Cette rue qui s'appelait autrefois rue de Boulogne a reçu finalement, le nom d'un architecte, Théodore Ballu (1817-1885) qui vécut à proximité, c'est à dire au 78 de la rue Blanche.
 Il fut entre autres, grand prix de Rome en 1840, architecte en chef lors de la reconstruction de l'Hôtel-de-Ville, constructeur de l'église de la Trinité voisine ou de celle de Sainte Clotilde dans le VIIème arrondissement.


Avant le percement de cette rue en 1840, il existait une sorte de parc d'attractions appelé le Nouveau Tivoli où l'on s'amusait à toutes sortes d'activités comme le tir aux pigeons (à l'époque, c'étaient avec des vrais).

Plusieurs personnalités vécurent dans cette rue comme Alexandre Dumas Fils qui occupa le n°10.
Au n°6, Alfred Jarry en 1898, interpréta Ubu roi avec des marionnettes. C'était ici que se tenait le théâtre des Pantins dans l'atelier du compositeur Claude Terrasse.



En face, aux numéros 5 et 7, commence la Maison des Auteurs dépendance de la Société des Auteurs. Cette maison fut donnée aux Hospices de Chartres par un respectable ingénieur du nom de Narcisse Maugin (1820-1911).
            
Et en avançant de quelques mètres, on découvre au 11bis, l'hôtel particulier qui abrite la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques fondée par Beaumarchais en 1777. Le bâtiment date du Second Empire et a été acheté par la SACD en 1932. Auparavant, il fut occupé par le poète un peu oublié aujourd'hui Emile Blémont (1839-1927).
Dans la cour, on peut voir un très beau monument aux morts, oeuvre d'Albert Bartholomé (1848-1928) autour duquel on lit, bien sûr, le nom des disparus, mais aussi le nom des présidents de la société et d'autres membres éminents.
                    
Les portes aussi sont intéressantes avec leurs lourdes et belles ferronneries.

Le bel immeuble à côté est la Maison des Pharmaciens et le siège de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France. L'immeuble n'est pas signé, mais on trouve sur un blog qu'il serait l'oeuvre de Jules Amoudrou en 1868. Il aurait été construit pour un artiste peintre qui y avait son atelier et une salle d'armes.
          

En face au n°20 une grille ouvre sur une cour avec un hôtel particulier. Dans la cour on peut voir une plaque qui rend hommage à la princesse de Rohan-Rochechouart décédée en 1841. On y voit également une sculpture mythologique qui représente dans un style classique, Calliope et Apollon accompagnés d'un enfant qui pourrait être Ialémos ou Hymen. Calliope est la muse de la poésie épique et de l'éloquence et elle aurait eu (ça dépend des auteurs), avec Apollon, deux enfants. Ialémos était la personnification du chant funèbre et Hymen celle du mariage.
 
En revenant sur le côté impair de la rue, on se trouve devant la Villa Ballu, au n°23. Ce fut une des nombreuses adresses parisiennes (il y en aurait une quinzaine) d'Emile Zola qu'il habita de 1877 à  1889 date à laquelle il s'installa rue de Bruxelles (voir ici). Après Zola, cette adresse fut aussi celle d'Edgar Degas.
La façade est divisée en deux parties, une partie très décorative avec son joli balcon dominant la porte en bois. De l'autre, l'entrée de la villa elle-même dans laquelle on pénètre par une longue voûte. Le tout est surmonté par une frise délicate en bas-relief.
               
Passé la voûte on pénètre dans une cour entourée de maisons ou plutôt d'hôtels particuliers cossus.
                     

En revenant sur le côté pair, nous nous retrouvons face à un immeuble de briques et de pierres dont le style rappelle celui de pays plus nordiques avec son pignon imposant. Il est l'oeuvre de G.Dezermaux et date de 1891 comme il l'affiche fièrement en haut du pignon.
                

Avant d'arriver au bout de la rue Ballu, on peut jeter un rapide coup d'oeil à un immeuble qui occupe le n° 27. Il date de 1904, mais on en ignore le constructeur. Ce bâtiment qui pourrait avoir fière allure, manque malheureusement cruellement d'entretien et semble même avoir subi un incendie.







 Au terme de la promenade, on arrive sur une petite place dédiée à une jeune musicienne trop tôt disparue qui se nommait Lili Boulanger (1893-1918). C'est ici qu'elle habita avec sa soeur Nadia à partir de 1904.

jeudi 4 décembre 2014

CIMETIERE DE PASSY (1) - PARIS - XVIème arrondissement

Situé au-dessus de la place du Trocadéro, ce cimetière a remplacé celui qui était situé à l'emplacement de l'actuelle rue Lekain. Ce dernier ayant été fermé en 1802, le nouveau fut officiellement mis en service en 1820.
L'entrée se fait par un propylée art-déco, oeuvre de l'architecte René Berger (1878-1954) datant de 1934. Dès après, un pavillon servant de salle d'attente a aussi été construit par le même architecte et orné d'un bas-relief de Louis Janthial.


