mercredi 9 janvier 2019

CIMETIERE MONTMARTRE - PARIS - XVIIIème arrondissement (2ème partie).

20, avenue Rachel.

Poursuite de l'exploration du cimetière de Montmartre.

13e division.
Tout d'abord, deux frères célèbres qui animèrent les salons littéraires parisiens. Jules (1830-1870) et Edmond (1822-1896) de Goncourt, écrivains et diaristes et amis des écrivains du mouvement naturaliste. C'est Edmond qui, par testament, fonda la célèbre Académie (voir ici ). Leur tombe est ornée de médaillons dus à Alfred Lenoir (1850-1920).


A côté, une tombe est celle de Margaret Kelly (1910-2004), danseuse irlandaise, créatrice en 1932 de la troupe des Bluebell Girls qui se produit toujours au Lido. Elle fut d'ailleurs surnommée Miss Bluebell. Un buste d'elle à la fin de sa vie, avait été disposé sur sa tombe. Il a été volé et remplacé par un cube de verre à l'intérieur duquel on découvre son visage. Avec elle repose son fils Jean Paul Leibovici. Durant l'occupation, elle cacha son mari juif roumain dans une cave jusqu'à la Libération. Cette histoire inspira François Truffaut pour "le Dernier Métro".




Juste derrière, se trouve la tombe d'un violoniste, Edouard Nadaud (1862-1928), professeur au Conservatoire de Paris. Son buste magnifiquement réalisé est de Victor Ségoffin (1867-1925).








15e division.

 C'est ici qu'on peut découvrir la tombe de Jean--Claude Brialy (1933-2007). Acteur de théâtre, de cinéma et de télévision, réalisateur, il a créé le festival de Ramatuelle. C'est la nouvelle vague qui l'avait révélé. La tombe est élégante à l'image de son locataire.







A côté, repose une héroïne romantique : Alphonsine Plessis (1824-1847) plus connue sous le pseudonyme de Marie Duplessis et encore plus connue sous le surnom de Dame aux Camélias. On retrouve son histoire ici. Son ancien amant, A.Dumas fils, est enterré dans la 22e division.



18e division.

Un très beau bronze de Rodin représente Jules Castagnary (1830-1888), journaliste et critique d'art, ami et soutien de Gustave Courbet et de l'école naturaliste.










Augustin Feyen-Perrin (1826-1888) peintre, est enterré avec son frère aîné Jacques-Eugène Feyen (1815-1908), peintre également. Leur tombe est ornée d'une jolie statue de jeune fille du sculpteur Ernest Guilbert (1848-1920).
L'avant du monument porte un bas-relief représentant Jacques-Eugène par lui-même.





 Après des peintres, des musiciens dont le plus important fut Eugène Gigout (1844-1925). Organiste, professeur et compositeur, il fut organiste titulaire de l'église Saint Augustin pendant 62 ans. Il est enterré avec son neveu et fils adoptif Léon Boëlmann (1862-1897). Sur la stèle est gravée une citation de Gabriel Fauré élève d'Eugène Gigout. Elle est malheureusement devenue illisible. Le médaillon est de Naoum Aronson (1872-1943).



19e division.

Dominant la petite place située peu après l'entrée du cimetière, le cénotaphe d'Emile Zola (1840-1902) est visible de loin. C'est un monument de marbre dans le style art-nouveau comprenant un buste de Philippe Solari (1840-1906). Enterré d'abord ici, le corps de l'écrivain fut transféré au Panthéon en 1908. Son épouse Alexandrine et ses enfants sont restés sur place.




La tombe de Otto Klaus Preis (1936-2003) est très remarquable par la statue qui la domine. Cet homme travailla pour Nina Ricci et fut un grand collectionneur d'art et un mécène. La statue est une oeuvre du grand sculpteur Paul Landowski (1875-1961). Elle représente un des fils de Caïn, groupe qu'on peut admirer sur la terrasse des Tuileries. Landowski est l'auteur de statues monumentales comme la Sainte Geneviève du pont de la Tournelle (voir ici) ou Edouard VII dans le passage du même nom (voir ici)











21e division.

Une figure célèbre à Montmartre repose ici : Jacques Delarue dit Anatole (1911-1998) fut garde-champêtre de la commune libre du Vieux Montmartre de 1953 à 1988. Se faisant photographier par les touristes, il fut longtemps une des attractions du village montmartrois. Il partageait sa vie avec sa "cantinière" Mick Moruzzi (1929-2008). Le buste au sommet du monument est de Pedro Olaïzola (1909-1984) sculpteur d'origine uruguayenne et Montmartrois d'adoption.


