mardi 17 décembre 2013

PLACE SAINT-MICHEL et ses alentours, VIe arrondissement

L'emblème principal de la place Saint-Michel est évidemment sa Fontaine à l'angle formé par le boulevard Saint-Michel et la rue Danton.
C'est un point de rendez-vous très pratique et très fréquenté et il y a généralement beaucoup de monde sur l'esplanade devant cet édifice.
A proximité, se trouvent la sympathique place Saint-André des Arts et la mystérieuse rue de l'Hirondelle.

La fontaine, oeuvre de Gabriel Daviout (1823-1881) architecte incontournable du second Empire, a été inaugurée en 1860.

Elle avait été voulue par Haussmann lors du percement du boulevard Saint-Michel, pour fermer la perspective qui s'ouvre à partir du Palais de Justice sur l'île de la Cité.
Le style Second Empire s'exprime ici pleinement dans sa grandiloquence. Les sculptures qui l'ornent sont dues à plusieurs artistes.
Le groupe principal composé de l'archange et du démon est dû à Francisque Duret (1804-1865) qui s'est inspiré d'un tableau de Raphael exposé au Louvre.
C'est Félix Saupin qui a "prêté" son talent pour le rocher sur lequel se tiennent les deux adversaires.
Les chimères qui crachent de l'eau sont de Henri-Alfred Jacquemart (1824-1896) sculpteur animalier renommé.

           
Au-dessus de l'archange, un bas-relief orne l'entablement et est l'oeuvre de Marie-Noémie Cadiot-Constant. Une femme sculpteur à cette époque, ce n'est pas courant. Elle eut d'ailleurs, une vie peu commune et plutôt mouvementée. Née Cadiot en 1828, elle épousa à dix-huit ans Alphonse-Louis Constant, dit Eliphas Lévi, abbé défroqué. Après avoir quitté son mari pour suivre Alexandre de Montferrier, elle épousa un député de Marseille, Maurice Rouvier qui devint ministre du gouvernement Ferry. Auparavant, en 1864, elle avait pris le pseudonyme de Claude Vignon et publia des articles dans le "Tintamarre" et le "Moniteur du soir". Féministe avant l'heure, elle reste malheureusement assez peu connue de la majorité du public. Elle est morte en 1888 et est enterrée au Père Lachaise. Voir ici pour plus de détails (et merci à Nella Buscot pour son site abondamment documenté).

De chaque côté, des colonnes en marbre rouge encadrent le groupe. Elles sont surmontées par des statues allégoriques représentant les vertus cardinales: la Prudence, la Force, la Tempérance et la Justice.
                      
Tout en haut sur le fronton figurent les armes de Paris soutenues par des sculptures de Auguste-Hyacinthe Debay (1804-1865) représentant la Puissance et la Modération.
Sur la photo ci-dessous, on voit l'allégorie de la Force sous les traits d'une femme assez dénudée et s'appuyant sur une massue. Cette oeuvre est aussi de Debay. L'autre statue qu'on aperçoit à droite, est la Justice tenant une épée et elle est de Elias Robert.

Cette fontaine au moment de sa construction, fut vivement critiquée comme tout ce qui est présenté dans un style nouveau. Ce n'est en effet, sans doute pas la plus belle fontaine de Paris. Quoiqu'il en soit, la mise en scène qui nous montre Saint Michel et Satan dans une sorte d'arc de triomphe, est totalement réussie.

Sur la place, côté ouest, s'ouvre la rue de l'Hirondelle. On y arrive en passant à travers une arcade et en franchissant un court escalier et une grille généralement ouverte à tous.
          
Cette rue, lors de la création de la place Saint-Michel perdit une grande partie de sa longueur. Dans cette partie sacrifiée, se trouvait la maison du père de la chirurgie moderne : Ambroise Paré (1509-1590). Cet homme si illustre fut à l'origine de plusieurs avancées en chirurgie comme la ligature des artères en cas d'amputation. Il fut le chirurgien de quatre rois, c'est-à-dire Henri II et ses trois fils, dont on peut constater qu'il fut incapable d'en sauver aucun puisqu'ils sont tous morts prématurément.
Au n°20 un beau portail est surmonté d'une sculpture représentant une salamandre. C'est l'emplacement d'un hôtel que François Ier fit construire pour sa favorite, la belle, ambitieuse et sans scrupule Anne de Pisseleu (1508-1580), duchesse d'Etampes.
Au n°25, se trouvait un cabaret qui recevait régulièrement la visite de Charles Baudelaire et de sa maitresse Jeanne Duval. Plus tard, il fut aussi fréquenté par Pierre Mac Orlan, Francis Carco ou Robert Desnos.
Auparavant, était installé ici le collège d'Autun qui abrita de 1767 à 1777 l'Ecole Gratuite de Dessin qui ensuite déménagea rue de l'Ecole de Médecine (voir ici).
                             
Légèrement plus au sud, se trouve la place Saint-André-des-Arts d'où part la rue de même nom. Elle fut créée à l'emplacement de l'église qui portait aussi ce même nom de saint et qui fut démolie entre 1800 et 1808 pour une raison que j'ignore.
Aujourd'hui, les murs pignons qui se trouvent entre la rue de Suger et la rue Saint-André-des-Arts a été orné d'un trompe-l'oeil dû à Catherine Feff, artiste renommée dans ce genre d'oeuvre. Dommage qu'un imbécile sans doute gêné par la sobriété du décor, ait jugé bon d'y déposer un tag aux couleurs criardes.
             
Sur la photo de droite ci-dessus, on aperçoit au fond un immeuble situé au 1, rue Danton. C'est une curiosité, oeuvre de François Hennebique (1841-1921) qui, en 1901, construisit ce bâtiment tout en béton armé. Il voulait montrer ainsi qu'on pouvait utiliser ce matériau beaucoup moins onéreux pour remplacer la pierre. 
Les premier et quatrième étages sont décorés de céramiques d'Alexandre Bigot (1862-1927), où il est rappelé le nom de l'initiateur du système. L'architecte s'appelait Edouard Arnaud (1864-1943).












Pour finir avec les environs de la place Saint-Michel, je ne peux éviter de parler de la rue Hautefeuille dont l'origine du nom reste inconnue. Au n°5, on découvre une belle demeure flanquée d'une élégante échauguette. Il s'agit de l'ancien hôtel des abbés de Fécamp dont la construction date du XVIe siècle.
Un individu de triste mémoire occupa ces lieux et en particulier dans la fameuse échauguette préparait des poisons qu'il distribuait à qui cherchait de la "poudre de succession". Il s'agissait du chevalier Godin de Sainte-Croix, amant et pourvoyeur de la marquise de Brinvilliers. Celle-ci périt sur l'échafaud pour avoir expédié son père et ses frères en même temps que diverses personnes sur lesquelles elle avait testé ses "potions".





6 commentaires:

  1. Que de mémoire ! Et la mienne propre, qui me rappelle ces rendez-vous donnés ici même...

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  2. Je ne suis pas étonné que ce quartier te rappelle des souvenirs.

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  3. Bonsoir
    Toujours très instructif ces articles. Une belle balade virtuelle.

    Amicalement Richard

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    1. Merci Richard, ça me fait plaisir de savoir que j'intéresse du public avec mes articles.
      Amicalement

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  4. Je découvre le site : très intéressant et belles photos.

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