L'histoire des Augustins Déchaussés n'est pas banale.
En 1608, la reine Margot revenue à Paris depuis trois ans, s'est installée dans un hôtel de la rue de Seine (actuel VIe arrondt). En accomplissement d'un voeu, elle fait bâtir dans la cour de sa demeure, une chapelle des Louanges. Là, quatorze pères se relayant deux par deux toutes les heures doivent chanter les louanges de Jacob sur des musiques que la princesse a composées.
Cette situation ne dura guère. Après cinq ans, Marguerite chassa les moines parce qu'elle trouvait qu'ils chantaient faux et les remplaça par des Petits-Augustins. Cette demeure deviendra à la Révolution, d'abord le Musée des Monuments Français, puis l'Ecole des Beaux-Arts.
Mais que devinrent les moines sans logis? Louis XIII les prit sous sa protection et leur donna en 1628 une terre sur la rive droite de la Seine. Ils y construisirent un vaste monastère dont la chapelle devint l'église Notre-Dame des Victoires.
Celle-ci construite entre 1629 et 1750 a été consacrée en 1836 au Coeur Immaculé de Marie. Elle renferme de nombreux ex-voto. Les murs sont couverts de remerciements sur plaques de marbre. Il y en a jusque sur les contre-marches des excaliers menant aux chapelles latérales.
Aujourd'hui, plusieurs maisons situées sur cette place attirent le regard, telle cette curieuse Maison Bleue qui abrite un salon de coiffure. La statue de Vierge qui la surplombe montre qu'il y avait là un magasin d'objets de culte comme celui qui est à côté. La boulangerie aussi semble avoir pris un nom conforme à l'ambiance générale.
En fait, cette boulangerie fait partie d'une chaîne d'établissements ouverts dans des boutiques anciennes dont l'origine est le 105, rue Vercingétorix dans le 14e arrondissement. Celle qui nous intéresse ici est remarquable par ses céramiques colorées et son plafond décoré de fleurs.
Il faut ajouter qu'on y trouve aussi d'excellentes viennoiseries de première qualité.
De beaux immeubles bordent cette petite place, tel celui qui fait le coin avec le passage des Petits-Pères et qui sert d'annexe à la mairie du IIe arrondissement; ou celui qui se trouve au débouché de la rue qui répond au nom évocateur de Vide-Gousset.
Un autre immeuble a une toute autre histoire puisqu'il fut construit pour l'entreprise internationale Louis-Dreyfus, fondée en 1851 par Léopold-Louis Dreyfus. Sous le régime de Vichy, il abrita le commissariat général aux questions juives chargé d'appliquer les lois antisémites de l'Etat Français.
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