On pénètre ensuite dans le cimetière proprement dit par la 13ème division.
Dés le début, on se trouve, à gauche, en présence d'une tombe assez monumentale et néanmoins anonyme. C'est celle de Paul Guillaume (1891-1934) marchand d'art qui fit connaitre entre autres Modigliani et Soutine. Le Bas-relief qui orne le monument est de Ossip Zadkine (1890-1967).


Tout de suite après, une tombe en forme de dais abrite une statue de femme en vêtement moulant ne laissant planer aucun mystère sur sa plastique irréprochable. Elle porte aussi une épée dont elle boucle le ceinturon. Son attitude lascive et provocante est assez étrange dans un cimetière. En fait, cette statue représente Liane Degaby, une danseuse de la Belle Epoque, épouse d'un riche industriel nommé André Laval. Cette tombe est celle de ce dernier et il est à peu près certain que la statue est l'oeuvre d'Alfred Boucher (1850-1934). Certains, en mal d'ésotérisme, y ont vu une représentation de Jeanne d'Arc. Disons que c'est totalement improbable.
             

A côté, une belle tombe dont la stèle porte deux statues en haut-relief qui représentent un ange à côté du dieu Hermès. C'est la tombe du fondateur de la chaîne de cafés parisiens Chez Dupont dont le slogan "chez Dupont, tout est bon" était devenu, un moment, une formule employée dans la vie courante.
Né en 1888, Emile-Louis Dupont avait inventé le concept du café-crème-croissant devenu une institution. Aujourd'hui, on a trouvé autre chose, mais l'idée de M.Dupont a duré plusieurs décennies et a encore des adeptes. A côté de lui repose son fils Pierre mort à 26 ans en 1941, sans doute du fait de la guerre.


En face, en surplomb, on peut voir la chapelle de la famille Guerlain, célèbre famille de parfumeurs dont le fondateur fut Pierre-François-Pascal Guerlain (1798-1864). La chapelle offre un assez joli décor de céramique. Il existe une autre tombe Guerlain beaucoup plus simple dans la 10ème division.
<------
En suivant la rampe, on arrive dans la 11ème division accueilli par la tombe de Rosine Laborde (1824-1907), une cantatrice soprano devenue professeur de chant et ayant eu pour élèves de célèbres divas. Son buste est dû à Paul Landowski. ------------->

 Mais tout de suite, le regard est attiré par une chapelle monumentale; c'est la tombe de Marie Konstantinovna Bartkirtseff, une jeune noble russe qui avait été peintre et surtout une diariste remarquable. Elle était belle, talentueuse et dévorée d'ambition créative. En 1884, la tuberculose la faucha avant d'atteindre l'âge de 26 ans. Son tombeau est l'oeuvre de deux frères, Jules et Emile Bastien-Lepage eux-mêmes peintre et architecte.
 
Derrière ce monument imposant se trouvent des tombes plus modestes qui renferment aussi des personnalités. Telle la tombe de Haroun Tazieff (1914-1998), vulcanologueavec son bas-relief maya ou aztèque. Ou celle de Léon Volterra (1888-1949), imprésario, producteur de spectacles et propriétaire de chevaux de courses. Sa tombe est ornée d'une sculpture d'Alfredo Pina (1883-1966).



Plus imposante, il y a cette rotonde dans laquelle on peut descendre par un escalier en colimaçon. C'est la sépulture de plusieurs personnalités. Tout d'abord, Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937) arrière petit-neveu du plus connu de la famille alias le "Diable Boiteux". Puis son épouse Anna Gould (1875-1961) qui avait, avant cela, épousé Boni de Castellane (1867-1932) célèbre dandy de la Belle Epoque et des Années Folles, avant d'en divorcer.
Violette, la fille des époux Hélie et Anna, épousa quant à elle, Gaston Palewski (1901-1984) compagnon de la Libération, ministre du général de Gaulle. Ils se trouvent réunis dans cette tombe peu ordinaire.











 Dans la 10ème division voisine, on découvre d'autres tombes intéressantes. Comme celle de Rosemonde Gérard (1871-1953), dont la notoriété de poétesse fut étouffée par celle de son mari Edmond Rostand (1868-1918). La poétesse repose en compagnie de son fils Maurice. Le médaillon qui orne la stèle est de Auguste Maillard.



Il faut citer aussi ce monument dédié au docteur Antoine Sulpice Fauvel (1813-1884) qui consacra sa vie à l'étude du choléra qui faisait des hécatombes dans toute l'Europe. Il devint aussi médecin de Napoléon III en 1867.

Non loin, on remarque une tombe sur laquelle est placée une vierge de facture gothique malheureusement très abîmée par les intempéries. La tombe porte le nom de Galéa.

Dominant les tombes voisines, celle du baron Pierre de Perenyi et de son épouse Catherine surmontée d'une reproduction de la magnifique Piéta de Michel-Ange. En bas de la stèle, une épitaphe dit "Que la vie était belle lorsque nous étions ensemble!" accompagnée d'une prière : "Seigneur, accordez-nous d'être à nouveau réunis pour l'éternité".  Ils le furent pourtant pendant 26 ans. Leur fille prénommée également Catherine repose avec ses parents.

à suivre...