jeudi 13 février 2014

RUE DE BRAQUE - PARIS 3e arrondissement.

Voici une rue qui ne paye pas de mine, à priori. Elle est courte, étroite et un peu sombre. Elle recèle pourtant des trésors.
Elle se nommait jadis rue des Boucheries-du-Temple parce qu'elle abrita à partir de 1182, une boucherie qu'avait établie l'ordre du Temple dont la commanderie était voisine. Elle prit ensuite le nom de la famille de Braque, propriétaire du quartier au XIVe siècle.
Les numéros 4 et 6 concernent l'hôtel Le Lièvre ou de la Grange construit en 1663 puis reconstruit en 1748 pour la famille du même nom. Le marquis de la Grange, par ailleurs Maréchal de Camp, gouverneur de Brie-Comte-Robert (sic), l"avait hérité de son père. Le dit marquis partagea la propriété en 1740 avec sa soeur Madame Joly de Fleury.
Je ne sais pas à quel Joly de Fleury cette dame était mariée; ils étaient cinq, le père et ses quatre fils, vivant à l'époque de cette cession de propriété. J'attire simplement l'attention sur un des fils, Joseph Omer Joly, fervent adversaire des encyclopédistes et de l'inoculation antivariolique en vogue en Angleterre et premier balbutiement de la vaccination. Voltaire ne manquait jamais de faire des bons mots sur lui. Il l'appelait "petit singe à face de Thersite" ou disait qu'il n'était "ni Homère, ni joli, ni fleuri".
Pour en revenir à l'hôtel, il est remarquable par sa double façade, ses portails ouvragés et ses balcons soutenus par des têtes sculptées (d'un côté des visages de vieillards, de l'autre des têtes de boucs).
Il semble que l'intérieur possède un bel escalier, un plafond peint par Le Brun, etc..
                   

               



 En face, sous le numéro 7, s'ouvre le petit hôtel de Mesmes qui fut habité par Charles Gravier, comte de Vergennes, ministre des Affaires Étrangères de Louis XVI et qui fit reconnaître l'indépendance des États-Unis par l'Angleterre. A l'origine, le bâtiment faisait partie du gigantesque hôtel de Montmorency, demeure d'Anne de Montmorency, connétable d'Henri II. Jean Antoine de Mesmes acquiert l'ensemble avant de le revendre séparément au comte de Vergennes.

On ne peut manquer de parler d'un hôtel qui n'est pas dans cette rue, mais qu'on découvre de loin en la parcourant. Il s'agit de l'hôtel de Clisson qui se trouve sur la rue des Archives (ancienne rue du Chaume).
Olivier V de Clisson (1336-1407), connétable de France était surnommé le Boucher à cause de sa cruauté envers ses ennemis. Cet homme de guerre, fils d'Olivier IV, lui-même connétable, eut une vie bien remplie partagée entre ses allégeances versatiles, au roi d'Angleterre, au duc de Bretagne ou au roi de France. Entre 1372 et 1375, il fit construire cette demeure parisienne. C'est un des plus anciens vestiges du passé à Paris. L'hôtel appartint à d'autres familles illustres de l'Histoire de France : les Albret d'abord, puis les Guise à partir de 1553. A cette occasion, Marc Antoine Charpentier musicien attaché à leur service y demeura de 1670 à 1688.
A gauche, les armes des Guise.
A droite, sans doute une branche apparentée
          

Aujourd'hui, il ne subsiste que ce portail monumental, annexé à l'hôtel de Soubise, devenu le conservatoire des Archives Nationales.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire