mardi 13 octobre 2015

PLACE GAILLON - PARIS - IIème arrondissement.

Cinq rues y convergent, ce qui n'empêche pas la place Gaillon d'être un lieu assez tranquille en dépit de la proximité de l'avenue de l'Opéra.
Ici, autrefois se trouvait une porte de l'enceinte de Louis XIII qui conduisait au domaine des Porcherons (actuelle place d'Estienne d'Orves ou de la Trinité). La porte fut démolie entre 1690 et 1700 par le duc de Lorge qui agrandissait son hôtel particulier.
L'histoire de cet hôtel est assez particulière puisqu'il fut commencé par Nicolas Frémont (1622-1696), laquais devenu garde du trésor royal. Il maria sa fille au duc de Lorge qui en eut lui-même deux filles. Ces deux demoiselles furent hautement mariées l'une au duc de Saint-Simon, l'autre à duc de Lauzun. Pour la petite histoire, ce dernier avait 62 ans alors que sa jeune épouse n'en avait que 14 ou 15. Aujourd'hui, on parlerait de pédophilie. 
Le même duc de Lauzun avait fait parler de lui vingt ans auparavant, en voulant se marier avec la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV et en insultant la Montespan, toute puissante favorite du moment.

Cette place apparemment anodine comporte deux éléments intéressants.
Le premier est une belle fontaine placée au coin de la rue de Port-Mahon et de la rue de La Michodière. D'abord, créée en 1707 par Jean Beausire (1651-1743), elle fut démolie en même temps que l'hôtel de Lorge et reconstruite par Louis Visconti (1791-1853), l'architecte à qui l'on doit le tombeau de Napoléon aux Invalides, la fontaine Louvois (voir ici) ou la fontaine Saint Sulpice (voir ).
      



L'autre élément important de cette place est le restaurant qui se trouve face à la fontaine. Chez Drouant est un établissement qui sert de résidence à l'Académie Goncourt qui s'y réunit tous les premier mardi de chaque mois. Cette académie composée de dix membres, beaucoup critiquée, vilipendée, n'en reste pas moins prépondérante quant à la célébrité engendrée par la remise de son prix annuel.
C'est aussi dans cet établissement que se réunit le jury du prix Renaudot le même jour et juste après son illustre prédécesseur. Les membres sont aussi au nombre de dix. 
La décoration de la devanture ne manque pas de rappeler que le restaurant est un lieu dédié à la littérature.
    
Les frères Goncourt sont enterrés dans le cimetière Montmartre. 
La rue de La Michodière doit son nom au prévôt en poste au moment de sa percée et de la destruction de l'hôtel de Lorge, c'est-à-dire en 1778. 
Au n°2 l'immeuble anodin et sans attrait particulier a inspiré Emile Zola pour en faire l'adresse du magasin "au Bonheur des Dames", du roman éponyme.

 Au n°4 se trouve le théâtre de La Michodière construit en novembre 1925 en pleine période "Années folles". L'architecte Auguste Bluysen (1868-1952) l'a évidemment construit dans le style art-déco en vogue à l'époque. Il ne cessera pratiquement jamais de fonctionner.

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