Sur les conseils de Louvois, c'est Louis XIV qui décide en 1685, de créer cet espace, en remplacement de l'hôtel de Vendôme et d'une partie du couvent des Capucines. Elle devait être appelée place des Conquêtes mais prit finalement le nom de Louis-le-Grand.
Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) et Germain Boffran (1667-1754) proposent une place rectangulaire de 213 mètres sur 124 mètres à pans coupés; ce qui revient à dire qu'elle est octogonale. Les travaux commencèrent en 1686, mais furent interrompus pour reprendre en 1699. C'est à cette date qu'on installa au centre une statue de Louis XIV. Elle était monumentale puisqu'elle faisait avec le socle 17 mètres de haut. Elle était l'oeuvre de François Girardon (1628-1715) et avait été coulée, parait-il, d'une seule pièce par Jean-Balthasar Keller (1638-1702).
Vint la Révolution, et bien sûr, après l'abolition de la royauté en 1792, le démontage de tous ses symboles. La statue fut fondue et peut-être servit à faire des canons pour les armées de la République. La place devint la place des Piques.
En 1806, Napoléon Ier demanda à ce qu'on érige une colonne de 44 mètres, à la même place revêtue du bronze des 250 canons pris à l'ennemi lors de la bataille d'Austerlitz (2-12-1805). Elle fut surmontée d'une statue de l'Empereur en César par Antoine Chaudet (1763-1810).
En 1814, on descendit l'empereur et on employa le bronze pour la statue d'Henri IV, installée sur le Pont-Neuf. Sur la colonne, on posa une fleur de lis qui y resta jusqu'en 1833. A ce moment, Louis-Philippe Ier voulant flatter les bonapartistes remit une statue de Napoléon, en redingote et petit chapeau. Napoléon III enleva cette statue qui connut quelques vicissitudes avant d'être mise aux Invalides en 1911 (elle y est toujours). Une copie de la statue primitive fut à nouveau réalisée en 1853. C'est encore celle-ci qu'on voit aujourd'hui.
Pour la colonne elle-même, le revêtement de bronze monte au sommet par une spirale ornée de bas-reliefs montrant l'armée en marche. Le socle est aussi revêtu de bronze en bas-reliefs montrant des trophées et équipements militaires multiples et variés. Des aigles en marquent les quatre coins.
La porte est surmontée d'une inscription en latin glorifiant l'empereur et ses soldats et qui peut se traduire ainsi: Napoléon Empereur Auguste a consacré à la gloire de la Grande Armée cette colonne formée de l'airain conquis sur l'ennemi pendant la guerre d'Allemagne, remportée sous son commandement en 1805 en l'espace de trois mois.
En mai 1871, alors que le gouvernement de la Commune était maître de Paris, Gustave Courbet convainquit les dirigeants de détruire la colonne. Ce fut fait, mais après le retour du gouvernement légal, le peintre fut condamné à reconstruire la colonne, avec ses propres deniers. Il s'exila en Suisse et mourut en 1877 sans avoir acquitté sa dette.
Une mention spéciale pour les très belles lanternes placées à trois coins de la place. Elles furent dessinées par Jules Hardouin-Mansart. Elles montrent des "L" entrelacés surmontés d'une couronne et d'un oiseau fabuleux (sphinx?). Il devait y avoir une lanterne pour chacun des quatre coins de la place mais seules trois ont été fabriquées.
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