mercredi 19 juin 2019

LA CHARTREUSE DU LIGET - CHEMILLE-SUR-INDROIS- Indre-et-Loire.

Ce monastère fut fondé au XIIe siècle par Henri II Plantagenêt (1133-1189), roi d'Angleterre et comte d'Anjou, peut-être en expiation du meurtre de Thomas Becket (1120-1170).
Il fut occupé par les moines chartreux jusqu'à la Révolution Française où il fut vendu comme bien national. C'est en 1837 que ce qui restait des bâtiments fut acheté par la famille de Marsay qui en est toujours propriétaire.
L'entrée monumentale datant du XVIIIe siècle représente Saint Bruno, fondateur de l'ordre des Chartreux priant sur un oratoire sous lequel figure un crâne (celui d'Adam?). Derrière lui surgit une tête de monstre figurant le Mal.


On aperçoit à travers la porte, la perspective qui mène jusqu'aux bâtiments encore existants qui étaient les logis des domestiques.









A gauche, on aperçoit les ruines de l'église Notre-Dame qui abritait aussi la salle du chapitre.






             

Derrière l'église se trouve le grand cloître bâti au XVIIIe siècle et jamais achevé du fait de la Révolution. Il ne reste que l'aile ouest avec sa galerie voûtée et les murs nord et sud de cet espace mesurant à l'origine 114 m de long sur 39 m de large. Le mur nord fait apparaître des ouvertures. Ce sont des sortes de passe-plats par lesquels on fournissait les moines qui avaient leur cellule de l'autre côté. Ces cellules individuelles communiquaient entre elles par une coursive supérieure.
Chaque père vivait reclus dans sa maison. Jusqu'en 1628, ils se faisaient à manger seuls, puis leurs repas leur furent fournis par les cuisines communes.
       
       

En revenant vers le portail, on se retrouve sur un large espace au centre duquel se trouve un magnifique hêtre pourpre. Les bâtiments qui subsistent là sont ceux des communs. Il y a aussi une petite chapelle à l'emplacement des archives de l'ordre.
 
En quittant la Chartreuse, on peut constater l'harmonie des proportions des pavillons qui encadrent la deuxième entrée. Le dos du portail porte un bas-relief représentant Saint Jean-Baptiste.


dimanche 16 juin 2019

COLLEGIALE SAINT-OURS - LOCHES (Indre-et-Loire)

Fondée vraisemblablement au Xe siècle par Geoffroy Grisegonelle, comte d'Anjou, elle fut reconstruite entre le XIe et le XIIe après son effondrement. C'est à Thomas Pactius , prieur de la communauté que l'on doit cette reconstruction. Au commencement, elle était destinée à recevoir une sainte relique, la ceinture de la Vierge.
Au XVe siècle, lorsque Charles VII offrit la seigneurie de Loches à Agnès Sorel, celle-ci fit confectionner un reliquaire précieux pour cette ceinture.
Durant l'année 2019, des fouilles sont en cours dans la crypte pour découvrir les sépultures que la collégiale renferme.


 Ce qui est remarquable dans ce bâtiment, ce sont d'abord les quatre tours creuses octogonales appelées dubes.








Deuxième élément admirable : le narthex avec son porche roman dont les sculptures ont malheureusement subi de nombreux dommages et dont la polychromie s'est effacée.

De part et d'autre du portail, deux curiosités, tout d'abord un tronc fait d'une souche dans laquelle on plante un clou quand on fait un don, d'autre part un bénitier datant de l'époque gallo-romaine.



         




Le principal trésor de la collégiale à la fois artistique et émouvant est le tombeau d'Agnès Sorel. On ignore qui est l'auteur de ce chef-d'oeuvre.
Agnès Sorel née vraisemblablement en 1422, fut la première favorite royale officielle. Le roi Charles VII l'a comblée de cadeaux lui offrant les domaines de Beauté près de Vincennes, de Roquecézière et surtout de Loches. Elle fit elle-même de nombreux dons aux religieux pour tenter de se concilier les faveurs célestes en dépit de sa vie jugée condamnable par les bonnes âmes. Bien qu'enceinte, alors qu'elle rejoignait le roi en février 1450 en Normandie, elle fut victime d'un flux de ventre dont elle mourut. A l'analyse de ses restes en 2005, il a été prouvé qu'elle avait été victime d'un empoisonnement au mercure, sans qu'on puisse établir si ce fut volontaire ou accidentel. 
Voir l'article sur Jumièges où elle est décédée : ici
Quoiqu'il en soit, son gisant d'albâtre est une merveille. La défunte est encadrée par deux anges qui soutiennent le coussin sous sa tête, tandis que deux agneaux (ou béliers) feraient référence à son prénom.
           




L'historien Pascal Arnoux écrit à propos d'Agnès Sorel: fidèle, discrète, douce et équilibrée, Agnès aima de tout son coeur cet homme (Charles VII) à la mine triste, au physique ingrat, fils d'un roi fou et d'une reine décriée, qui douta tant de lui-même. Elle lui apporta une affection vigilante, à lui qui en fut si privé.
Merci à Bruno et Richard pour leur précieux apport photographique