Quand on parcourt la route qui va de Mâcon à Cluny, on ne peut pas le manquer. Austère, formidable et magnifique, il domine le paysage de toute sa hauteur.
Déjà au Xe siècle, alors que la dynastie capétienne prenait le pouvoir sur le royaume de France, il y avait ici un castrum en bois au dessus d'une chapelle. La famille de Berzé, vassale du roi de France, y avait droit de justice.
Puis, au XIIIe siècle, au début du règne de Saint-Louis, Hugues de Berzé fit construire la forteresse de pierre, en partie pour protéger l'abbaye voisine de Cluny.
Pendant la deuxième partie de la guerre de Cent ans, le château fut occupé tour à tour par les Bourguignons et les Armagnacs. Resté aux mains du duc de Bourgogne, celui-ci en fit don à son écuyer Macé de Rochebaron; en 1471, il fut assiégé par les troupes de Louis XI sans succès.
Un siècle plus tard, il se retrouve dans la tourmente des guerres de religion. Occupé par les protestants, il est pris en 1591 par le duc de Nemours, chef des ligueurs.
Peu après cet épisode dramatique, il fut abandonné pendant deux siècles. Il devient une sorte de ferme monumentale peuplée de paysans et d'animaux.
C'est sans doute la raison pour laquelle il a conservé ses caractéristiques médiévales; en effet, lorsqu'il fut réoccupé par la famille de Thy de Milly à partir de 1817, le début du romantisme avait mis au goût du jour la vogue du Moyen-âge et les transformations se limitèrent à l'agrandissement des fenêtres, l'aménagement du logement des propriétaires ou à la couverture des tours qui, jadis avaient des toits plats en terrasse.
Le châtelet d'entrée montre la trace des flèches de levage du pont levis, ainsi que des blasons dont celui ci-dessus aux armes des Rochebaron. Sur les tours qui encadrent la porte, des meurtrières ont été agencées au début de l'artillerie (XIVe-XVe siècle) pour recevoir les bouches de canons. Au-dessus des portes, se trouvent des mâchicoulis au travers desquels, on pouvait verser des pierres sur les assaillants.
Sur la photo du milieu on aperçoit la rainure dans laquelle coulissait la herse. Le portail de bois est d'origine: lors du siège de 1591 par le duc de Nemours, les premières défenses avaient été détruites par l'assiégeant. La baronne de Rochebaron en capitulant avait donc ouvert les dernières portes qui furent ainsi conservées.
Le château de Berzé comporte trois enceintes séparées par des cours actuellement cultivées en jardins variés (potager, verger, etc..).
Sur la photo de gauche, ce qui semble être une muraille en arrondi, est en fait le chevet de la chapelle datant du Xe siècle. C'est un des rares édifices religieux datant de l'époque carolingienne.
Une tour conserve un puits d'un genre particulier, car c'est dans ce trou que les vilains venaient payer leur fermage. Ce n'était évidemment pas en argent sonnant et trébuchant, mais en grain. On passait ensuite par en bas pour prélever au fur et à mesure, ce dont on avait besoin . La pièce de réception des paysans était équipée d'une cheminée signe de puissance (toutes mes excuses pour la qualité des photos, l'éclairage était très médiocre).
Plus loin, on accède au logis seigneurial où les aménagements "modernes" sont les plus importants.
Il subsiste aussi le four banal où les villageois venaient cuire leur pain moyennant une redevance.
Et on ne saurait être complet sans montrer le paysage somptueux que l'on découvre depuis les chemins de ronde, même par temps couvert.
Une légende tenace raconte qu'un seigneur de Berzé particulièrement cruel aurait voulu faire une expérience: il aurait enfermé un homme et un boeuf dans une pièce pour voir lequel des deux résisterait le mieux à l'absence de nourriture. Cette légende que l'on retrouve dans plusieurs endroits en France, est une pure fantaisie inventée pour donner une image du Moyen-âge à la fois maléfique et fantastique.
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