Si le poulet a beaucoup contribué à la célébrité de la Bresse, on ne saurait se contenter de limiter cette région à la production de volaille.
ROMENAY
En effet, il existe de nombreux exemples culturels dans ce beau pays, tel le village de Romenay et ses particularités.
Certes, l'arrivée sur cette grande place, ne permet pas vraiment d'éprouver un choc artistique.
Mais grâce à ce plan, il est très facile de découvrir les beautés que réserve le village.
Et on a tôt fait de faire de belles découvertes.
En commençant par exemple par la mairie qui est installée dans l'ancien château des évêques de Mâcon qui étaient également barons de Romenay. C'est un bâtiment du XVIIIe siècle en forme de U, en face duquel a été installée une sculpture représentant l'animal fétiche de la région.
Juste en face, la Grenette, qui pourrait dater de 1603 et qui n'est autre que le bâtiment des anciennes écuries du château.
C'est aujourd'hui la médiathèque municipale, mais La Grenette a conservé son toit pointu et sa cloche qui servait à annoncer l'ouverture des foires.
En poursuivant la promenade, on peut voir cette jolie fontaine autour de laquelle se tenait autrefois le marché aux volailles.
Il parait qu'un des secrets pour obtenir de beaux poulets est de les faire sortir tôt le matin. Ils peuvent alors se régaler des vers de terre qui ont profité de la fraîcheur nocturne pour sortir.
C'est ensuite que l'on découvre ce qui fait le véritable caractère de Romenay : ses maisons de briques datant des XVe et XVIe siècles.
Et tout d'abord, la maison du lieutenant-juge. Un lieutenant-juge était un représentant du seigneur chargé de régler les litiges entre habitants et aussi de lever les impôts. Cette très belle maison est donc construite en ce qu'on appelle ici des carrons c'est-à-dire de grosses briques qu'on fabriquait dans une carronière (voir plus bas les explications concernant Saint-Trivier).
L'église se trouve juste à côté et est construite elle aussi en partie en carrons. Construite au XIIe siècle, elle eut à subir de nombreuses destructions et remaniements dus aux guerres seigneuriales, de religion et à la Révolution. Ainsi, le clocher démoli durant cette dernière période ne fut reconstruit qu'en 1866.
Elle comporte deux beaux portails dont l'un de style roman est en pierre rose de Préty.
Plus loin, une curieuse maison attire le regard. Elle semble brisée à la hauteur du premier étage. C'est la Maison Penchée. Elle est dans cet état depuis des siècles à cause de la Vouivre. Cette créature diabolique est, parait-il, mi-femme, mi-vipère. Un jour, alors qu'un mariage était fêté dans la maison qui n'était pas encore penchée, une jeune femme d'une beauté surnaturelle se mit à danser et entraîna le jeune marié dans sa danse effrénée. Elle l'aurait rapidement détourné de sa jeune épousée, mais un valet qui faisait le ménage sous la table aperçut la queue de la Vouivre qu'elle dissimulait sous sa robe. Il alerta l'assemblée et la créature furieuse d'être découverte donna un violent coup de queue dans la poutre maîtresse de la maison et la brisa. La fin de l'histoire ne dit pas si le jeune marié fut plus heureux avec sa femme légitime qu'il aurait pu l'être avec la Vouivre qui lui aurait fait connaître les plaisirs délicieux et impurs précédant la damnation.
Aujourd'hui, c'est un artiste peintre, Gérard Jaquet qui habite la maison qui fut aussi autrefois un cabaret.
En continuant vers l'Est, que trouve-t-on? La porte d'Orient, bien sûr. Faisant pendant à la porte... d'Occident, elle est l'un des vestiges des murs qui entouraient jadis la ville.
En suivant la rue du Colonel Pagant, on découvre l'autre porte. Celle-ci faillit disparaître en 1824. En effet, la ville s'agrandissait et le conseil municipal décida qu'il fallait abattre toutes ces vieilleries qui gênaient la circulation. Une dame, Madame Gonet, propriétaire d'un coté de la porte refusa l'indemnité de dédommagement, ce qui bloqua la procédure de démolition. Finalement, un nouveau conseil municipal abandonna le projet.
