dimanche 20 mars 2016

PLACE SAINT GEORGES - PARIS - IXème arrondissement.

C'est en 1824 que l'agent de change et habile spéculateur Alexis Dosne (1789-1849) fit lotir ce quartier et créa la place Saint-Georges. Elle devenait l'aboutissement de la rue du même nom qui avait été appelée ainsi à cause d'une enseigne qui figurait ce saint chevalier terrassant un dragon.
Alexis Dosne avait une épouse nommée Eurydice (1794-1869) et deux filles Elise (1818-1880) et Félicie (1823-1906).
C'est là qu'arrive un personnage important de l'histoire du 19e siècle en France: Adolphe Thiers (1797-1877). Cet homme tour à tour avocat, journaliste, historien et homme politique, chef du gouvernement sous Louis-Philippe, finit par devenir Président de la République en 1871.
En 1827, il n'a que trente ans et devient l'ami de la famille Dosne. En fait, il entretient aussi une liaison secrète avec Eurydice à peine plus âgée que lui. Ceci ne l'empêche pas de devenir en 1833, l'époux d'Elise, la fille aînée. A cette occasion, il achète l'hôtel que son beau-père avait fait construire sur la place Saint-Georges. Plus tard, il devient aussi l'amant de Félicie.

 Qu'a donc cet homme pour séduire toutes les femmes de cette famille. Ce n'est pourtant pas un Apollon. Il est petit (1.55 m), a une voix nasillarde Sans doute a-t-il quelque chose de fascinant. Il est en tout cas très intelligent et très ambitieux.

Il arrive une époque où il vit dans l'hôtel particulier avec ses trois femmes. A l'époque, il est devenu célèbre et la presse le brocarde allègrement en évoquant "les trois moitiés de M.Thiers". Si Eurydice meurt en 1869, les deux soeurs continuent à s'occuper de leur homme jusqu'au bout. A tel point, qu'Elise après la mort de son époux a l'idée d'une fondation sous leur nom conjoint qui est finalement créée par Félicie. Celle-ci décède  en 1906 après avoir légué tous les papiers de son beau-frère et amant à la B.N.F. et au Musée du Louvre, ainsi que l'hôtel particulier à l'Institut de France.
Entre temps, il y avait eu la Commune. Thiers étant l'ennemi honni par les Communards, son hôtel fut détruit entièrement en mai 1871 et ce n'est que grâce à Gustave Courbet que sa collection de porcelaine et d'oeuvres d'art fut sauvée du désastre.
En 1873, l'hôtel fut reconstruit par Alfred-Philibert Aldrophe dans le style Louis XVI. C'est ainsi qu'on peut le voir aujourd'hui.


Face au premier hôtel allait en être construit un autre, beaucoup plus extravagant car dans le style néo-renaissance. C'était en 1840 et c'est l'architecte Edouard Renaud (1808-1886) qui en fut le constructeur aidé par les sculpteurs Antoine Desboeufs (1793-1862) et Gabriel-Joseph Garaud (1807-1880) et les ornemanistes Auguste  Lechesne (1815-1888) et son fils Henri.

 En 1851, une femme s'y installe : Esther (alias Thérèse) Lachmann (1819-1884) qui venait d'épouser un riche noble portugais, Albino Francisco, marquis de Païva-Araujo.
Cette femme qui était né à Moscou, avait été mariée jeune à un tailleur français, puis s'était enfuie pour aboutir à Paris où elle devint la maîtresse du pianiste et compositeur Henri Herz. Lorsque ce dernier partit donner des concerts outre-atlantique, elle en profita pour enchaîner plusieurs liaisons avant de rencontrer son nouveau mari (le premier venant de décéder fort à propos). C'est avec son nouveau nom de Païva qu'elle va surtout être connue. En 1852, elle déménage car elle est la maîtresse de Guido Henckel von Donnersmark qui lui a fait construire un nouvel hôtel particulier luxueux au 25 des Champs-Elysées. Lorsque son marquis de mari, ruiné, se suicide en 1872, elle épouse son amant en titre. Elle meurt en 1884, exilée à Neudeck (Silésie) car soupçonnée d'espionnage.
Cette femme scandaleuse fit naître quelques bons mots faciles de la part des mauvaises langues de l'époque tel que "Bien que l'hôtel ne soit pas encore aménagé, Madame la marquise de Païva peut s'y installer, puisque le trottoir vient d'être terminé".
   
C'est aujourd'hui l'Union Nationale des Associations Familiales qui occupe cet hôtel.

Au centre de la place, il y avait une simple fontaine qui pouvait servir d'abreuvoir pour les chevaux.


En 1911, cet édicule fut changé en un monument à Paul Gavarni (1804-1866) de son vrai nom Sulpice-Guillaume Chevalier. Cet artiste était un dessinateur et lithographe qui collabora à de nombreux journaux qui  publièrent ses caricatures et autres dessins. Son souvenir est surtout attaché au Carnaval de Paris, ce qui est rappelé par les personnages figurant sur le socle du monument.
 La fontaine est l'oeuvre du sculpteur Denys Puech (1854-1942).
                 




Derrière l'hôtel Dosne-Thiers, le jardin a été transformé en un agréable square qui a reçu le nom de Alex Biscarre ancien conseiller municipal de Paris.

 En descendant la rue Saint-Georges, on peut voir le Théâtre éponyme ainsi qu'un peu plus loin, au coin de rue d'Aumale, un sympathique bistro à la devanture vieillotte, Le Bon Georges.



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