Il faut citer tout d'abord celle qui est située au 3 de la rue Volta dans le IIIe arrondissement. Jacques Hillairet dans son livre "Connaissance du Vieux Paris" défend qu'il s'agit de celle-ci. D'après lui, elle daterait des environs de 1300 soit sous le règne du roi de fer, Philippe VI le Bel. Cependant, si on le cite : "Sans qu'aucun texte ne puisse permettre de l'affirmer, on est fondé de penser que la plus vieille maison de Paris fut,..., la demeure du bailli du domaine seigneurial du prieuré de Saint Martin des Champs". Donc, lui-même reconnait qu'il n'a aucune preuve de ce qu'il avance.
Or, depuis 1979, des historiens, dont Martine Dubois et Jean-Marie Pérouse de Montclos, disent qu'elle n'aurait été construite qu'entre 1644 et 1654.
C'est un certain Benjamin Dally qui l'aurait fait construire puis qui l'aurait revendue en 1654 après son veuvage. Pourquoi a-t-elle cet aspect si proche des caractéristiques médiévales? ¨Peut-être le constructeur éprouvait-il de la nostalgie, certes peu courante à cette époque, pour le Moyen-Age.
Deux autres maisons revendiquent l'honneur d'être les plus anciennes de Paris: celles qui se trouvent aux numéros 11 et 13 rue François Miron dans le IVe arrondissement. Cette fois, c'est la "pelle à tarte" (panneau touristique) qui prétend qu'elle pourraient dater du XIVe siècle.
Elles sont dites à l'enseigne du Faucheur et du Mouton et font le coin avec la rue Cloche-Perce qui par son nom même, mériterait un détour.
Il est plus vraisemblable que ces deux belles maisons datent du XVIe siècle. Elles furent recouvertes de plâtre au XVIIe siècle sur ordonnance royale, pour limiter les risques d'incendies. Des travaux en 1967, leur rendirent leur aspect originel.
La rue Cloche-Perce devrait son nom à une enseigne représentant une cloche percée, à moins qu'elle n'ait été peinte en bleu perse.
En fait, la maison considérée quasi unanimement comme la plus ancienne est au 51 rue de Montmorency. Et elle a une histoire intéressante puisque c'était la maison de Nicolas Flamel (~1340-1418). Cet homme dont la notoriété a traversé les siècles, était libraire-juré et tenait boutique non loin. Il fut d'abord établi écrivain public contre l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie, puis libraire dans une rue qui porte aujourd'hui son nom. Sa renommée lui vint d'une grande aisance matérielle qui fit soupçonner qu'il se livrait à l'alchimie et qu'il avait réussi la transmutation du plomb en or. En fait, il est plus vraisemblable qu'il ait épousé une femme qui déjà deux fois veuves, possédait une solide fortune. Elle s'appelait Pernelle et mourut en 1397.
Quoiqu'il en soit, la maison de la rue de Montmorency fut construite en 1407. Là, Nicolas hébergea de pauvres gens au premier étage sans autre obligation que de dire des prières chaque matin pour les trépassés.
Il fit inscrire la phrase suivante au dessus des fenêtres du rez-de-chaussée :
"Nous homes et femes laboureurs demourans au porche de ceste maison qui fut fée en l'an de grâce mil quatre cens et sept, somes tenus chacû en droit sou dire tous les jours une pastenotre et un ave maria en priant Dieu que sa grâce face pardô aus povres pescheurs trespassez. Amen".
Les piliers sont ornés d'images gravées dans la pierre. On remarque des initiales qui sont semble-t-il celles qu propriétaire. Les autres dessins sont évidemment d'inspiration religieuse.
Notons que la vie de Nicolas Flamel est contemporaine d'une époque particulièrement troublée. Né peu avant la bataille de Crécy (1346), il survécut à la grande peste (1348), vécut sous le règne de Charles VI dit le fol. L'année où sa maison fut construite, le duc Louis d'Orléans fut assassiné, ce qui entraîna la France dans une guerre profonde et une anarchie totale. Il mourut trois ans après la défaite d'Azincourt où la chevalerie française fut écrasée une nouvelle fois. Pourtant il semble que cet homme ait eu une vie aussi heureuse que possible.
Aujourd'hui, c'est un restaurant qui occupe sa maison.
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