jeudi 19 janvier 2017

FRESQUES ET STREET ART (1) - PARIS - XIIIème arrondissement.

Le XIIIe arrondissement est certainement le plus représentatif en matière de peintures de rue (plus communément appelées streetart) et de fresques. Il ne s'agit pas cette fois, de graffiti ou de gribouillis sans intérêt mais de véritables oeuvres d'art offertes aux passants.

L'axe du boulevard Vincent Auriol dominé par le métro aérien, en offre un échantillon assez important. Ici, l'intersection du boulevard avec la rue Jeanne d'Arc avec au second plan, la fresque d'Obey et au fond l'église Notre Dame de la Gare.

Tout d'abord au 81 boulevard Vincent Auriol, une magnifique fresque interpelle le passant grâce à ses couleurs éclatantes jaune orangé sur fond bleu et violet. Passé le premier choc causé par l'harmonie des couleurs, on découvre la finesse du dessin et les traits purs de la représentation.
L'oeuvre s'intitule la Madre Secular. Elle se veut, d'après l'artiste Inti Castro, représenter une madone laïque portant divers symboles de la nature et de la science. A remarquer, les bracelets de têtes de mort portant des symboles religieux et dans la main droite, la pomme évoquant Newton et sa découverte de la gravitation universelle.
        
En poursuivant la promenade, on peut voir depuis le 1er octobre 2016, une école maternelle au 90 du boulevard entièrement décorée par un artiste nommé Zdey et sa bande de jeunes aides. Le petit bonhomme central tout noir avec les yeux exorbités est le personnage fétiche de l'artiste.
Juste avant au coin de la rue Jenner et du boulevard, se trouve une autre fresque en noir et blanc. Elle est l'oeuvre d'un artiste espagnol David de la Mano qui peint souvent des humains avec des têtes d'animaux et des membres branchus. Il faut remarquer en dehors de la grande fresque des petits dessins ajoutés par des inconnus: une tête de Coluche, un bouquet (que nous retrouverons ailleurs un peu plus tard), un graff de Cost (artiste américain) et un visage non identifié.

Une grande fresque qu'on aperçoit en arrière-plan sur la photo de l'école ci-dessus, montre une danseuse qui prend son envol. C'est une oeuvre de Faile un collectif de New York, fondé par Patrick McNeil et Patrick Miller. La fresque est disposée de telle façon qu'on ne peut réellement la voir que de loin; néanmoins, en s'approchant, on découvre dans le bas, une inscription : "et j'ai retenu mon souffle".
Nous sommes au 110 rue Jeanne d'Arc.


Juste à côté, une autre fresque montre un jeune garçon de dos qui semble ébloui par le soleil. Cette oeuvre est due à Julien Malland dit Seth un artiste français et elle est située au 112, rue Jeanne d'Arc.
 Un peu plus loin sur la rue Jeanne d'Arc, deux fresques se complètent sur deux murs voisins. Elles sont l'oeuvre d'un couple important du streetart, Janaundjs (autrement dit  Jana et JS) qui ont déjà déposé beaucoup de peintures dans différents endroits du monde. Elle est Autrichienne et lui Français et ils vivent la plupart du temps à Salsburg. Ils ont aussi participé à un collectif qui s'appelle Lézards de la Bièvre.




Revenons au coin de la rue Jeanne d'Arc et du boulevard Vincent Auriol, et retraversons maintenant le boulevard pour découvrir une première fresque d'Obey alias Shepard Fairey, un artiste américain mondialement connu depuis qu'il a créé une affiche pour soutenir Barack Obama. Cette peinture intitulée Révolution (?) est celle que nous voyions de loin sur la première photo de cet article. Elle est dominée par un motif en rosace que nous allons retrouver plus loin.
 En poursuivant dans  la rue Jeanne d'Arc, on parvient au n°60, où figure une autre fresque d'Obey, appelée "Délicate balance". On retrouve donc ce motif en rosace assorti de symboles (statue de la Liberté et tour Eiffel d'une part et écologiques d'autre part). En dessous, la signature de l'artiste apparaît dans  un graphisme élégant.

