dimanche 14 juin 2015

Square Alban Satragne et médiathèque Françoise Sagan - PARIS - Xème arrondissement.


Cet endroit qui se situe dans ce qui était la partie sud de l'enclos Saint Lazare, fut occupé par différents établissements dont le but commun était l'exclusion de ses habitants du reste de monde.  .
Tout d'abord, il y eut là une léproserie dont on ignore la date de fondation. Il est vraisemblable qu'elle ait été créée dans la première moitié du XIIe siècle car le roi Louis VII y passa un court séjour lors de son départ pour la croisade en 1147. Elle était placée sous la patronage de Saint Ladre ou Saint Lazare et il y avait là une ferme qui permettait aux habitants de subsister en autarcie.
Au XVIIe siècle, la lèpre ayant tendance à disparaître, le domaine fut cédé à la Congrégation de la Mission fondée par Saint Vincent de Paul. Les religieux de cet ordre prirent le nom du lieu et devinrent les Lazaristes
Le but de la congrégation était de venir en aide aux plus pauvres, ce qu'elle continua de faire jusqu'à la Révolution. Mais elle fut aussi un lieu de mise à l'écart pour les fils de famille qui se comportaient d'une manière peu conventionnelle.
La veille de la Prise de la Bastille, donc le 13 juillet 1789, des excités soupçonnant un dépôt de vivres et d'armes prirent d'assaut l'établissement et le saccagèrent.
Puis, les Lazaristes furent dispersés et l'établissement devint définitivement une prison et un hôpital carcéral pour femmes et cela jusqu'en 1935.


A gauche, la façade de la prison au début du XXe siècle.
A droite, arrivée de "pensionnaires" dans la cour de la prison dans les années 1890. On s'aperçoit de la diversité des origines sociales.
En effet, on y enfermait aussi bien les criminelles patentées, les prostituées, les endettées, les anarchistes, les jeunes filles rebelles, etc., mêlant aussi bien condamnées que prévenues ou présumées coupables.
Cet établissement a été de nombreuses fois vivement critiqué pour les conditions de détention qu'on réservait à toutes les malheureuses qui y étaient enfermées (pour plus d'informations sur cet univers carcéral, cliquez ici).
Entre 1932 et 1935, la prison fut fermée et devint alors un hôpital destiné à accueillir les prostituées supposées atteintes de maladies vénériennes. Cette destination dura jusqu'en 1975, puis l'hôpital poursuivit une mission plus généraliste et ne fut fermé qu'en 1998.


Aujourd'hui, l'ensemble connait une nouvelle vie; le square Alban Satragne a été ouvert et l'infirmerie de la prison a été transformée en médiathèque. Seule la chapelle n'a pas été modifiée.





La fontaine du square a été créée par Jean-Luc Giraud avec des décors inspirés de Joan Miro.
 

Par grosse chaleur, les pigeons apprécient de pouvoir y prendre un bain.


Devant la chapelle, une stèle en l'honneur de Saint Vincent de Paul a été installée et une plaque rappelle qu'il demeura là jusqu'à sa mort.







Ouverte depuis mai 2015, la médiathèque Françoise Sagan occupe les bâtiments de l'ancienne infirmerie de la prison Saint Lazare. Cette construction date de 1824 et est due à Louis-Pierre. Baltard (1764-1846), le père du Victor Baltard des halles.
   
La métamorphose a été préparée et mise en oeuvre par les architectes Stéphane Bigoni et Antoine Mortemard.
 Derrière ces bâtiments, s'ouvre une nouvelle cour qui conduit au Jardin de la Ferme-Saint-Lazare, puis à la place Léon Schwartzenberg.

Devant le square et donnant sur la rue du Faubourg Saint-Denis, un terre-plein engazonné a reçu deux statues de Cem Sagbil, un sculpteur turc né en 1958. L'une représente Hemera, déesse grecque primordiale du jour, l'autre représente l'Homme qui porte la lune.

Quelques mètres plus haut, un pigeonnier sert de chambre à coucher aux oiseaux dont la salle de bains est dans le square.

2 commentaires:

  1. Coup de coeur pour la fontaine de Jean-Luc Giraud et les décors du square. C'est tout à fait ce que j'aime : des couleurs dans la rue !
    Merci pour cette découverte et cet article sur l'histoire du lieu. Ca me donne envie d'aller voir par moi-même quand j'en aurai l'occasion !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour,
      Encore un coin de Paris riche de son passé et de son présent et qui mérite d'être mieux connu.

      Supprimer