Le XVe siècle a été un des plus sombres de l'histoire de la France avec son cortège de guerres et d'exactions commises par les armées de tout bord ou par la soldatesque livrée à elle-même quand il y avait des trêves. A côté de cet aspect sombre, ce fut une période d'intense création et d'essor artistique grâce à l'influence de la Renaissance Italienne et à des mécènes tels les ducs de Bourgogne, le duc Jean de Berry, ou René d'Anjou.
A la fin de ce siècle, c'est-à-dire à partir de 1485, l'abbé de Cluny (en Bourgogne) déjà propriétaire d'un pied-à-terre à cet endroit, décida de rebâtir un hôtel plus grand pour recevoir les dignitaires du monastère en voyage à Paris.
C'est un bâtiment construit en pur gothique flamboyant civil. Deux ailes formant un L sont réunies par un mur crénelé. Derrière se trouve la chapelle.
A l'intérieur, la cour présente une tour-escalier et une galerie où s'ouvrent cinq élégantes arcades. Les fenêtres sont surmontées d'ornements où on peut voir les armes de Jacques d'Amboise, le fameux abbé qui fit construire l'hôtel tel qu'on le voit aujourd'hui.
A l'arrière, il y a la chapelle et le jardin qui reçoit parfois des expositions d'art contemporain tout à fait incongrues dans ce lieu.
L'hôtel de Cluny resta la propriété des abbés de ce monastère jusqu'à la Révolution. Plusieurs hôtes de marque y furent reçus.
Comme par exemple, la jeune Mary d'Angleterre veuve du roi de France Louis XII. Elle avait 18 ans, lui 52 (hé,oui!). Il était désespéré de ne pas avoir d'héritier mâle. Quand il se retrouva avec une si jeune femme, il crut pouvoir espérer lui faire un garçon. On dit qu'il s'y employa avec tant d'ardeur qu'il y perdit la vie. En effet, il mourut moins de trois mois après s'être remarié. On garda la jeune reine pendant 40 jours, dans l'hôtel des abbés de Cluny pour vérifier qu'elle ne portait pas un enfant du roi. De son côté, elle était amoureuse d'un favori de son frère Henry VIII d'Angleterre : Charles Brandon, duc de Suffolk. François Ier, le nouveau roi de France convaincu qu'elle n'était pas enceinte, la renvoya bien vite en Angleterre après qu'elle se fut mariée avec son amoureux.
Le roi d'Ecosse Jacques V fit aussi un séjour ici en 1536. Et puis des nonces du pape et d'autres personnes de différentes qualités.
A la Révolution l'hôtel fut vendu comme bien national. Plus tard, Alexandre de Sommerard, grand amateur d'objets médiévaux l'habita et le remplit d'oeuvres variées de cette époque. C'est la l'origine de la vocation actuelle du bâtiment devenu Musée National du Moyen-Age en 1844.
Au bout du jardin, passe le boulevard Saint-Germain. Lors de son percement en 1858, on supprima le rue du Foin-Saint-Jacques et du même coup un hôtel particulier dit de Marle ou aussi maison de la Reine Blanche. On ignore de quelle reine blanche il s'agit. En effet, la maison ayant été construite au XVIe siècle, les reines veuves qui ont porté le deuil en blanc pourraient être Marie Stuart (veuve de François II), Elisabeth d'Autriche (veuve de Charles IX) ou de Louise de Lorraine (veuve de Henri III). Les autres, Anne de Bretagne ou Catherine de Médicis avaient pour leur part, choisi le noir.
Tout ne disparut pas, puisque cette porte fut sauvée et appliquée sur la façade est de l'hôtel de Cluny. Elle est même classée comme monument historique.
En face donnant sur la rue de Cluny, un vestige de mur porte une plaque qui nous apprend qu'il est le seul élément restant d'un couvent du XIIIe siècle où étaient installés des moines Trinitaires ou Mathurins.
Un lieu magique, qui au demeurant fait écho à plusieurs merveilles dijonnaises que tu connais aussi. Et dont le nom nous rappelle d'autres merveilles !
RépondreSupprimerOui, cela fait partie des endroits incontournables de Paris.
SupprimerEt en plus, effectivement, ça rappelle d'autres lieux merveilleux qui prendront place sur ce blog un jour ou l'autre.