Et maintenant, une déception, car ces belles fresques bien qu'elles soient des oeuvres d'art, ne sont pas forcément protégées. Au 55 de la rue Jeanne d'Arc, il existait une très belle fresque d'un groupe d'artistes chiliens appelé Alapinta. Ils y avaient représenté une figure tutélaire du panthéon andin : Pachamama, la terre mère. Malheureusement, l'immeuble a subi de gros travaux de réfection et d'isolation et la fresque a maintenant disparu (ou presque). La reverra-t-on un jour? Peut-être. (La photo date de 2015)




Et puisque nous sommes au coin de la rue Clisson, empruntons-la pour découvrir au bout de quelques mètres, une nouvelle fresque en hommage à Jean-Sébastien Bach, au coin de la rue qui porte son nom. C'est une oeuvre de Fabio Rieti qui peint sur toile avant de la coller ensuite sur le mur.







 Poursuivons notre promenade en longeant la rue Nationale en direction du boulevard Vincent Auriol.
Au coin de ces deux voies, deux fresques monumentales attirent le regard. L'une représente un chat bleu par Christian Guémy (alias C215) depuis 2013. L'autre est une oeuvre d'Obey déjà sité, qui rend hommage à la France après les attentats subis en 2015.



Ce même artiste C215 a aussi laissé une peinture beaucoup moins monumentale sur une porte le long du boulevard (n°203). Le portrait représente un homme politique et résistant assassiné par la milice en 1944 : Jean Zay.

 En traversant le boulevard Vincent Auriol, on se trouve face à la place Pinel (1745-1826) dédiée à un médecin aliéniste qui humanisa grandement le traitement infligé aux malades mentaux. Justement, sur cette place une grande fresque représente le bon docteur.
La rue Esquirol (1772-1840) du nom d'un autre aliéniste qui travailla avec Pinel et lui succéda comme médecin-chef de La Salpêtrière s'ouvre sur la place. On voit à son début une belle fresque représentant une jeune femme Evelyn Nesbit (1884-1967) actrice et modèle américaine qui défraya la chronique au début du XXe siècle en raison du meurtre de son ex-amant par son mari. L'oeuvre est due à l'artiste catalane BTOY.

Poursuivons le boulevard Vincent Auriol jusqu'à la place des Alpes où nous empruntons la rue Godefroy. Là, à l'arrière d'une école primaire un grand mur horizontal attendait qu'on le peigne. C'est Zabou une jeune artiste française installée à Londres qui s'en est chargée. Elle a créé ces deux enfants joyeux qui s'envoient des avions en papier.

Traversons la place d'Italie et rendons-nous au parc de Choisy. A l'intérieur, face à la fondation Georges Eastman, une grande fresque horizontale orne un mur. Elle se nomme le Bateau échoué et est due à Sliman. C'est une oeuvre délirante sur le thème de l'Arche de Noé où l'on découvre des animaux improbables aux couleurs outrancières.
        







Derrière le parc de Choisy, passe la rue du docteur Magnan. Au coin qu'elle forme avec l'avenue de Choisy, se trouve un café-restaurant-salle de concert et d'exposition, etc. qui se nomme l'Age d'Or. Au-dessus de la terrasse, il y a une pieuvre d'un artiste appelé Kraken, et à côté, se trouve un mur qui reçoit des fresques éphémères qui se succèdent à un rythme de plus en plus rapide. Sur la photo ci-contre prise en février 2017, c'est Mat Thieu (ou Matt Tieu) qui est l'auteur de ces têtes dessinées à la craie.

Un peu plus loin, rue du Moulinet, se trouve une autre fresque humoristique paraphrasant les jeux vidéos. Elle a été conçue en 2015 par Jacé un artiste réunionnais et il l'a appelée les Gouzous.
     

Grâce à la dynamique créée par la mairie du XIIIe arrondissement, c'est un peu partout qu'on peut rencontrer des exemples de streetart moins officiels mais tout aussi talentueux.

Dans le passage du Moulin des Prés (au coin de la rue Bobillot), un grand oiseau bleu survole un artiste de cirque et deux éléphants, tandis qu'un peu plus loin un jazzman joue de la contrebasse. Juste à côté, Jef Aerosol s'est représenté sur le mur.







On rencontre de ci de là d'autres décors, comme ce bouquet de fleurs dont nous avons déjà vu un exemplaire rue Jenner. Ou ce rideau de boucherie richement coloré rue du docteur Charles Richet.






On découvre aussi les pochoirs de l'incontournable, délicieuse et talentueuse Miss.Tic avec ses jeunes femmes sexy assorties d'aphorismes poétiques ou de calembours revendicatifs.



Et puis un peu partout, fleurissent des dessins, des pochoirs ou des graffiti. Certains sont drôles, d'autres moins. C'est une explosion de spontanéité créative libre. Evidemment, parfois la politique s'en mêle. Est-ce souhaitable?






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