lundi 25 novembre 2013

La rue MICHEL-LE-COMTE. PARIS IIIème arrondissement.

Cette rue étroite et parcourue par des véhicules furieux, n'engage pas à y pénétrer. Et pourtant, elle renferme quelques belles demeures et une belle histoire.
Tout d'abord, l'origine du nom de cette rue : cela viendrait d'un comte mystérieux du XIIIe siècle qui se nommait Michel; néanmoins, on ne sait pas de quel comté il était le seigneur. Il est intéressant de noter qu'au XXIe siècle, on l'honore toujours par un nom de rue parisienne alors que bien d'autres voies ont été débaptisées pour rendre hommage à de récents disparus.
Mais ce n'est pas tout : il parait bien certain que cette rue soit celle qui est concernée par l'expression étrange "Ça fait la rue Michel" qui signifie que "ça fait le compte". D'après ce que j'ai trouvé dans ma documentation, c'est que les fiacres avaient dans cette rue, une remise où ranger leur voiture. Quand un client n'avait pas assez pour payer la course qu'il demandait, le fiacre acceptait de le conduire jusqu'à ce garage où il pouvait laisser son véhicule et son cheval. Pour le client, c'était moindre mal que de rentrer totalement à pied. Ça faisait donc le compte.

Au numéro 28, l'hôtel d'Hallwill après avoir été occupé par Louis de la Palu, comte de Bouligneux, devint la propriété des Hallwill, l'un maréchal d'Autriche et l'autre colonel d'un régiment suisse en France. Il le firent remanier par Nicolas Ledoux (1736-1806) et le louèrent en 1757 à Necker futur ministre de Louis XVI. C'est ici que naquit en 1766, sa fille Germaine, future Madame de Stael. Le prince Esterhazy l'occupa aussi durant l'Empire.









Au numéro 21, habitait le ménage du vitrier Rousseau. Et alors? Demandera-t-on. Et bien, l'épouse de ce vitrier était une femme bonne qui recueillit un bébé au matin du 16 novembre 1717 sur les marches de l'église Saint Jean le Rond. On donna d'ailleurs ce nom à l'enfant, comme c'était la coutume à l'époque .
Sa mère biologique, le baronne Claudine Tencin ne pouvait, sans déchoir, élever cet enfant qu'elle avait eu de ses amours avec le chevalier Destouches.
Cet enfant, soutenu financièrement par son père biologique, fit de brillantes études. Il prit le nom de d'Alembert et brilla en publiant de nombreux écrits, participa à l'Encyclopédie de Diderot et devint académicien. Belle revanche sur le destin!
Il ne quitta cette maison qu'à quarante huit ans.




Au numéro 19, l'hôtel Beaubrun des 17e et 18e siècles.
A-t-il appartenu au peintre Charles Beaubrun (1604-1692) auteur fameux de portraits de reines et d'autres grandes dames de la cour ? Peut-être.








Numéro 22 : ici habita Edmont-Louis-Alexis Dubois de Crancé ou Dubois-Crancé (1747-1814), député du tiers-état aux Etats Généraux de 1789, conventionnel, régicide, membre du Comité de Salut Public. Suspect de tiédeur au yeux de Robespierre, il échappa de peu à la guillotine grâce au 9 thermidor. Il fut aussi un éphémère ministre de la guerre durant deux mois en 1799, jusqu'au coup d'état du 18 brumaire qui mit fin au Directoire.




Numéro 23 : une belle maison sans, malheureusement, d'indication sur son histoire ni son origine. Simplement, elle est occupée au rez-de-chaussée par un bijoutier et un artisan verrier de grand talent.








Pour terminer cette visite, un coup d'oeil mérité à ce magasin de bric-à-brac africain où doivent se fournir les vendeurs à la sauvette qu'on retrouve au pied de la Tour Eiffel ou du Sacré-Coeur.

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