mardi 14 octobre 2014

SQUARE GEORGES CAÏN - PARIS - IIIème arrondissement.

Au printemps 1871, Paris sort d'un siège épouvantable. Après l'armistice signé en janvier, certains membres du peuple parisien se sentent frustrés par la majorité élue au parlement qui ne leur est pas favorable. C'est le problème de la démocratie: on n'est content de la majorité élue que quand c'est celle qu'on a soi-même choisie. Et encore, pas toujours! L'insurrection prend forme en mars. C'est le début de la Commune de Paris qui met en place de nouvelles mesures très sociales.
Adolphe Thiers à la tête d'une armée importante se lance dans la restauration de son pouvoir. Il se trouve cantonné à Versailles, tout un symbole. La Commune avec son armée dérisoire non formée au combat ne peut résister aux Versaillais bien entraînés.
Le 21 mai, ceux-ci entrent dans Paris. C'est le début d'une répression sans merci qu'on a appelé la semaine sanglante.
Les Communards résistent et par dépit ou par désespoir, certains vont commettre des actes stupides mais chargés de symbole.
Le 22 mai 1871, un groupe de communards dirigé par Jules Bergeret, après avoir organisé une fête dans le Palais des Tuileries y amène des produits inflammables, arrose de pétrole les murs et les planchers et met le feu. Tout de suite, le palais devient un immense brasier et la poudre disposée dans le pavillon central explose faisant s'écrouler le dôme. L'incendie dure trois jours.
Le 24 mai, c'est le tour de l'Hôtel de Ville et d'autres édifices comme le Palais d'Orsay, le Palais de Justice, le Palais Royal, le Palais de la Légion d'Honneur.
Cela se termina le 28 mai par des massacres épouvantables dus à la bêtise haineuse de deux partis aussi irréductibles l'un que l'autre. Evidemment, ce sont les Communards qui payèrent le plus lourd tribut avec des milliers de tués et de bannissements.
Après toutes ces horreurs, la vie reprit son cours. On repeupla Paris en faisant appel à des provinciaux. Mais que fallait-il faire des ruines laissées par les incendies?
Après d'interminables discussions et tergiversations, le Palais des Tuileries fut définitivement détruit en 1883 ne laissant que les pavillons de Flore et de Marsan qui aujourd'hui terminent les ailes du Louvre.
De son côté, l'Hôtel de Ville est reconstruit dès 1874 en copiant largement l'aspect extérieur de l'ancien.

En 1923, à la place des jardins de l'hôtel Le Pelletier de Saint Fargeau, donnant sur la rue Payenne dans le IIIème arrondissement, fut créé un square qu'on nomma en l'honneur d'un artiste qui fut aussi conservateur du musée Carnavalet voisin : Georges Caïn.
Le lien avec ce qui précède? C'est dans ce square et aussi dans celui d'à côté, le square Léopold Achille qu'on disposa un certain nombre de vestiges des deux bâtiments que je viens d'évoquer. Il n'y a malheureusement aucune explication muséographique.
Néanmoins, on sait que le plus spectaculaire des vestiges est le fronton de l'horloge du Palais des Tuileries et les deux colonnes qui le soutiennent. Entre ces deux colonnes figure une sorte de médaillon encadré par deux personnages dont un ange. En fait, cette dernière sculpture provient du château de Saint Germain-en-Laye et date de Louis XIV.



 Autour, on peut voir des rosaces qui se seraient trouvées au plafond de l'Hôtel-de-Ville.
A côté de ces rosaces, il y a aussi différentes pièces ornementales dont on ignore la provenance.




Egalement, disposés au fond du square on peut voir plusieurs vestiges non identifiés (espérons qu'ils le savent au musée Carnavalet!).
 


Sur la gauche du square s'élève l'ancienne orangerie de l'hôtel Le Pelletier de Saint Fargeau qui abrite aujourd'hui une collection lapidaire du musée Carnavalet. Au fronton de ce bâtiment une sculpture représente la Vérité tenant un miroir qui jadis était orienté vers une figure de vieillard située au dos de l'hôtel. La symbolique de cet aménagement évoquait le Temps destructeur.



Au centre du square, un massif de fleurs entoure une statue d'Aristide Maillol malicieusement vivante dans ce cimetière de sculptures. Elle est tantôt appelée l'Ile-de-France et tantôt l'Aurore. Cette statue en a remplacé une autre due à Laurent Magnier (1615-1700) qu'on trouve encore mentionnée sur certains sites officiels comme celui de l'office du tourisme de Paris (un comble!).

N.B. : Il est aussi annoncé une installation d'art contemporain intitulée le Rossignol de Heinz, mais elle brille par son absence.




Juste à côté se trouve le square Léopold Achille. Ce nom est celui d'un ancien conseiller municipal du troisième arrondissement.
Là aussi on peut admirer deux vestiges qui proviendraient de l'Hôtel-de-Ville : une statue de la déesse romaine Pomone et une sorte d'alcôve voûtée décorée de quatre salamandres et de quatre "F", insignes du roi François Ier.
 

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