Cet enclos de verdure est cerné par des rues relativement peu fréquentées par la circulation. Placé devant l'entrée de la Bibliothèque Nationale, il occupe l'emplacement où jadis se trouvaient deux hôtels appartenant, l'un au marquis de Louvois et à ses descendants, l'autre au cardinal de Coislin puis au chancelier de Miromesnil. Pendant la Révolution, on démolit ces deux hôtels et on construisit à la place le Théâtre National. Il y resta jusqu'en 1820 après avoir reçu la troupe de l'Opéra.
Le 13 février 1820, un ouvrier sellier du nom de Louis Pierre Louvel, bonapartiste, poignarda le duc de Berry venu assister au spectacle donné à l'Opéra. En 1820, c'était Louis XVIII qui était le roi et il n'avait pas d'enfant. Son neveu, Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, fils du comte d'Artois (futur Charles X), était le dernier descendant direct de la dynastie des Bourbons. L'assassin espérait éteindre la dynastie par ce meurtre, mais au mois de septembre, la duchesse de Berry mit au monde un garçon que les royalistes surnommèrent l'enfant du miracle. Duc de Bordeaux, puis appelé comte de Chambort, il mourut en 1883, sans postérité et après avoir perdu le trône en 1871, dans son intransigeance à vouloir garder le drapeau blanc des Bourbons.
Cet espace vert créé en 1834 est entouré d'immeubles qui ne présentent pas d'intérêt particulier, mais possède en son centre une belle fontaine conçue en 1844 par Louis Visconti (1791-1853) l'architecte de la fontaine Saint-Sulpice (de la même époque, voir ici).
Cette fontaine monumentale est ornée de quatre figures féminines représentant de grands cours d'eau français.
Il y a la Loire, la Seine, la Garonne et la Saône. Des quatre, quelle est celle qui est la moins pudique? Pour moi, c'est la Loire dont la tenue fort légère est par ailleurs la plus érotique.
Le bassin supérieur est entouré de mascarons entre lesquels on peut voir les symboles du zodiaque.
Sous ce bassin des tritons mythologiques chevauchent des dauphins qui ne le sont pas moins .
Entre autres rues qui aboutissent ou qui encadrent cette place, il y a la rue Chabanais, qui accueillait entre 1878 et 1946, la plus sélecte des maisons closes de Paris, le Chabanais. Cet établissement recevait les plus hautes personnalités du monde entier en visite en France. Le roi Edouard VII y eut ses habitudes (voir ici) et bien d'autres. On raconte que lors de l'exposition universelle de 1889, la visite des officiels au Chabanais était dissimulée sous l'intitulé "visite au président du Sénat". Cette maison était au n°12.
Dans cette rue actuellement occupée par de nombreux restaurants japonais, Eugène Violet-le-Duc vit le jour le 27 janvier 1814. Il était le fils d'Emmanuel Viollet-le-Duc, écrivain qui était aussi bibliophile et qui fut un des créateurs de la Bibliothèque Elzévirienne. Eugène Viollet-le-Duc génial architecte, fut à l'origine de la restauration de nombreuses cathédrales et nombreux châteaux dont les plus célèbres sont Notre-Dame de Paris et la cité de Carcassonne. Fortement contesté par certains, on lui doit malgré tout, la survivance d'une grande partie du patrimoine de la France.
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