En 1895, Léon Bourgeois et ses frères ont acquis un moulin à eau qui se trouvait à Couargis et ont commencé à l'exploiter. Aujourd'hui, la quatrième génération est aux commandes de l'entreprise qui a évidemment dû déménager pour installer un moulin de plus grande dimension à deux kilomètres de là, dans le village même de Verdelot.
Bien qu'il ne soit plus en exploitation, le moulin de Couargis est toujours débout et reste la propriété de la famille Bourgeois. Il a été récemment restauré par M.Guy Agache afin de servir de musée.
Face au moulin, le Petit Morin coule à travers une prairie au milieu de laquelle a été installé un ancien pressoir à pommes restauré. Dans ce système, on peut voir une cage d'écureuil dans laquelle se plaçait un homme qui en marchant, actionnait des engrenages qui faisaient descendre une poutre qui écrasait les pommes.
A l'intérieur du moulin, on découvre la grande roue à aubes (six mètres de diamètre) qui était mise en action par le courant de la rivière.
A partir de sa reprise par Léon Bourgeois, ce moulin écrasait le grain à l'aide de cylindres plus performants que l'ancien système à meules. La roue entraînait un système d'engrenages qui actionnaient les cylindres dans lesquelles s'écoulait le grain à moudre. Les machines qui étaient utilisées encore jusqu'en 1935, étaient du même constructeur que celles qui sont utilisées aujourd'hui, à savoir l'entreprise suisse Bülher.
Cette espèce d'entonnoir par où descendait le grain entreposé au grenier est plutôt spectaculaire.
Un peu d'histoire :
Jusqu'à la révolution, les moulins étaient la propriété des seigneurs locaux, des abbayes ou des dignitaires ecclésiastiques. Les meuniers étaient des fermiers au sens où ils travaillaient sous contrat. La pratique courante faisait que le meunier ou son valet partait en chasse-mannée (ou chasse-monnée) pour faire la tournée des fermes avoisinantes et récolter du grain à moudre, et ce, uniquement sur le territoire du seigneur. Ce grain moulu, il ramenait la farine qui en découlait moyennant une rétribution qui restait au meunier. En Brie, cette rémunération pouvait être en moyenne d'un dixième. Ce taux était souvent le sujet de discussions et de marchandages interminables. Il y avait aussi beaucoup de réclamations sur la quantité de farine qui était rapportée au fermier. Beaucoup de meuniers avaient la réputation d'être des voleurs, et pas seulement. En effet, lorsqu'ils se présentaient dans les fermes, ils n'avaient généralement affaire qu'à des femmes, les hommes étant dans les champs. D'où une réputation de trousseurs de jupons, qui n'était pas forcément usurpée.
Le fermage était versé au seigneur en nature (farine, poisson ou volaille) ou en espèces sonnantes.
Le meunier exerçait un métier qui n'était pas sans risque. Outre les accidents dus à la machinerie complexe et difficile à maitriser, il y avait les sacs d'environ 100 kg à transporter à dos ce qui occasionnait de gros problèmes de sciatiques, lumbagos, voire hernies discales. Un meunier ne vivait généralement pas vieux.
Après la Révolution, beaucoup devinrent propriétaires de leur moulin et leur richesse s'accrut. Ce ne fut pas pour longtemps, puisque le métier se modernisa et à la fin du XIXème siècle, arrivèrent les plus grandes minoteries qui mirent les petits moulins au chômage technique.
Les meules étaient jadis fabriquées en pierre meulière, d'où son nom. Un gisement important se situe tout près de Verdelot, à La-Ferté-sous-Jouarre.
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