 Une tombe attire le regard par la belle sculpture qui l'orne. C'est celle de Gustave Guillaumet (1840-1887) peintre orientaliste ayant surtout représenté des scènes populaires dans l'Algérie de la fin du XIXe siècle. La sculpture est de Louis-Ernest Barrias (1841-1905) et représente une jeune algérienne qui dépose des pétales de roses sur le médaillon représentant le défunt.



A l'angle de la division se trouve une tombe assez monumentale. C'est celle de Henri Meilhac (1831-1897) un dramaturge et librettiste qui travailla pour Jacques Offenbach et pour Georges Bizet (Carmen). La sculpture représente la Douleur par Albert Bartholomé (1848-1928) artiste dont il a été question dans la description de la tombe Pam de la 3e division de ce cimetière (voir ici )


Une autre tombe remarquable est celle d'une artiste aux talents multiples, puisqu'elle fut danseuse étoile, actrice, peintre et sculptrice. Monique Tchemerzine plus connue sous le nom de Ludmila Tchérina (1924-2004) repose sous une de ses oeuvres "Europe à coeur" dont l'original se trouve devant le parlement européen.





Léon Gozlan (1803-1866) était un écrivain français, intime de Balzac, président de la Société des Gens de Lettres puis de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques.








Jules Simon (1814-1896) de son nom de naissance Jules Suisse fut un homme politique fervent républicain qui contribua à l'instauration de le IIIe république en 1870. Il fut ministre et président du Conseil durant 5 mois.








Que serait un grand cimetière sans ses chats.

mercredi 2 janvier 2019

CIMETIERE MONTMARTRE - PARIS - XVIIIème arrondissement (1ère partie).

20, avenue Rachel.
Le cimetière du Nord ou cimetière Montmartre est le successeur du cimetière des Grandes-Carrières ou du Champ-du-Repos, créé en 1798, fermé en 1808 et ré-ouvert en 1825. A cet emplacement, auparavant, se trouvaient des carrières de gypse qui servirent de fosse commune pendant la Révolution durant laquelle les morts anonymes étaient trop nombreux pour qu'on s'en préoccupe.

Comme tous les cimetières parisiens, celui-ci accueille de nombreuses personnalités, artistiques, littéraires, politiques ou industrielles. Evidemment, il y a quelques tombes spectaculaires ou monumentales, mais aussi quelques autres plus modestes.


La particularité de ce cimetière est d'être enjambé par un pont métallique sur lequel passe la rue Caulaincourt. Depuis cette rue on accède à l'avenue
 Rachel par un escalier.











Ce qui suit est un aperçu sur quelques tombes remarquables. C'est loin d'être exhaustif, évidemment (il existerait environ vingt mille concessions dans ce cimetière).

1ère division.
La première tombe qu'on remarque en entrant est une simple stèle blanche enveloppée de lierre et entourée d'une grille. C'est la tombe de la famille Guitry où sont enterrés le père Lucien (1860-1925), les deux fils Jean (1884-1920) et Sacha (1885-1957) et la dernière épouse de ce dernier, Lana née Marconi (1917-1990).



En montant l'escalier à l'arrière de cette petite enclave, on découvre une tombe étrange. Il s'agit de celle de Pierre-Léonard Laurecisque (1797-1860), architecte français, bâtisseur de l'ambassade de France et de l'église Saint-Louis-des-Français à Istanbul. Cette tombe est aussi le cénotaphe de sa première épouse (1821-1847) et de son jeune fils Pierre (1840-1847) qui eux, reposent dans l'église Saint-Louis-des-Français. Les trois personnes sont représentées dans ce qui ressemble à des sarcophages laissant apparaître leurs visages et leurs pieds. La seconde épouse de l'architecte, Marie-Reine Haintz (1790-1884) repose avec lui.
               


Au bout du chemin des Gardes, qui longe le mur Est du cimetière, se trouve une des tombes les plus célèbres de ce cimetière celle de Yolanda Cristina Gigliotti alias Dalida (1933-1987). Mausolée très kitsch, il est orné d'une statue de l'artiste en pied derrière laquelle se déploie un décor solaire doré.






