Rue Garancière, 6ème arrondissement.
Cette rue monte doucement depuis la rue Saint Sulpice derrière l'église du même nom, pour aboutir rue de Vaugirard, devant le palais du Luxembourg.
Son nom lui vient d'un hôtel particulier qui s'y trouvait, lui-même ayant pu tirer son nom d'une teinturerie spécialisée dans la garance (cf. J.Hillairet, Connaissance du vieux Paris).
Cette rue est liée à nombre de célébrités de toutes sortes.
Le début est un peu sombre, à l'ombre du chevet de l'église Saint-Sulpice.
Mais dès le n°3, on découvre un charmant petit hôtel particulier qui fut occupé de 1914 à 1954 (d'après une plaque apposée sur le mur) par Francisque Gay, éditeur, député et ambassadeur. C'est aujourd'hui un hôtel quatre étoiles pour voyageurs.
On ne peut éviter de jeter un coup d'oeil à la monumentale église dont le chevet en impose dans ces ruelles étroites. La chapelle de l'Assomption qui jouxte est sommée d'un pélican de bronze, symbole du sacrifice extrême.
"Lorsque le pélican lassé d'un long voyage, dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux..."; Alfred de Musset (la suite ici)
En continuant la montée, on rencontre au n°4 un autre hôtel particulier. Il date de 1624, et a abrité les Filles de la Société de la Vierge. Plus tard, en 1754, c'est là que le célèbre Diable Boiteux a vu le jour : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque, député, ministre à travers quatre régimes successifs et pour finir ambassadeur de France sous Louis-Philippe Ier. Quelle vie! Quel homme!
En continuant toujours, on se trouve devant le n°8: l'hôtel de Sourdéac. Il fut construit vers 1640 par l'architecte Bobelini, pour René de Rieux, évêque de Léon en Bretagne. Il passa au neveu de celui-ci, Guy de Rieux, seigneur de Sourdéac. C'est ici, qu'Adrienne Lecouvreur (voir ici 16, rue Visconti) aurait fait ses débuts en mars 1717. Cet hôtel servit de mairie à l'ancien XIe arrondissement de 1818 à 1849. Il est aujourd'hui la propriété de l'éditeur Plon et ce depuis 1854.
Encastrée dans la façade du n°12, une fontaine fut érigée en 1715 par les soins de la princesse Palatine, Anne de Bavière, veuve du détestable Henri de Bourbon-Condé.
En face, au n°9, apparaît l'arrière de l'hôtel du Nivernais ouvrant sur la rue de Tournon. Au n°11, c'est le Petit-Hôtel du Nivernais, qui devint la propriété de la famille Thureau-Dangin dont un des membres fut secrétaire perpétuel de l'Académie Française.
Et nous arrivons au n°17 qui comporte plusieurs mascarons représentant les saisons tandis que celui du porche d'entrée figure Hercule.
Arrivé en haut de la montée, pour atteindre la rue de Vaugirard, il faut passer sous une voûte reliant deux bâtiments qui sont des dépendances du Petit-Luxembourg. Cette construction date de 1709 et est l'oeuvre de l'architecte Germain Boffrand pour la Princesse Palatine déjà citée. Elle est ornée de statues insérées dans des niches.
Une dernière curiosité toute proche : sous les arcades d'un des bâtiments de Boffrand, scellé dans un mur, on peut découvrir un mètre étalon que la Convention avait fait placer pour la généralisation du système métrique entre février 1796 et décembre 1797. Il y en avait seize dans Paris, et il n'en reste plus que deux, celui-ci qui n'a pas changé de place et un autre, place Vendôme.
Bonjour,
RépondreSupprimerEt merci pour vos précieuses informations. Auriez-vous d'autres notices (datation, hypothèses iconographiques) sur les sculptures ornant l'arcade de Germain Boffrand par hasard ?
Merci.
Cordialement,
Margherita Cavenago