Cette rue qui s'appelait autrefois rue de Boulogne a reçu finalement, le nom d'un architecte, Théodore Ballu (1817-1885) qui vécut à proximité, c'est à dire au 78 de la rue Blanche.
Il fut entre autres, grand prix de Rome en 1840, architecte en chef lors de la reconstruction de l'Hôtel-de-Ville, constructeur de l'église de la Trinité voisine ou de celle de Sainte Clotilde dans le VIIème arrondissement.
Avant le percement de cette rue en 1840, il existait une sorte de parc d'attractions appelé le Nouveau Tivoli où l'on s'amusait à toutes sortes d'activités comme le tir aux pigeons (à l'époque, c'étaient avec des vrais).
Plusieurs personnalités vécurent dans cette rue comme Alexandre Dumas Fils qui occupa le n°10.
Au n°6, Alfred Jarry en 1898, interpréta Ubu roi avec des marionnettes. C'était ici que se tenait le théâtre des Pantins dans l'atelier du compositeur Claude Terrasse.
En face, aux numéros 5 et 7, commence la Maison des Auteurs dépendance de la Société des Auteurs. Cette maison fut donnée aux Hospices de Chartres par un respectable ingénieur du nom de Narcisse Maugin (1820-1911).
Et en avançant de quelques mètres, on découvre au 11bis, l'hôtel particulier qui abrite la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques fondée par Beaumarchais en 1777. Le bâtiment date du Second Empire et a été acheté par la SACD en 1932. Auparavant, il fut occupé par le poète un peu oublié aujourd'hui Emile Blémont (1839-1927).
Dans la cour, on peut voir un très beau monument aux morts, oeuvre d'Albert Bartholomé (1848-1928) autour duquel on lit, bien sûr, le nom des disparus, mais aussi le nom des présidents de la société et d'autres membres éminents.
Les portes aussi sont intéressantes avec leurs lourdes et belles ferronneries.
Le bel immeuble à côté est la Maison des Pharmaciens et le siège de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France. L'immeuble n'est pas signé, mais on trouve sur un blog qu'il serait l'oeuvre de Jules Amoudrou en 1868. Il aurait été construit pour un artiste peintre qui y avait son atelier et une salle d'armes.
En face au n°20 une grille ouvre sur une cour avec un hôtel particulier. Dans la cour on peut voir une plaque qui rend hommage à la princesse de Rohan-Rochechouart décédée en 1841. On y voit également une sculpture mythologique qui représente dans un style classique, Calliope et Apollon accompagnés d'un enfant qui pourrait être Ialémos ou Hymen. Calliope est la muse de la poésie épique et de l'éloquence et elle aurait eu (ça dépend des auteurs), avec Apollon, deux enfants. Ialémos était la personnification du chant funèbre et Hymen celle du mariage.
En revenant sur le côté impair de la rue, on se trouve devant la Villa Ballu, au n°23. Ce fut une des nombreuses adresses parisiennes (il y en aurait une quinzaine) d'Emile Zola qu'il habita de 1877 à 1889 date à laquelle il s'installa rue de Bruxelles (voir ici). Après Zola, cette adresse fut aussi celle d'Edgar Degas.
La façade est divisée en deux parties, une partie très décorative avec son joli balcon dominant la porte en bois. De l'autre, l'entrée de la villa elle-même dans laquelle on pénètre par une longue voûte. Le tout est surmonté par une frise délicate en bas-relief.
Passé la voûte on pénètre dans une cour entourée de maisons ou plutôt d'hôtels particuliers cossus.
En revenant sur le côté pair, nous nous retrouvons face à un immeuble de briques et de pierres dont le style rappelle celui de pays plus nordiques avec son pignon imposant. Il est l'oeuvre de G.Dezermaux et date de 1891 comme il l'affiche fièrement en haut du pignon.
Avant d'arriver au bout de la rue Ballu, on peut jeter un rapide coup d'oeil à un immeuble qui occupe le n° 27. Il date de 1904, mais on en ignore le constructeur. Ce bâtiment qui pourrait avoir fière allure, manque malheureusement cruellement d'entretien et semble même avoir subi un incendie.
Au terme de la promenade, on arrive sur une petite place dédiée à une jeune musicienne trop tôt disparue qui se nommait Lili Boulanger (1893-1918). C'est ici qu'elle habita avec sa soeur Nadia à partir de 1904.
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