En suivant la Grande Rue, on peut trouver d'autres belles maisons dont celle-ci qui abritait le corps de Garde. Les maisons qui étaient adossées aux remparts avaient la charge d'assurer la première défense de la ville en cas d'attaque.
Face à la grande place citée plus haut, se trouve un musée installé dans une ancienne ferme typiquement bressane: le Champbressan. Cette maison datant des XVIIIe et XIXe siècles est faite en colombages comblés de clayonnages et de torchis. Elle est équipée d'une cheminée sarrasine caractéristique de la Bresse.
Concernant la ferme bressane, cliquer ici pour voir un exemple remarquable.
SAINT-TRIVIER-DE-COURTES
La Bresse est divisée en trois parties en fonction de l'Histoire et des dominations subies au cours des siècles. Il existe une Bresse Jurassienne, une Bresse Bourguignonne et une Bresse Savoyarde. Cette dernière est ainsi nommée du fait qu'en 1272, Amédée V, futur comte de Savoie épousa Sybille de Bâjé titulaire de la seigneurie de la partie sud de la Bresse. On retrouve plus ou moins les différentes subdivisions de la région dans le découpage départemental.
Le village de Saint-Trivier bien qu'il se trouve dans un autre département et surtout dans une autre partie de la Bresse est très lié à Romenay parce que c'est ici qu'on fabriquait les carrons dont il a été question plus haut.
Il est rapporté que le duc de Bourgogne (peut-être Charles le Téméraire) aurait commandé 250000 carrons à la carronière de Saint-Trivier pour construire Romenay.
Pour fabriquer des carrons (ou des tuiles), on prélevait la terre (mélange de marne, glaise et sable gras) et on la laissait sécher. Ensuite à l'aide d'une grande roue manoeuvrée par un cheval ou un boeuf, on écrasait les mottes. On mouillait cette terre jusqu'à obtenir une pâte souple qu'on mettait dans des moules et qu'on laissait sécher pendant des semaines dans le hangar de la carronière. Venait ensuite la cuisson qui pouvait prendre plusieurs jours en raison du très long refroidissement nécessaire .
Une carronière consistait en un très grand hangar dont la toiture descendait très bas et une tour qui abritait le four. Il n'y avait pas de fondation, une carronière pouvant être facilement déménagée afin de rester près de la zone d'extraction.
Évidemment, Saint-Trivier possède de nombreux bâtiments en carrons, à commencer par la mairie. Celle-ci est installée depuis 1900 dans un ancien grenier à grains qui servit à entreposer la dîme.
La fontaine surmontée d'une croix, quant à elle, date de 1825.
L'église est aussi construite avec des carrons. Elle est flanquée d'une belle fontaine datant vraisemblablement du XVIIIe siècle.
Il y avait aussi dans ce village une maison de charité, un hôpital-hospice destiné à recevoir les pauvres, les orphelins, les femmes seules ou les pèlerins sans le sou.
Le bâtiment que l'on voit aujourd'hui date de 1702 et fonctionna jusqu'en 1972 grâce à des religieuses de la congrégation de Saint-Joseph. Elles y firent même l'école aux filles pauvres jusqu'à l'ouverture de l'école publique.
Ce ne sont pas les seules maisons remarquables que l'on peut voir à Saint-Trivier.
Celle-ci est particulièrement extraordinaire avec sa galerie aux piliers de bois. Elle jouxte l'ancien chemin de ronde.
Derrière l'ancien hospice, on peut aussi voir un autre exemple de ferme typiquement bressane aux murs de torchis.
C'est beau !
RépondreSupprimerMerci! Nous avons eu le coup de foudre pour ces deux villages.
SupprimerDes articles toujours aussi complets et extrêmement bien écrits qui donnent envie d'y faire un tour le we. Merci pour cette recherche historique et pour ces très belles photos.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce commentaire flatteur.
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