dimanche 2 mars 2014

GALERIES COLBERT et VIVIENNE - PARIS IIème arrondissement.

Il y a une aristocratie dans les passages couverts parisiens. Les galeries Colbert et Vivienne font partie de ceux qui atteignent le plus haut degré de raffinement. Construites derrière le Palais Royal, elles réunissent la rue des Petits-Champs à la rue Vivienne et sont non seulement voisines mais aussi parallèles. Toutes les deux datent de 1826.
GALERIE COLBERT
En 1826, la société Adam et cie acheta à l'Etat, un hôtel particulier ayant appartenu au grand Colbert puis au Régent Philippe d'Orléans. Cet hôtel, bien qu'il fut une oeuvre de jeunesse de Le Vau, un des plus grands architectes du XVIIe siècle, fut détruit et on bâtit donc à la place cette galerie remarquable.
Ce qui la caractérise, c'est la rotonde centrale surmontée d'un dôme de verre inspiré de celui de la Bourse du Commerce. Oeuvre de l'architecte Jacques Billaud, il avait placé en son centre un candélabre monumental alimenté au gaz qu'on surnomma le cocotier lumineux. Ce luminaire devint le lieu de rendez-vous des lorettes et grisettes avant d'être remplacé en 1862 par une statue de Charles-François Leboeuf (1792-1865) .
Elle représente Eurydice mordue par un serpent. Cette jeune dryade (nymphe des arbres) était l'épouse d'Orphée, musicien et poète incomparable. Pour son malheur, elle était désirée par Aristée (pas étonnant quand on se promène toute nue) et pour lui échapper, elle s'enfuit en courant sans voir le serpent sur lequel elle marcha et qui la mordit. Elle en mourut et Orphée fut inconsolable. Il résolut d'affronter les Enfers pour la retrouver. Par son talent, il charma de sa musique le dieu Hadès et son épouse Perséphone et reçut la permission de ramener Eurydice dans le monde des vivants à condition de ne pas se retourner pour la regarder avant d'être revenus sur terre. Malheureusement, Eurydice qui n'en savait rien appela son mari qui se retourna et elle fut définitivement renvoyée aux Enfers.
 

Étrangement, cette galerie ne connut qu'un succès limité par rapport à sa voisine. Les efforts des propriétaires n'y firent rien et quand sous le second Empire, l'engouement pour les passages couverts s'évanouit, la galerie Colbert devint un désert. Lorsque le magasin de nouveautés, le Grand Colbert ferma ses portes, un restaurant prit sa place en 1900 et conserva le nom.
Ce qui attendait la galerie fut bien pire, puisqu'en 1980, elle fut utilisée en partie comme entrepôt et comme stationnement automobile. Heureusement la Bibliothèque Nationale voisine la racheta et la fit restaurer par l'architecte Adrien Blanchet. Elle rouvrit en 1986 ayant retrouvé son aspect d'antan. Elle n'a pas malheureusement plus de succès qu'auparavant, ce qui se comprend, puisque aucun commerce ne l'anime.
Aujourd'hui, des vigiles veillent à ce que les rares visiteurs n'aient que de bonnes intentions. Au dessus de leur tête, la fresque représentant Colbert n'attire même pas leur regard.
               

GALERIE VIVIENNE
Construite quelques mois avant sa voisine, elle ressemble beaucoup à sa cadette, mais avec une ambiance beaucoup plus animée. Évidemment, puisqu'il s'y sont développés des commerces de luxe qui attirent une clientèle choisie aux moyens financiers confortables. A l'origine, un notaire nommé Marchoux acheta tout le pâté de maisons et fit construire la galerie qui au début, porta son nom. C'est l'architecte François-Jacques Delannoy qui en dessina les plans. Il la décora dans l'esprit du premier Empire.
L'intérêt qu'on peut porter à cette galerie tient aussi au sol recouvert de mosaïque de Facchina, un italien installé à la fin du second Empire, rue Legendre et qui remporta un vif succès dans tout Paris.
Comme sa voisine, elle connut aussi un long déclin jusque dans les années soixante où Huguette Spengler s'y installa. Cette américaine artiste psychédélique créa un comité de soutien pour la renaissance de la galerie Vivienne. Elle y demeura jusqu'en 1970 après avoir peint et repeint les devantures des boutiques de couleurs criardes.
                 

Un embranchement relie la galerie à la rue des Perits-Pères qui rejoint la place du même nom.
Une idée de la permanence de certaines institutions : la librairie Petit-Siroux toujours en place depuis l'origine et toujours tenue par des descendants du fondateur.
            

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