3e division.
En abordant cette division, on est tout de suite confronté à un monument important. Son principal occupant est un banquier et néanmoins généreux mécène: Daniel Iffla dit Osiris (1828-1907). La tombe est surmontée par une copie du Moïse de Michel-Ange reproduit par Mercié. Elle est entretenue par l'Institut Pasteur, principal bénéficiaire de sa générosité.




Une tombe surprenante est celle de la famille Pam-Herczka pour laquelle Albert Bartholomé (1848-1928) a sculpté une femme-génie planant au-dessus du caveau. On ne trouve pas d'histoire concernant les défunts, en revanche le sculpteur est célèbre pour avoir réalisé plusieurs tombeaux dont nous verrons un exemplaire plus loin. Il fut d'abord un peintre, puis se consacra à la sculpture et remporta quelques succès.



Un homme un peu oublié est également enterré dans ce secteur: Camille Sée (1847-1919) promoteur d'une loi permettant aux femmes de bénéficier de l'enseignement secondaire et supérieur.








Juste à côté, repose Emile Deutsch de la Meurthe (1847-1924, riche industriel et mécène. Il eut l'idée de créer un établissement accueillant les étudiants étrangers, début de la Cité Universitaire qui comprend dans son périmètre la "Fondation Emile et Louise Deutsch de la Meurthe".


Une autre tombe claire est celle de Victor Brauner (1903-1966) peintre surréaliste d'origine roumaine, ami de Brancusi. Le monument est orné d'une sculpture de l'artiste lui-même, qui signe également l'épitaphe : "Pour moi, peindre, c'est la vie, la vraie vie, ma vie."



Un beau bas-relief art-déco orne la tombe de Jacques Rouché (1862-1957) ancien directeur de l'Opéra de Paris. La sculpture est d'un certain Lefevre, peut-être Hippolyte Lefebvre (1863-1935) dont les dates correspondent mais pas l'orthographe du nom de famille, à moins qu'il ne s'agisse de Camille Lefèvre (1853-1933) qui pourrait mieux correspondre.






Un tombeau monumental abrite les restes des frères Pereire, Emile (1800-1875) et Isaac (1806-1880) industriels et banquiers très entreprenants qui créèrent la ligne de chemin de fer Paris-Saint-Germain-en-Laye, la première à transporter des passagers et beaucoup d'autres. Ils ont aussi développer les Landes en plantant des milliers d'arbres. Ils finirent par faire faillite en 1867.  La tombe est une sépulture familiale où se trouvent plusieurs personnes.




Un tombeau imposant abrite un écrivain célèbre: Théophile Gautier (1811-1872). Une muse qui semble jouer à chat perché, surmonte le monument. Elle tient une palme et à ses pieds un médaillon porte un bas-relief représentant l'auteur. La sculpture est de Cyprien Godebski (1835-1939).






4e division.
Un mausolée abrite les restes de la famille de Gas, à moins qu'il s'agisse de la famille Degas en un seul mot. En effet, la tombe mentionne le nom avec une particule, alors que l'acte de naissance d'Edgar dit Degas en un seul mot. Ce serait Hilaire, grand-père d'Edgar, qui, à la Révolution en se réfugiant au royaume de Naples aurait changé son nom pour revenir plus tard aux origines. Quoiqu'il en soit, Edgar Degas (1834-1917) est le plus illustre représentant de la famille. Peintre de génie, il est célèbre pour ses danseuses, mais aussi pour ses scènes de courses de chevaux. Il fut aussi un grand sculpteur. Le médaillon sur la porte est de Marcel Chauvenet (1906-1988).
5e division.


La tombe d'Henry Murger (1822-1861), un écrivain bien oublié aujourd'hui qui inspira pourtant Puccini pour son opéra La Bohème, rappelle un autre monument situé dans le cimetière Montparnasse. Et pour cause, puisque c'est le même sculpteur qui en est l'auteur : Aimé Millet (1819-1891) (voir ici). L'artiste s'est contenté de se copier lui-même.





7e division.

On y découvre le cénotaphe d'un poète romantique polonais Jules Slowacki (1809-1849). Le corps du défunt fut transféré à Cracovie en 1927 et placé aux côtés de son rival Adam Mickiewicz (1798-1855). Le médaillon qui le représente est de Wladyslaw Oleszczvinski (1807-1866).





9e division.

En bordure de cette division on découvre la tombe de Léo Delibes (1836-1891) grand compositeur français à qui l'on doit des musiques de ballet comme Coppélia ou Sylvia et surtout son opéra Lakmé.