Au coin du boulevard Saint Germain et de la rue des Saints-Pères, c'est comme une petite enclave ukrainienne qui a été installée dans Paris. Elle regroupe le square Tarass Tchevchenko et la cathédrale saint Vladimir le Grand appartenant à l'église gréco-catholique ukrainienne.
Cette modeste cathédrale était à l'origine la chapelle de l'hôpital des frères Saint-Jean de Dieu dit aussi hôpital de la Charité. Elle fut reconstruite en 1732 par Robert de Cotte (1656-1735) élève, beau-frère et successeur de Jules Hardouin-Mansart. A la Révolution, on y enseigna la médecine, puis Jean-Nicolas Corvisart, médecin de Napoléon Ier l'occupa à partir de 1802 pour y exercer son métier. Elle fut ensuite affectée à la faculté de médecine et servit de salle de conférence. Enfin, en 1942, elle fut transférée à la communauté ukrainienne qui lui donna le nom de Saint Vladimir-le-Grand (958-1015) souverain de la principauté de Kiev qui convertit son pays au christianisme.
Sur le côté de cet édifice, côté boulevard Saint Germain existe un petit square qui fut autrefois appelé de la Charité. Entre le XIIIe siècle et le XVIIIe, il y avait à cet endroit un cimetière dédié tour à tour aux pestiférés, aux protestants et finalement aux catholiques jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un jardin.
Dans ce petit espace vert, on trouve deux bustes, l'un consacré à René Laennec, médecin célèbre pour avoir inventé le stéthoscope et de ce fait, l'inventeur du diagnostic médical par auscultation. La sculpture est due à René Quillivic (1879-1969).
L'autre représente Tarass Tchevchenko (1814-1861) poète, peintre et opposant au tsar ukrainien. Il s'agit d'une des figures nationales les plus importantes en Ukraine. Né serf, il fut pris en charge par un peintre de renom, Karl Briullov qui racheta sa liberté en 1838. Ayant comploté dans une organisation secrète contre la destruction de la culture ukrainienne, il fut enrôlé de force dans un régiment du type disciplinaire, très dur. Il y resta dix ans. Finalement libéré, il dut attendre encore deux ans avant de pourvoir revenir en Ukraine pour un court séjour. Il mourut en 1861 à Saint Petersbourg.
L'installation de son monument fut un sujet de polémique. En effet, la diaspora ukrainienne envisageait d'honorer son héros national par l'érection d'une sculpture à sa gloire. Elle se fit doubler par l'ambassade soviétique à Paris. La mairie de Paris donna finalement son autorisation à cette dernière qui installa en 1978 un buste du sculpteur Mykhailo Lyssenko (1906-1972). Quelques manifestations soutenues par des intellectuels eurent lieu, sans résultat. Au final, aujourd'hui l'effondrement de l'empire soviétique a apaisé les esprits et le square Chevchenko est devenu un lieu de rendez-vous des Ukrainiens de Paris.
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