dimanche 25 octobre 2015

EGLISE SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS - PARIS - Ier arrondissement.

Les alentours : 
Face à la majestueuse colonnade du Louvre, il fallait un vis-à-vis remarquable.
Or, depuis très longtemps, il existait une église à cet endroit. La première remonterait au IVe siècle et celle qui s'y trouve actuellement possède des parties remontant au XIIe. Depuis, elle a connu de nombreuses modifications jusqu'au XIXe siècle. Certains considéraient qu'en face de la colonnade (qui date de 1670) il ne pouvait y avoir qu'une vaste esplanade ou une longue perspective. Il y eut de nombreux projets et ce n'est qu'au Second Empire avec les grandes réformes haussmanniennes qu'enfin on adopta une solution. En réalité, ce ne fut pas le cas tout de suite puisque le projet initial prévoyait une avenue allant de l'Hôtel-de-Ville au Louvre. C'est le baron Haussmann lui-même qui s'y opposa ne voulant pas détruire l'église Saint-Germain-l'Auxerrois qui se trouvait sur le trajet. L'avenue Victoria s'arrêta donc au Châtelet et on décida de donner à l'église un pendant qui servirait de mairie au Ier arrondissement. C'est ainsi que naquit le paysage actuel de la place du Louvre.
C'est à Jacques Hittorff (1792-1867) que l'on confia la construction de la mairie du Ier arrondissement qui devait être le pendant à l'église voisine. Il édifia un bâtiment dans le style néo-gothique qui était très à la mode à l'époque et répondait à la demande qui lui avait été formulée. 
             



Les deux niches placées de part et d'autre de la rosace contiennent des statues représentant l'une la Bienfaisance de Pierre Travaux (1822-1869), l'autre la Justice d'Aimé Millet (1819-1891).
Pour créer un lien avec l'église, on demanda à Théodore Ballu (1817-1885), un beffroi qui servirait de trait d'union aux deux édifices. Il s'acquitta au mieux de cette mission, construisit un bâtiment dans le même style gothique flamboyant et le lia aux autres par des arcades.
                 
L'église:
L'église Saint-Germain-l'Auxerrois était autrefois à la tête d'une paroisse très vaste qui allait jusqu'à Passy et Chaillot. Sa proximité avec le Louvre en fit l'église de la famille royale sous les Valois. Elle est liée à un souvenir tragique puisque c'est sa cloche qui aurait servi de signal au déclenchement du massacre de la Saint-Barthélémy le soir du 23 août 1572. 
Le narthex de l'église porte de nombreuses statues dont beaucoup datent du XIXe siècle. Celles de part et d'autre du porche central en revanche, sont authentiques. Le tympan du portail a été détruit et n'a pas été remplacé mais les voussures sont authentiques et datent du XIIIe siècle.
     
Ces statues, celles qui ne sont pas authentiques, sont néanmoins des copies des originales. On remarque en particulier cette représentation de Sainte Marie l'Egyptienne, sainte anachorète du Ve siècle, dont la nudité est cachée par ses cheveux et dont l'original est conservé à l'intérieur de l'église.
                     

La façade sud donnant sur la rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois montre un porche flanqué d'un escalier extérieur et le clocher raccourci d'où la cloche de la Saint-Barthélémy sonna. C'est l'élément le plus ancien de tout l'édifice.
En entrant dans l'église, on découvre la voûte de la nef centrale flanquée de deux collatéraux dont l'un, celui de droite est limité à la seule chapelle de la Vierge. L'orgue provient de la Sainte-Chapelle.
                  
Le retable de la chapelle de la Vierge est étonnant. Il mêle des éléments de différentes époques comme la fresque murale due à Amaury-Duval (1808-1885) élève d'Ingres ou la statue de la Vierge qui date du XIVe siècle. Cette statue est placée au milieu d'un décor de bois sculpté datant du XVe.
                  

Le plafond est lui aussi remarquable tandis qu'un vitrail (XIXe siècle) représente des rois de Juda surmontés d'un portrait de Judith, et on y voit aussi l'authentique statue de Marie l'Egyptienne. Elle tient entre ses mains les pains qui lui permirent de survivre dans le désert pendant quarante-sept ans. S'agirait-il d'une légende?
        
Installé sur la clôture latérale du choeur se trouve un magnifique triptyque  de l'Ecole Française du XVIe siècle. Il est consacré à la vie de Marie (la vitre qui le protège ne permet pas de faire de bonnes photos). L'Annonciation est particulièrement belle.
           
                
La chapelle de la compassion dans la partie nord de l'église comporte une autre merveille : un retable flamand d'origine anversoise datant de la fin du XVe siècle. Il représente en haut-relief des épisodes de la vie de la Vierge et de la Passion. Il fut offert en 1839 par le comte de Montalivet alors ministre de l'Intérieur du roi Louis-Philippe.
             
Une autre chapelle latérale renferme des sculptures remarquables : une mise au tombeau, une piéta et une belle statue de Sainte-Philomène. Dans une autre chapelle, on peut voir un autel surmonté d'un retable néo-gothique.
         
Une colonne recouverte d'ex-voto et deux vitraux représentant l'un Saint-Louis reconnaissable à la Couronne d'épines qu'il tient dans la main et l'autre Sainte Clotilde.
                   

Cette statue de Saint Germain d'Auxerre date du XVe siècle. Elle est placée à l'entrée du choeur.
Qui était ce saint évêque? Il était né vers 380 à Appoigny (Yonne) et est mort à Ravenne en 448. Devenu avocat, il est nommé gouverneur et a des relations très difficiles avec l'évêque d'Auxerre du moment qui est Saint Amâtre. Celui-ci alors en fuite devant la vindicte de Germain, a une révélation: c'est son adversaire qui lui succédera à l'évêché d'Auxerre. Fort de cette conviction, il s'en va le rencontrer, le convertit et le fait prêtre. A la mort de Saint Amâtre, c'est Germain qui coiffe la mitre à sa place. Au cours de ses actions contre l'hérésie, il rencontre une fillette de dix ans et la consacre. Elle deviendra Sainte Geneviève, la patronne de Paris et l'inspiratrice de Clovis et Clotilde. Pour négocier la paix en Armorique avec Aetius dernier généralissime romain, il se rend à Ravenne et y meurt.


A gauche, la chaire derrière laquelle on aperçoit la chapelle de la Vierge.

A droite, un bénitier de Louis Lerambert (1620-1670).

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